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Une coalition de taxis veut forcer Uber à louer des permis

Photo: Mario Beauregard/Métro

Une coalition menée par plusieurs membres importants de l’industrie du taxi, dont le fondateur de Téo taxi, Alexandre Taillefer, veut forcer l’entreprise Uber à louer des permis pour continuer de circuler dans les artères montréalaises.

Ce regroupement, qui dit représenter 7 000 des 8 000 chauffeurs au Québec, a présenté jeudi un plan qui a été déposé auprès du gouvernement Couillard afin d’avoir «une homogénéité et une équité» pour l’ensemble de ce secteur, explique Alexandre Taillefer, qui détient également Diamond et Hochelaga.

Cette coalition, composée aussi du Comité provincial de concertation et de développement de l’industrie du taxi (CPCDIT) du Regroupement des propriétaires de taxis de Montréal (RPTM), souhaite moderniser cette industrie et rendre obligatoire le permis pour tout chauffeur de taxi. Elle ouvre également la porte à une location des permis, à la journée ou à la semaine.

Cette solution permettrait de remettre de l’ordre dans une industrie qui «arrive à un point de rupture», en raison notamment de la chute de la valeur des permis, passée de 200 000$ à 80 000$, précise l’homme d’affaires. Ce projet faciliterait également un retour à un revenu décent pour l’ensemble des chauffeurs, notent les responsables de ce projet.

«Tout le monde vit une situation dramatique. Il y a des individus qui ont hypothéqué leur maison, qui sont en train de souffrir et qui n’arrivent pas à vendre leur permis. C’est inacceptable», indique Alexandre Taillefer, tout en précisant «défendre» également l’intérêt des 2 000 chauffeurs de la flotte d’Uber à Montréal, qui toucheraient «6, 7, 8$ de l’heure».

«Il faut dissocier la compagnie Uber et ses chauffeurs qui sont dans un état d’extrême précarité. On doit s’assurer que tout le monde puisse vivre décemment de son travail.» – Alexandre Taillefer

Ce dernier précise néanmoins ne pas vouloir partir en guerre contre la firme californienne. «Nous ne cherchons pas à fermer la porte aux autres entreprises qui ont pu s’implanter, soutient-il. On veut juste que tout le monde puisse faire plus d’argent.»

Flou sur le prix de location
Reste la question du prix de location proposé par ce regroupement, qui «permettrait de protéger la valeur des permis». Celui-ci demeure flou, au sein même de cette coalition. Guy Chevrette, porte-parole du CPCDIT évoque «300$ la semaine et 30 à 40$ par jour», selon les demandes et la volonté de chaque propriétaire.

Un point que ne partage pas le patron de Téo taxi, qui a récemment eu l’autorisation du gouvernement de déployer 350 véhicules, contre 110 actuellement. Pour une question «de transparence», Alexandre Taillefer privilégie un prix «centralisé et homogène» qui serait déterminé «par le gouvernement ou le Bureau de taxi de Montréal».

Formation de courtoisie
Voulant redorer l’image de cette profession, cette coalisation propose aussi «une formation plus adaptée au monde d’aujourd’hui», décrit Guy Chevrette. Celle-ci devrait être identique pour tous les chauffeurs, évoque ce dernier, qui réclame des règles de courtoisie, de propreté dans les véhicules, mais également une meilleure connaissance «du milieu», des sites touristiques, des attractions et des grands événements.

Cette formation, qui pourrait être donnée en ligne, ne durerait que 27h, contrairement aux 150h en classe actuellement. «Ce qui compte n’est pas le nombre d’heures, mais la qualité de la formation», insiste Guy Chevrette.

Par voie de communiqué, la Chambre de commerce du Montréal métropolitain salue une «une base intéressante». «L’industrie du taxi est en mutation. Il est essentiel de modifier le régime d’encadrement pour permettre la coexistence de différents modèles d’affaires», mentionne Michel Leblanc, le président de la CCMM, qui note néanmoins des éléments «trop rigides, comme l’interdiction faite à certains acteurs de desservir les ports et les aéroports».

Cet optimisme n’est pas partagé par le Regroupement des intermédiaires de taxis de Québec (RITQ), qui juge la location des permis «difficile à gérer». «Ça ne peut pas fonctionner, à moins d’avoir une baguette magique», juge Abdallah Homsy, le porte-parole du RITQ.

Ce dernier ne croit pas à une amélioration de l’image du taxi à travers ce projet, qui permettrait, selon lui, à n’importe qui de louer un permis. «Même si M. Taillefer dit le contraire, comment va-t-il s’en assurer ? Ça va au contraire niveler l’industrie vers le bas», estime-t-il.

Contactée par Métro, l’entreprise Uber Canada n’a pas réagi.

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