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Un citoyen dévoué aux personnes itinérantes

Photo: Chantal Levesque/Métro

Tous les mercredis, Jean-René Bernier enfourche son vélo et va distribuer des sandwichs, du café et des paroles amicales aux personnes itinérantes du quartier Villeray.

Jean-René a trouvé sa mission il y a environ un an et demi au parc Jarry, à 4h du matin. Désespéré de ne pas pouvoir travailler, il pensait au suicide. Soudainement, un homme est sorti d’un grand coffre à rangement installé par la Ville, où il dormait.

«Ça m’a frappé, c’était irréel. Je lui ai dit: “Toi, tu viens de changer ma vie”» a raconté celui qui consacre maintenant son temps à apaiser les souffrances des personnes seules et itinérantes. Il est devenu ami avec Réal – c’est son nom – et il a été touché par sa volonté de sortir de l’itinérance. Il faut dire qu’en tant qu’ancien alcoolique et toxicomane, Jean-René avait lui-même vécu l’itinérance une dizaine d’années auparavant. Il a commencé à payer des sandwichs à Réal et à d’autres personnes dans la rue, malgré son maigre revenu d’aide sociale.

Puis, il a eu une idée. Pourquoi ne pas demander à la boulangerie Première Moisson du marché Jean-Talon de lui fournir, une fois par semaine, une vingtaine de bons sandwichs frais qu’il pourrait distribuer aux sans-abri du quartier? À son grand bonheur, le propriétaire de la boulangerie a accepté.

«C’est rare qu’on fait ce genre de commandite, a indiqué Caroline Rolland, gérante de la succursale. D’habitude on s’en tient au pain et on est frileux à l’idée de donner d’autres produits. Mais on a été touché par la cause portée par Jean-René et on est content que ça concerne notre quartier.»

Jean-René a ensuite convaincu le propriétaire du café bistro Mysterium, au coin Jarry et De Gaspé, de lui confier une grosse cafetière pleine le même jour que ses sandwichs. Il lui a aussi vendu le concept de «café en attente». Lors d’un achat à la caisse, le propriétaire propose au client de payer un café ou un repas à une éventuelle personne dans le besoin, que cette dernière pourra venir consommer par la suite.

«Ça fonctionne assez bien. Il y a un monsieur qui vient tous les jours chercher son café. Jean-René passe le mot dans la rue [pour que les personnes itinérantes soient au courant]», a raconté Manny Costa, propriétaire du café.

Le 5 décembre dernier, M. Costa a accepté de recevoir une quinzaine de personnes seules ou itinérantes pour un souper de Noël organisé par Jean-René. Il en prépare un autre jeudi au Dîners-St-Louis, sur le Plateau-Mont-Royal.

«Beaucoup de gens m’ont fait confiance. J’en suis très reconnaissant», a remercié Jean-René, qui a aussi obtenu des dons en bouteilles d’eau, sacs de couchages, mitaines et autres items utiles à la survie de la part de commerçants.

Une oreille tendue
En se promenant dans le coin du métro Jarry, Jean-René fraternise avec beaucoup de gens. «J’essaie de faire ma petite différence. Je les écoute, a-t-il dit. Des fois, j’ai l’impression d’être un peu masochiste. Ce ne sont pas des gens qui vont bien, alors c’est très demandant émotionnellement.»

C’est demandant lorsqu’il passe du temps avec Ricardo, par exemple, en état de cirrhose du foie avancée, qui traîne toute la journée au métro Jarry, déclarant qu’il ne sait pas s’il va survivre jusqu’à Noël. Même chose lorsqu’il tente de faire le contact avec une personne hostile qui dort sur le terrain d’un organisme à but non lucratif.

Selon Jean-René, beaucoup de personnes dans le besoin ne fréquentent pas les ressources d’aide, ce qui rend sa contribution d’autant plus nécessaire. Sa connaissance des gens de la rue l’a d’ailleurs incitée à collaborer avec l’organisme PACT de rue, qui vient en aide à des jeunes en difficultés. Aujourd’hui, il aimerait bien être «repêché» par un organisme afin d’être rémunéré pour son travail.

«Il fait un travail complémentaire au nôtre, a rapporté Robert Paris, directeur de PACT de rue. Il les aide à combler des besoins de base et quand il rencontre quelqu’un qui aurait besoin de l’assistance d’un travailleur de rue, il nous le réfère. C’est un citoyen qui s’implique, c’est bien.»

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