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Don d’organes et greffe: En attente d’une deuxième naissance

Photo: Josie Desmarais/Métro

Environ 27 personnes résident en ce moment à la Maison des greffés Lina Cyr, à Montréal, en attendant une greffe d’organe. Métro a rencontré l’une de celles-ci à l’occasion de la Journée mondiale du don d’organes et de la greffe, qui a lieu ce lundi.

Ginette Dufour connaît bien la Maison des greffés. Son fils Michel y a séjourné pendant un an en 2009 et 2010, à 33 ans, pour une greffe des poumons. Six ans plus tard, c’est au tour de la mère d’espérer un don qui lui sauvera la vie.

Résidante de Matane, en Gaspésie, Mme Dufour ne pouvait pas rester chez elle en attendant une éventuelle greffe de deux poumons. Au moment où son tour viendra, elle devra pouvoir se rendre à l’Hôpital Notre-Dame, le seul endroit au Québec où sont réalisées de telles greffes, en moins de deux heures.

«C’est angoissant, tu ne sais pas à quel moment tu vas recevoir le coup de téléphone qui va tout changer», a témoigné cette solide dame de 64 ans.

La Maison des greffés a été fondée en 1994 par Lina Cyr, qui venait alors de recevoir une greffe du foie, pour permettre aux patients vivant loin de Montréal de se loger à moindre coût dans un environnement qui leur est adapté, avant et après leur greffe. Ayant le statut d’organisme à but non lucratif, subventionnée à 60% par le gouvernement, elle est aujourd’hui dirigée par sa fille, Micheline Cyr-Asselin. Depuis 22 ans, plus de 23 000 personnes de partout au Québec et même des provinces voisines ont vécu dans cette maison d’accueil.

Pour 25$ par jour depuis le mois de mai, Mme Dufour est hébergée et nourrie à deux pas de l’hôpital, dans une atmosphère qu’elle juge très amicale. «On a du fun! C’est encourageant quand d’autres ont une greffe», a-t-elle souligné.

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Mme Dufour garde le moral malgré sa condition. Elle n’est pas certaine de ce qui a causé sa fibrose pulmonaire et celle de son fils, mais elle soupçonne un puissant médicament. Résultat: de fortes toux, des faiblesses, l’impression de respirer dans une paille. Sa machine à oxygène a une autonomie de deux heures, ce qui limite sa liberté.

Même si la greffe de Michel s’est très bien déroulée et que celui-ci est aujourd’hui en bonne forme, les yeux de Mme Dufour se remplissent rapidement de larmes lorsqu’elle parle de son fils.

«On le fête toujours deux fois par année, à son anniversaire de naissance et à son anniversaire de greffe. Après sa greffe, il est tombé en amour et il s’est marié. Il a aussi fait monter sa moto. C’était motivant pour lui de pouvoir en refaire», a raconté celle qui a eu quatre fils, dont deux sont décédés, l’un du cancer et l’autre d’un accident de moto.

Mme Dufour, elle, a pour objectif d’apprendre à faire du patin à roulettes. Elle l’a promis à sa petite-fille. Pour que son projet se réalise, il lui faudra d’abord qu’une personne compatible en mort cérébrale lui fasse don de ses poumons. Son message? «Signez l’autocollant au dos de votre carte d’assurance-maladie et parlez-en à votre famille.»

Plus de vies à sauver
Selon Transplant Québec, 154 familles québécoises ont refusé en 2015 que les organes de leur proche, qui avait été référé comme un donneur potentiel à son décès, soient utilisés pour une greffe. Pendant cette même période, 40 Québécois sont décédés alors qu’ils attendaient un don d’organe.

«Il y a encore du travail à faire pour rassurer les gens. Deux médecins doivent confirmer la mort cérébrale d’un donneur avant qu’on lui retire ses organes. Chaque donneur peut sauver huit vies», a plaidé Micheline Cyr-Asselin, directrice de la Maison des greffés.

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