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Voies réservées pour bus et vélos: les cyclistes se montrent prudents

voies réservées
Un autobus de la STM sur une voie réservée Photo: Josie Desmarais

Les cyclistes accueillent avec prudence le projet qu’étudie présentement la Ville de Montréal qui consiste à aménager des voies réservées aux bus et aux vélos sur de grands axes de la métropole.

«Ça fait longtemps qu’on demande que les voies réservées soient aussi accessibles aux vélos, comme c’est le cas dans bien d’autres villes européennes et nord-américaines», a indiqué mardi la présidente-directrice générale de Vélo Québec, Suzanne Lareau.

Au cours de la réunion mensuelle du conseil municipal, lundi, le chef de l’opposition, Luc Ferrandez, a questionné l’administration du maire de Montréal, Denis Coderre, sur un projet de réseau de voies réservées aux bus et aux vélos. Le boulevard Saint-Laurent, la rue Saint-Denis et le boulevard Rosemont sont ciblés, de même que les rues Saint-Urbain et Lachapelle. Les avenues Papineau et De Lorimier deviendraient des sens uniques, respectivement en direction sud et nord, pour que les bus et les cyclistes puissent y circuler.

«Il faut qu’il y ait une fluidité, de la sécurité et il faut s’assurer qu’on puisse avoir un impact direct sur la congestion», a dit le maire Coderre. Le chef de l’opposition, Luc Ferrandez, a répliqué que sa formation politique n’est pas contre l’aménagement de telles voies réservées, mais qu’elle veut «participer à la discussion».

Actuellement, en vertu du Code de la sécurité routière du Québec, les cyclistes ne peuvent pas rouler sur les voies réservées. «On n’a pas [non plus] le droit de rouler entre la voie réservée et la première voie de circulation et on n’a pas le droit de rouler sur le trottoir», a dit Mme Lareau, pour expliquer que ces rues qui comprennent des voies réservées pour bus sont inaccessibles aux cyclistes.

Ouvrir ces voies réservées aux cyclistes constituerait davantage une permission qu’un ajout au réseau cyclable, a nuancé Mme Lareau. «Ça s’ajouterait aux possibilités offertes aux cyclistes dans leurs déplacements», a-t-elle dit.

Aménager une voie réservée pour bus et vélos sur les avenues Papineau et De Lorimier n’est pas une bonne idée, d’après Vélo Québec, puisque cela encouragerait les automobilistes à rouler plus vite. A contrario, l’organisme qui assure la promotion du cyclisme au Québec voit d’un bon œil la création d’une voie réservée sur le boulevard Saint-Laurent.

«Chaque rue est unique, a insisté la présidente de Vélo Québec. Chaque rue est un cas.»

Pour la Coalition de vélo de Montréal, le réseau de voies réservées aux bus et aux vélos ne constitue pas «la meilleure solution». «Ce n’est pas la solution la plus sécuritaire et ce n’est la solution qui va faire augmenter le nombre de cyclistes», a dit la porte-parole du regroupement citoyen, Claudine Sauvadet.

La Société de transport de Montréal, qui est en charge de produire des études sur le réseau de voies réservées pour bus et vélos, a initié un projet pilote en 2014 sur la rue Viau pour tester la cohabitation entre ses autobus et des cyclistes. Pendant les heures de pointe, un corridor est réservé aux bus et un autre aux vélos. L’expérience s’est avérée «concluante», avait indiqué le président de la STM, Philippe Schnobb, en 2015, qui disait alors que d’autres artères étaient envisagées.

«Ce qu’on a fait sur Viau, je n’ai jamais vu cela ailleurs», a fait savoir Mme Lareau. Elle a cité l’exemple de Paris, où les voies réservées pour bus et vélos sont en service en tout temps et sont séparées des autres voies de circulation automobile par un muret, en plus d’être plus larges, ce qui permet aux autobus de dépasser les cyclistes par la gauche.

Fin de non-recevoir des chauffeurs de la STM
Les chauffeurs du bus de la Société de transport de Montréal (STM) s’opposent avec véhémence au projet de voies réservées pour bus et vélo.

  • «Il n’y a rien de plus dangereux pour un chauffeur d’autobus et un cycliste que de partager une voie réservée», a dit mardi le président du syndicat des chauffeurs de la STM, Renato Carlone, qui a appris lundi les intentions de la Ville.
  • Une modification au Code de la sécurité routière du Québec a été adoptée au printemps dernier, statuant que les dépassements de cyclistes par les automobilistes doivent se faire à une distance de 1 ou 1,5 mètre. Avec une telle réglementation, M. Carlone craint qu’il n’y ait des ralentissements du service de transport en commun ainsi que des accidents mettant en péril la vie des cyclistes.
  • Quant aux artères choisies, dont certaines deviendront des sens uniques, Renato Carlone espère que la Ville et la STM feront leur devoir pour éviter de rallonger les trajets de bus et multiplier les détours.

 

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