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Bertrand Delanoë: «Toujours avoir en tête la lutte aux changements climatiques»

Photo: Chantal Lévesque/Métro

Maire de Paris de 2001 à 2014, Bertrand Delanoë croit que les villes du XXIe siècle ont la responsabilité de prendre en compte la lutte aux changements climatiques dans leurs projets de développement. TC Media a rencontré celui qui a retiré les routes des berges de la Seine et qui est l’instigateur des vélibs, jeudi, en marge de sa conférence prononcée aux Rendez-vous Collectivités viables de l’organisme Vivre en ville.

Avec l’instauration d’un tramway et de voies réservées, vous avez beaucoup promu le transport collectif pendant quand vous étiez maire. Est-ce possible de faire la même chose dans les villes nord-américaines, très centrées sur la voiture?
La pollution est un enjeu de santé publique. La santé des Américains est aussi importante que celle des Européens. Nous avons vis-à-vis des générations futures le devoir de ne pas bousiller le patrimoine naturel. Il faut avoir le courage d’être moderne et toujours avoir en tête la lutte aux changements climatiques.

Dans une ville comme Paris, c’était plus facile, peut-être?
Dire que ç’a été facile à Paris me fait un peu sourire. La ville de Paris était totalement adaptée à la voiture dans les décennies avant 2001. Quand on veut, on peut, mais il faut être guidé par une vision, une conviction et par l’intérêt des habitants de la ville.

Comment doit-on penser les villes au XXIe siècle?
Il faut une unité dans le respect des différences générationnelles. C’est très important qu’on se sente égaux dans les villes, quelle que soit la condition sociale, l’origine, la religion, la culture, la philosophie. Il faut aussi être à la recherche de la performance et de l’efficacité.

«Les grands symboles, les grands édifices, ce qui est emblématique et ce qui fait que tout le monde de tous les quartiers se sent de la même ville, on doit faire tout cela en ayant le souci du développement durable.» – Bertrand Delanoë, durant sa conférence

Pour vous, changer durablement une ville est synonyme de grands projets. Les métropoles doivent-elles être mégalomanes?
Les gens qui sont dans les quartiers périphériques doivent se sentir concernés par les grands projets. Quand on a créé la Philharmonie, l’idée, peut-être mégalomaniaque, était d’avoir une salle au top pour l’acoustique et en même temps un beau projet architectural. Quand on a voulu le faire à la frontière de la banlieue, tout le monde m’a dit que le public de la musique classique n’irait jamais là-bas, mais aujourd’hui, ça ne dérougit pas. Les projets fédérateurs peuvent avoir un côté mégalomaniaque mais, s’ils contribuent à rendre intelligent et heureux tout le monde, alors vive la mégalomanie.

Par contre, tous les grands projets rencontrent de la résistance…
Qu’est-ce que j’ai pu me faire engueuler pendant 13 ans… mais il ne faut pas céder. Il ne faut pas avoir peur de la concertation, du débat et de corriger nos propres projets. La récompense, je l’ai maintenant, quand tout le monde me dit des choses gentilles. L’épreuve était douloureuse et pendant l’épreuve vous pensez que vous allez peut-être échouer, mais ce qui compte, c’est le résultat.

Vous avez dit dans votre conférence que la beauté n’est pas un luxe, mais vous croyez que l’argent public est un bien précieux. N’est-ce pas difficile à concilier?
Chaque fois que j’ai inauguré des logements sociaux, la question que je me posais est : «Est-ce que j’aimerais y habiter?» Je crois que c’était parfois mieux que mon appartement personnel. Quand je me suis battu pour la Philharmonie, tous mes collaborateurs étaient contre parce que ça coûtait cher. Mais maintenant, c’est fait et c’est du bonheur pour tout le monde. J’ai toujours voulu qu’on dépense pour faire des crèches, des écoles, le tramway, parce que c’est à bon escient. J’ai considéré comme maire de Paris que j’étais un entrepreneur et que je cherchais des bénéfices pour les citoyens. Mes actionnaires, ce sont les Parisiens.

Un chantier qui dérange

«[Pendant la construction du] tramway, je me suis fait insulter, a-t-il mentionné. Je n’avais pas seulement dit : “On fera le tramway”, mais qu’on allait faire de tous les quartiers qui bordent le tramway des quartiers très beaux. Ça a beaucoup contesté pendant les travaux, mais après, tous, y compris les commerçants qui m’avaient contesté, m’ont dit:“Qu’est-ce que c’est mieux maintenant. C’est une ville plus agréable.” C’est sûr, car c’est une autoroute que nous avons transformée en boulevard urbain.»

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