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Guérir l’inguérissable avec la thérapie cellulaire

Photo: Josie Desmarais

Perçue comme la médecine de l’avenir, la thérapie cellulaire fonde de grands espoirs dans la guérison de nombreuses maladies, parfois douloureuses et incurables. Alors que les recherches s’avèrent prometteuses, l’organisme CellCAN organise les 9 et 10 mars, à Montréal, un premier forum réunissant chercheurs, hommes d’affaires, politiciens et représentants de Santé Canada pour faire le point sur ces avancées et réfléchir à un système de remboursement pour les patients.

Comment ça marche?
Plusieurs études sont actuellement menées, dans la lignée des premières greffes de moelles osseuses, il y a près d’un demi siècle, précurseurs de la thérapie cellulaire. «La plus proche d’aboutir», selon le Dr Denis Claude Roy, qui dirige le Centre d’excellence en thérapie cellulaire de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont (HMR) est surnommée «médecine personnalisée». Ce traitement permet d’utiliser par exemple des cellules souches cancéreuses d’un patient, qui sont ensuite isolées et modifiées en laboratoire, avant d’être réinjectées dans le corps. Ces nouvelles cellules sont ensuite en mesure de combattre la maladie. «Ce n’est pas de la science-fiction, promet le chercheur, qui s’intéresse à ce domaine depuis 1990. C’est la médecine du 21e siècle, c’est l’avenir, mais aussi le présent, car nos études sont extrêmement probantes.»

De nombreuses maladies concernées
La liste est longue. En tête, les leucémies et les multiples types de cancer, où les recherches se concentrent particulièrement à Montréal. Les maladies cardiaques, pulmonaires, neurologiques (Parkinson et Alzheimer), ou encore la sclérose en plaques sont également dans la mire des chercheurs. «Par le passé, on a exploré beaucoup de voies, mais on a plafonné. La thérapie cellulaire est le moyen le plus puissant et le plus efficace pour prendre avantage sur le système immunitaire. Être capable d’enlever ou de remplacer les cellules endommagées, ça va vraiment révolutionner la médecine», imagine le Dr Denis Claude Roy, qui évoque également des pistes pour réduire les maladies héréditaires et musculaires.

Les cuves de congélation des cellules souches du Centre d’excellence en thérapie cellulaire. Ces cellules peuvent être conservées plusieurs années à une température de – 170°C.

Qualité de vie améliorée
«L’objectif n’est pas de vivre éternellement», sourit le scientifique. Pour ce dernier, la réussite de ces traitements permettrait essentiellement «de vivre le plus longtemps possible, mais dans la meilleure santé possible». S’il ne souhaite garantir une pleine efficacité – «aucun traitement n’est jamais efficace à 100%», précise-t-il –, le chercheur de HMR pense être en mesure de diminuer d’éventuels effets secondaires. «En injectant de nouvelles cellules, il peut y avoir de la fièvre, des soins intensifs, des frissons, une baisse de tension. C’est une réponse normale du système immunitaire. Mais plus on deviendra précis, plus on sera en mesure de les contrôler», reprend-t-il.

Des coûts élevés
C’est le principal problème actuel de ces traitements qui coûteraient, durant ces tests, plusieurs centaines de milliers de dollars par patient. «Rien n’a encore été approuvé commercialement, mais le système de santé va devoir s’adapter très rapidement, définir les remboursements, car d’ici un ou deux ans, on sera prêt», indique le Dr Denis Claude Roy, qui fonde beaucoup d’espoirs dans ce forum pour convaincre industriels et gouvernement canadien. «On a développé une expertise et on peut jouer un rôle déterminant, dans le monde, grâce à notre travail. Ça coûte cher et c’est un souci significatif, mais il y a de nombreux avantages. Les patients éviteront de payer des médicaments parfois très chers et ils se sentiront mieux. Ça vaut la peine d’investir car on est vraiment à la porte d’une révolution», précise-t-il.

Gare au tourisme médical
Une étude menée par la revue Cell Stem Cell a évoqué en 2016 des traitements par thérapie cellulaire non approuvés par les autorités de santé proposés par 570 cliniques américaines. De telles pratiques seraient également courantes en Russie, au Mexique ou encore aux Caraïbes, visant des patients attirés par ce potentiel incroyable de guérison. «Mais c’est dangereux, on leur fait miroiter des vertus qui n’existent potentiellement pas encore», s’alarme le chercheur montréalais, évoquant l’utilisation éventuelle «de mauvaises cellules» et «des conditions qui pourraient se détériorer».

Ce Forum stratégique en thérapie cellulaire est organisé les 9 et 10 mars à lhôtel Westin de Montréal.

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