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La crème de l’Ukraine à Montréal

Photo: Josie Desmarais/Métro


Cet été, les différentes communautés de Montréal convient la ville à célébrer avec elles leur culture. Métro a décidé de souligner leur apport à la vie de la métropole tout au long de la saison. Cette fin de semaine, l’Ukraine sera à l’honneur, alors que la petite, mais très dynamique communauté ukrainienne de Montréal invite la ville à venir découvrir sa culture dès ce soir, au parc de l’Ukraine.

Qu’ont en commun Roberta Bondar, première femme astronaute du Canada et première neurologiste à avoir atteint l’espace, et Wayne Gretzky, un des plus grands joueurs de l’histoire du hockey qui a soulevé 894 fois ses partisans en comptant autant de buts tout au long de sa carrière? La réponse: l’Ukraine.

Les deux sont en effet descendants d’immigrants ukrainiens venus au Canada au cours du dernier siècle. Leur histoire, et celle des centaines de milliers d’autres Ukraino-Canadiens vivant aujourd’hui au nord de l’Oncle Sam, remontent à la fin du XIXe siècle, alors que plus de 170 000 personnes quittent leur Ukraine natale pour venir s’établir dans les plaines canadiennes. Ce mouvement migratoire, initié en 1891, gagnera en importance à partir de 1896, après que le Canada eut sollicité les paysans d’Europe de l’Est à venir développer ce qui allait devenir le grenier de la confédération, soit les provinces du Manitoba, de la Saskatchewan et de l’Alberta.

Des 1 200 000 Canadiens d’origine ukrainienne habitant le Canada, seuls 2,6% vivent au Québec, principalement à Montréal. Malgré sa petite taille, la communauté ukraino-québécoise et ses 31 000 membres sont dynamiques et soudés, comme en fait foi le festival qu’ils organisent depuis maintenant 17 ans afin de partager leur culture avec l’ensemble de la métropole.

«Nous organisons ces festivités pour nous, mais aussi pour nos enfants. Ils doivent savoir qu’ils sont héritiers d’une richesse issue de deux cultures, québécoise et ukrainienne, lance Tetyana Tsomko, responsable des communications pour le festival ukrainien, qui prend son envol aujourd’hui, au parc de l’Ukraine. Nous ne sommes peut-être pas nombreux, mais nous sommes très unis.»

«En étant entre deux cultures, on devient citoyens du monde, porteurs du meilleur des deux terres!» – Tetyana Tsomko, responsable des communications du Festival ukrainien de Montréal

La douloureuse histoire du pays peut y être pour quelque chose. La Première Guerre mondiale qui éclate en Europe a des répercussions sur les immigrants ukrainiens installés au Canada. La Galicie et la Bucovine, deux régions d’où sont originaires la majeure partie du contingent d’Ukrainiens venus s’installer ici, est sous le contrôle de l’empire austro-hongrois, ennemi de la Triple-Entente dont fait partie l’empire britannique et duquel le Canada est un dominion, à l’époque.

Plus de 80 000 Ukrainiens n’ayant pas obtenu la citoyenneté canadienne seront considérés comme des «ennemis intérieurs». Ceux demeurant sur le territoire depuis moins de 15 ans seront privés de leur droit de vote et 5000 personnes, majoritairement des hommes, seront condamnées aux travaux forcés dans des camps de concentration mis en place par Ottawa.

Le Canada ne reconnaîtra qu’en 2005 l’internement de ces milliers de malheureux, dont plusieurs sont morts au cours de ce chapitre sombre de l’histoire canadienne.

L’immigration ukrainienne, interrompue pendant la Grande Guerre, reprend de plus belle à la fin du conflit. Le rideau de fer soviétique s’est déjà abattu sur le pays: il faut fuir, notamment, l’Holodomor du début des années 1930, soit une famine sciemment imposée à l’Ukraine par Staline pour briser la paysannerie nationaliste. Des millions de personnes en mourront.

L’histoire du pays, l’acteur québécois d’origine ukrainienne Sasha Samar l’a partagée sur les scènes du Québec avec Moi dans les ruines rouges du siècle, un récit personnel de son enfance passée là-bas jusqu’à son arrivée à Montréal. La pièce, chaudement applaudie, est venue enrichir le répertoire dramatique du Québec.

«Nous sommes Canadiens, bien sûr, mais nous n’oublions jamais nos origines, raconte Mme Tsomko, installée dans la métropole depuis 6 ans, après avoir été déçue par la Révolution orange qui ébranla Kiev, en décembre 2004. Montréal est une belle ville dont le multiculturalisme est la richesse.»

Et c’est par sa danse, sa musique, sa gastronomie – le fameux bortsch! – et sa mode que la communauté ukrainienne de Montréal entend le prouver cette fin de semaine.

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