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Les écologistes s’organisent contre le projet du Port de Montréal à Contrecoeur

Photo: Mario Beauregard/Métro

Une douzaine de groupes environnementaux s’unissent autour d’une Table ronde pour la défense du chevalier cuivré, ce poisson millénaire qui n’est présent qu’au Québec et dont l’espèce est menacée, par un projet d’agrandissement des installations du Port de Montréal dans la ville de Contrecoeur.

«On est lassé d’aller en cour pour que les deux paliers de gouvernement ne respectent pas leurs propres lois, mais s’il faut le faire, on le fera», a prévenu mercredi le directeur général de Nature Québec, Christian Simard.

Les écologistes ont souligné l’incohérence du gouvernement de Justin Trudeau s’il laisse le Port de Montréal, une société fédérale, construire un nouveau terminal maritime à Contrecoeur. Ce projet aurait comme conséquence selon eux d’assécher des marais et des herbiers qui devraient plutôt être protégés selon le Loi fédérale sur la protection de l’environnement, étant donné qu’ils abritent deux espèces protégées, le chevalier cuivré et la rainette faux-grillon.

Les écologistes ont déjà gagné des batailles similaires au cours des dernières années, notamment contre le projet de terminal pétrolier à Cacouna qui menaçait le béluga, ainsi que contre un projet immobilier nuisible pour le rétablissement d’une petite grenouille, la rainette faux-grillon, à La Prairie.

«Les deux paliers de gouvernement doivent rendre publics les avis internes de leurs scientifiques sur les effets du projet», a déclaré le directeur général de SNAP Québec, Alain Branchaud.

Le projet de terminal à Contrecoeur doit permettre au Port de Montréal de recevoir à terme, 1,15 million de conteneurs par an, soit près la moitié de sa capacité actuelle à Montréal. Celle-ci atteint 2,1 millions  de conteneurs par année depuis l’ouverture du terminal Viau en 2016. Mais selon les écologistes, le Port de Montréal exagère grandement ses besoins. «Avec l’ouverture du terminal Viau, seulement 70% de la capacité du port est utilisée et ce ne sera pas plus de 85% d’ici 5 ans», affirme Christian Simard.

L’administration portuaire a avancé que ses terrains à Contrecoeur, qui couvrent 468 hectares sur quatre kilomètres de berge, sont situés près des réseaux ferroviaire et autoroutier, ce qui fait en sorte que ses futures installations seraient plus flexibles et auraient moins d’impact qu’en milieu urbain. Le nouveau terminal permettrait en outre de répondre à la demande liée aux marchés émergents qui verront le jour avec l’Accord de libre-échange conclu entre le Canada et l’Union européenne. Il est prévu que de deux à trois navires s’y arrêteraient à tous les semaines, ce qui aurait pour effet de remplir un train par jour, de même que 1200 camions.

La porte-parole du Port de Montréal, Mélanie Nadeau, a souligné que les 0,4 hectare d’herbiers touchés [en phase 1] ne représentent que 0,1% des 3000 hectares d’herbiers recensés dans le fleuve pour le chevalier cuivré. «L’Administration portuaire de Montréal (APM) prend cet enjeu au sérieux et compte mettre en place des mesures pour minimiser les impacts. Nous travaillons avec le ministère des Pêches et des Océans du Canada depuis 2011 à ce sujet et nous avons d’ailleurs modifié l’emplacement original du projet pour réduire les impacts», a-t-elle ajouté par courriel.

L’APM a aussi proposé de financer un projet de conservation du chevalier cuivré ailleurs dans le fleuve Saint-Laurent. Alain Branchaud a répliqué que c’est contraire à la Loi sur la protection de l’environnement de faire de la compensation. «Quand l’habitat essentiel d’une espèce menacée est désigné, on ne peut pas le détruire, sauf si les conséquences sont mineures», a-t-il dit.

La première phase de construction du nouveau terminal du Port de Montréal coûtera 470M$ et créera 5000 emplois pendant les travaux et 1000 autres pendant l’exploitation. Les consultations publiques sur le projet d’agrandissement du Port de Montréal doivent débuter ce printemps.

Les écologistes déplorent que le gouvernement ait choisi le mode de consultation et d’évaluation environnementale le moins contraignant pour le promoteur et demandent à Québec de ne pas abdiquer de son pouvoir de refus du projet, étant donné que le terminal de Contrecoeur serait élargi, en empiétant sur des fonds marins de juridiction québécoise. L’écologiste Daniel Green a noté que la qualité de vie des résidents de Verchères va aussi considérablement diminuer avec l’installation de tours d’éclairage de dix étages de haut. Il a ajouté que le dragage du fleuve Saint-Laurent sur onze mètres de profondeur ferait ressortir les sédiments contaminés de l’ancienne usine sidérurgique voisine.

 

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