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Site d’injection supervisée près d’écoles: un dialogue de sourds

JONATHAN HAYWARD / La Presse Canadienne Photo: JONATHAN HAYWARD

À deux semaines de l’ouverture d’un site d’injection supervisée (SIS) dans le quartier Centre-Sud, l’organisme Spectre de rue et la Direction de la Santé publique (DSP), ainsi que les représentants d’écoles avoisinantes n’arrivent pas à trouver de terrain d’entente.

Invités par Spectre de rue à une rencontre de «bon voisinage» mercredi soir, la huitième du genre, la commissaire scolaire de Ville-Marie, Stéphanie Bellenger-Heng, ainsi que les directeurs et présidents des conseils d’établissement des écoles Pierre-Dupuy et Marguerite-Bourgeoys ont répondu dans une lettre vendredi qu’ils refusaient d’y participer à moins que leurs demandes concernant «l’aménagement horaire, la présence d’un brigadier scolaire, la volonté de relocalisation…» ne soient discutées. Ceux-ci craignent une augmentation du nombre d’utilisateurs de drogues injectables (UDI) dans le secteur et donc pour la sécurité des enfants dans le corridor scolaire.

Même si les points ne figurent pas à l’ordre du jour de la réunion, la présidente du conseil d’établissement de Marguerite-Bourgeoys, Christelle Perrine, a indiqué à Métro, qu’elle avait invité tous les gens mobilisés à donner leur avis à la rencontre de mercredi soir. «Autant en profiter pour faire une concertation, puisqu’il n’y en pas eue, clame-t-elle. Mme Bellenger-Heng compte aussi s’y présenter.

Même si elle a entamé des démarches juridiques pour une déposer une injonction qui bloquerait l’ouverture du SIS prévue le 15 novembre, Mme Perrine dit qu’il «n’est pas question de ne pas faire de SIS ou de l’éloigner le plus possible de nous», vantant d’ailleurs le travail de Cactus Montréal, un autre SIS. Elle suggère toutefois que celui du quartier soit placé près du CLSC Visitation ou même à l’hôpital Notre-Dame, pour éviter le corridor scolaire et la zone commerciale.

«On est dans le quartier où se passent les overdoses. On ne va pas envoyer les gens ailleurs. On est là depuis 20 ans, et il n’y a jamais rien eu avec des enfants.» – Gilles Beauregard, directeur général de Spectre de rue, répondant aux demandes de relocalisation des représentants scolaires.

Si les représentants scolaires déplorent une fermeture de Spectre de rue et de la DSP, ces derniers rappellent qu’il y a eu déjà sept rencontres pour répondre aux craintes des riverains. Depuis ces rencontres, «des aménagements ont été proposés afin de permettre une cohabitation harmonieuse, dont le changement des heures d’ouverture du SIS à Spectre de rue de 8h30 à 9h30», défend le porte-parole du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal, Justin Meloche.

Les écoles Pierre-Dupuy et Marguerite-Bourgeoys ne jugent pas ce changement d’horaire suffisant et réclament une consultation publique à propos de l’ouverture du SIS entre 14h30 et 18h, au moment où les élèves passent près de Spectre de rue, en retournant vers la maison.

Mme Perrine, qui est également copropriétaire de la boulangerie Pain à Tartine, dit que d’autres commerçants «font état de mouvements depuis environ deux mois» de vendeurs de drogues. «On a l’impression qu’il y a des prises de position», dit-elle. Un regroupement de commerçants, nommé Faubourgs Ontario, a d’ailleurs fait part de ses préoccupations dans une lettre aux élus municipaux de Ville-Marie.

«La boulangerie [de Mme Perrine] a ouvert en face de Spectre de rue il y a quelques mois [NDLR: depuis mars]», déplore M. Beauregard, qui ajoute que son organisme est là depuis 20 ans.

«C’est un autre chapeau que celui de présidente du conseil d’établissement», rétorque Christine Perrine.

Le SIS va-t-il ouvrir comme prévu le 15 novembre? «On verra. Il y a une ouverture de prévue bientôt. Mais on verra comment les gens vont réagir», laisse tomber M. Beauregard, évoquant le recours possible aux tribunaux.

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