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Les voitures du REM viendront de l’Inde

Réseau express métropolitain REM Photo: CDPQ Infra
Julien Arsenault, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — Aucune usine du Québec était suffisamment outillée pour construire le Réseau express métropolitain (REM), dont les voitures seront assemblées en Inde par Alstom, estime le président et chef de la direction de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), Michael Sabia.

C’est ce qu’il a expliqué, jeudi, en marge de la conférence de presse visant à donner le coup d’envoi des travaux de construction du projet de 6,3 milliards $, dont la mise en service est prévue en 2021.

M. Sabia répondait à une question à savoir si la Caisse avait eu l’assurance que le matériel roulant aurait été construit au Québec si Bombardier Transport, qui exploite une usine à La Pocatière, avait obtenu le contrat finalement remporté par le consortium formé par le géant français Alstom et SNC-Lavalin.

«Nous ne pouvons pas faire un commentaire direct pour répondre, a dit M. Sabia. La seule chose que je vais vous dire (c’est qu’) au Québec, il n’y a pas une usine outillée pour construire le REM. (Du) point de vue technologique, de la machinerie, etc.»

Le grand patron du bas de laine des Québécois a par la suite indiqué qu’il ne voulait pas aller plus loin.

En soirée, un porte-parole de Bombardier Transport, Jacques Tétrault, s’est inscrit en porte-à-faux avec l’analyse de M. Sabia.

«C’est faux, a-t-il répliqué. Bombardier Transport est outillée sur les plans technologique et mécanique pour construire le REM qui répondaient aux requis de performance de l’appel d’offres de CDPQ-Infra, notamment ceux touchant l’hivernisation. De plus, si l’appel d’offres avait inclus du contenu local, Bombardier Transport aurait été en première ligne pour remplir le contrat.»

Depuis l’annonce des consortiums retenus, parmi lesquels ne figurait pas Bombardier Transport, la CDPQ et le gouvernement Couillard ont fait l’objet de critiques pour l’absence d’exigences de contenu local dans les appels d’offres.

Plus tôt, au cours de la conférence de presse, le président et chef de la direction d’Alstom, Henri Poupart-Lafarge, a justifié la décision du géant français de se tourner vers l’Inde pour la production des 212 voitures de type Metropolis.

«Les voitures dont il est question sont des véhicules spécifiques et le centre de compétences se trouve en Inde, a-t-il expliqué. C’est pour cela que nous avons pris cette décision.»

M. Poupart-Lafarge a voulu relativiser les choses, soulignant qu’environ 67 pour cent du contrat de 2,8 milliards $ décroché par le consortium formé par Alstom et SNC-Lavalin sera dépensé localement. De plus, la construction de ces 106 rames de deux voitures, qui circuleront sans conducteurs, ne représente qu’une centaine d’emplois pendant un an.

L’entente pour les 212 véhicules comprend également la signalisation, les portes palières ainsi que de l’équipement pour de l’internet sans-fil. Les voitures Metropolis sont utilisées dans 25 villes à travers le monde.

Retombées québécoises
Grâce au REM, Alstom sera responsable de la création de 250 emplois pour la maintenance et l’exploitation au cours des 30 années suivant la mise en service, a fait valoir le dirigeant de l’entreprise française. Un centre québécois de maintenance sera notamment construit.

De plus, le géant du matériel roulant — qui compte 400 employés au Canada — a l’intention d’implanter dans la métropole un centre d’expertise qui regroupera près de 100 personnes.

«Toute la partie de la gestion du projet s’effectuera ici, a dit M. Poupart-Lafarge. Ce qui concerne les infrastructures sera fait ici. Notre tissu de fournisseurs d’ici seront aussi mis à contribution pour ce projet.»

Alstom a par ailleurs garanti du travail à son usine de Sorel-Tracy, qui compte quelque 80 employés. Ce site se spécialise surtout dans la construction de bogies destinés entre autres aux voitures Azur du métro de Montréal.

L’usine québécoise d’Alstom accomplira du travail destiné au métro de Santiago, au Chili, ainsi que pour un autre contrat aux États-Unis, ce qui permettra de maintenir les emplois pendant encore près de deux ans.

«Je pense que la position du secteur ferroviaire à Montréal est plus forte cet après-midi par rapport à ce qu’elle était dans le passé», a estimé M. Sabia, en marge de l’événement.

Selon les détails fournis, les travaux de construction devraient commencer prochainement. Le rythme devrait s’accélérer et on devrait apercevoir «plusieurs centaines de personnes sur le terrain» au fur et à mesure que le rythme s’accélérera.

Les responsables de la CDPQ ont rappelé que le REM était un projet «clé en main» et que la responsabilité du respect des échéanciers revenait aux consortiums. Ils ont ajouté que des sanctions étaient prévues aux ententes si certaines clauses n’étaient pas respectées.

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Les entreprises retenues:

— Ingénierie, approvisionnement et la construction des infrastructures: SNC-Lavalin grands projets, Dragados Canada, Groupe Aecon Québec, Pomerleau et EBC, ainsi que SNC Lavalin inc. et Aecom consultants.

— Matériel roulant, systèmes et services d’exploitation et de maintenance: Alstom transport Canada et SNC-Lavalin O & M.

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