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Attentat de Québec: «Le risque zéro n’existe pas»

Comme après chaque attentat, le Centre de prévention à la radicalisation menant à la violence (CPRV) a reçu plus d’une vingtaine d’appels de citoyens voulant obtenir des explications à la suite de tuerie survenue dimanche à la mosquée de Sainte-Foy. Son directeur général, Herman Deparice-Okomba, assure que le centre est «plus que jamais» sur un pied d’alerte.

Quelle est votre explication sur l’attentat qui s’est produit à Québec?

Pour l’instant, on n’a pas beaucoup d’informations. On va attendre les conclusions de l’enquête policière. On ne connaît pas les motivations, mais ce qui est sûr et certain, c’est qu’un individu était décidé à utiliser la violence pour terroriser la communauté québécoise. On ne sait pas encore si c’est idéologique ou politique. On va entendre l’enquête qui est en cours.

Au CPRV, réussissez-vous à aider des individus qui songent à perpétrer des actes comme ceux qui ont été commis à Québec?
On ne dira pas réussir parce qu’il est encore très tôt. Il n’y a aucun pays en Occident qui peut dire qu’il a réussi. On a environ une quinzaine de jeunes qui sont suivis au centre. De ce nombre, on en a une dizaine qui sont complètement réintégrés et qui se trouvent dans la société. À notre avis, ils ne sont plus une menace pour la société. C’est trop tôt pour dire que c’est un succès, mais les indices qu’on a sont très rassurants. La personne qui se désengage de la violence, qui a une empathie morale et qui a une diversification des croyances, ce sont des signes qui nous montrent que le processus de réinsertion fonctionne.

Est-ce que ces jeunes radicalisés, qui on l’intention de commettre un acte criminel, montre des signes de leur projet criminel?

Absolument. Dans 80% des actes de terrorisme qui ont été commis, ils montrent des signes, mais les proches ne savaient pas de quoi il s’agissait. On a mis en place un baromètre de comportement, qui est sur l’internet et qui est un outil de prévention. Quand un jeune s’isole, qu’il a un discours polarisant et qui ne fait plus de nuance, ce sont des signes comme quoi on doit porter attention et donner de l’aide à la personne. Les gens doivent nous appeler le plus rapidement possible. Il ne s’agit pas de faire de la délation. Il s’agit plutôt d’un comportement préventif.

Dans les dernières années, très peu d’attentats se sont produits au Québec et au Canada. Comment vous l’expliquez?
Au Québec, nous avons une tradition de prévention. Regardez le taux de criminalité. Il est très bas. Pour prévenir toute forme de criminalité, on est très efficace au Québec, mais en même temps, ça ne nous met pas à l’abri face aux loups solitaires, face aux types d’actes qu’on a vus hier. Le risque zéro n’existe pas. Il faut être réaliste aussi.

Quelle devrait être la réponse du Canada à l’attentat de Québec? Devrait-il resserrer ses politiques d’immigration comme les États-Unis?
Je ne pense pas. Le Canada, c’est une terre d’immigration. C’est ce qui fait la beauté du Canada. Nous allons faire notre propre jugement. On n’a pas besoin des gens pour nous dire quoi faire. L’immigration chez nous, ça fait partie de notre identité. C’est sûr qu’on doit s’assurer que des gens viennent chez nous auront leur place et saurons s’intégrer. Il faut les accueillir de façon structurée et cohérente.

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