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Entente avec Uber: une «honte» et une «trahison» pour les chauffeurs de taxi

Photo: Métro

Colère et consternation chez les chauffeurs de taxi suite à l’entente conclue entre Québec et Uber.

Benoît Jugand, le président du Regroupement des travailleurs autonomes métallos (RTAM) qui représente les chauffeurs, a qualifié l’entente de «honte» et de «trahison», au cours d’une conférence de presse.

Il a déploré que l’entente ait été conclue à huis clos, sans avoir consulté l’industrie du taxi. Il juge que l’entente, dont peu de détails ont filtré jusqu’à maintenant, créera un système à deux vitesses. Il n’est pas convaincu que les redevances que percevra Québec sur les courses d’Uber servira à compenser les chauffeurs.

«C’est une honte de la part de premier ministre Couillard d’avoir négocié cette entente telle quelle, sans consulter l’industrie du taxi, a-t-il martelé. Aujourd’hui, les chauffeurs de taxi de partout au Québec sont révoltés par l’attitude du gouvernement, et ça ne s’arrêtera pas la, je peux vous le garantir.».

Plusieurs chauffeurs ont signalé leur mécontentement aux médias, balançant injures envers Uber et le gouvernement en marge du point de presse, jeudi.

«Si ils veulent la guerre, ils vont l’avoir, a martelé le chauffeur Hassan Kattoua. Ils doivent me rembourser mon permis à la valeur d’avant l’arrivée d’Uber. Point final. Sinon, c’est la guerre.»

M. Jugand a affirmé qu’il serait prématuré de parler de moyens de pression, ajoutant qu’une rencontre sera organisée avec ses membres. Il a toutefois reconnu qu’il sera difficile de «contenir» la colère des chauffeurs.

Le maire de Montréal, Denis Coderre, a fortement rappelé qu’il ne tolèrerait pas de grabuge de la part des chauffeurs de taxi. «Je n’accepterais jamais que le gens se fassent justice soi-même, a-t-il suggéré. Je leur ai dit à plusieurs reprises, ils vont m’avoir dans le chemin.»

Le Comité provincial de concertation et de développement du taxi (CPCDIT) a dénoncé «l’égoïsme et la naïveté du gouvernement» dans un communiqué émis en après-midi.

«C’est inacceptable et nous ne le tolèrerons pas. Ils sont en train de tout simplement légaliser l’illégalité, a déclaré le porte parole Guy Chevrette. Ils seraient plus honnêtes de nous acheter nos permis, tout simplement. »

En point de presse à Québec, jeudi après-midi, le premier ministre Philippe Couillard a affirmé que les détails de l’entente seront connus sous peu. Il a toutefois laissé entrevoir que Uber devra payer ses taxes et impôts, que ses chauffeurs devront être assurés et que les véhicules devront faire l’objet d’inspections mécaniques régulières.

Il a rajouté que les redevances et cotisations payées par Uber seront versées dans un fonds pour la modernisation de l’industrie du taxi. Il n’a toutefois pas voulu préciser le montant de ces perceptions. Il n’a pas non plus confirmé l’implantation d’un plafond hebdomadaire de 50 000 heures de travail à Uber, information relayée par plusieurs médias et par des portes paroles de l’industrie.

«On ne la gardera pas secrète, l’entente, a-t-il assuré. On a devant nous une entente équitable qui prépare un terrain compétitif.»

Le premier ministre n’est pas convaincu que l’entente aura un effet sur les prix des licences de taxi. Il a indiqué que la période du projet pilote permettra de déterminer l’impact de l’entrée d’Uber dans le marché réglementé.

Dans un communiqué émis jeudi matin, le directeur général de Uber Québec, Jean-Nicolas Guillemette, n’a pas offert plus de détails sur l’entente, qui doit mettre en place un projet pilote d’un an sur les activités d’Uber dans la province.

«Alors que nous aurons besoin d’évaluer notre capacité à offrir un service de qualité pour les partenaires-chauffeurs et les utilisateurs sous ce nouveau projet pilote, nous avons décidé de continuer nos opérations pour le moment, a-t-il fait savoir. Dans les jours à venir, nous serons plus aptes à comprendre les impacts de ce projet pilote sur les utilisateurs, les partenaires-chauffeurs et le transport dans nos villes.»

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