Et si on prenait la vie des Montréalais au sérieux?

Photo: Protectedintersection.com

Il n’existe pas de plan parfait ni d’aménagement miraculeux qui réduiraient à zéro le nombre de collisions entre les cyclistes et les automobilistes, dans une ville aussi dense que Montréal. On s’entend là-dessus.

Il existe, cependant, un juste milieu entre de pauvres lignes blanches peinturées au sol et des aménagements «d’autoroutes à vélo» comme ceux d’Amsterdam ou de Copenhague.

Ce juste milieu, de nombreuses villes nord-américaines l’ont défini, ces dernières années. Je pense, notamment, au Massachusetts Departement of Transport (MassDOT), qui a produit, l’an dernier, un guide portant spécifiquement sur la conception de pistes cyclables isolées du trafic, particulièrement pour la ville de Boston. Le guide traite de tous les aspects d’un aménagement réussi, de la largeur des pistes au design des intersections, à l’aménagement paysager, au traitement des eaux pluviales et aux possibles conflits avec les arrêts d’autobus.

Ce qu’on y présente ne suggère aucunement de s’engager dans une guerre contre les automobilistes et n’a rien à voir non plus avec un lobby d’extrême gauche qui souhaite refaire le monde. Les auteurs du guide restent simplement pragmatiques concernant l’aménagement de la ville afin de créer des environnements sécuritaires pour tous ceux et celles qui perçoivent le vélo comme une option pour garder la forme, réduire les gaz à effet de serre et éviter la congestion automobile.

Le guide propose, entre autres, de définir clairement les routes que doivent emprunter les piétons, cyclistes et automobilistes afin d’éviter toute ambiguïté sur le réseau routier, avec de la couleur au sol, des murets de béton et des zones tampons pour prévenir l’emportiérage. On suggère également de réduire la largeur des voies de circulation, lors de la réfection de grandes artères, pour libérer de l’espace pour les vélos. L’ajout de feux de circulation dédiés aux cyclistes et d’îlots de protection pour sécuriser les virages aux intersections s’inscrivent aussi dans les recommandations.

À Montréal, on reste encore frileux à implanter de telles mesures, même lorsque vient le temps d’éventrer des artères pour des travaux majeurs. Des rues comme Saint-Denis ou Jarry (chantiers en cours) seraient des candidates parfaites pour recevoir ce type de métamorphose, mais on ne le fait pas, préférant repousser les cyclistes vers d’autres liens cyclables.

Pendant ce temps, le réseau s’élargit à pas de tortue, exaspérant les cyclistes, qui se multiplient d’année en année. La saturation de certaines pistes, additionnée à une carence de liens nord-sud et est-ouest, les pousse à prendre des risques sur des axes comme du Parc ou d’Iberville, mettant constamment leur vie en jeu. Quand on ajoute le manque de civisme sur nos routes, la vitesse et les angles morts des camions, on obtient un cocktail explosif. On l’a tristement constaté à plusieurs reprises, ces dernières semaines.

Certes, on doit miser sur l’éducation et revoir le code de la sécurité routière, mais ce ne sera jamais suffisant. La vie des Montréalais dépend avant tout du design de nos rues.

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