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La destitution de Philippe Pichet suggérée

Photo: Ryan Remiorz/La Presse Canadienne

Le conseil municipal de Montréal et la commission de la sécurité publique se pencheront sur la destitution du chef du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), Philippe Pichet, à la demande du ministre de la Sécurité publique du Québec, Martin Coiteux.

Ce processus découle du dépôt du rapport préliminaire sur la réorganisation du SPVM rédigé par le chef intérimaire du corps policier, Martin Prud’homme, et rendu public lundi.

«Les conclusions quant à la direction du corps de police sont préoccupantes. J’ai donc demandé à la mairesse de Montréal, Valérie Plante, d’obtenir l’avis du conseil municipal ainsi que de la commission de la sécurité publique quant à la situation de M. Pichet», a indiqué M. Coiteux dans un communiqué.

Dans son rapport, M. Prud’homme ne recommande pas explicitement la destitution de Philippe Pichet, mais indique clairement que la direction doit changer. «Il faut éliminer toute possibilité que la situation qui a malheureusement prévalu au sein de l’organisation et qui a atteint grandement sa crédibilité ne puisse plus se reproduire», est-il écrit.

De plus, il est précisé que l’ancienne direction a failli à rétablir la confiance du public envers le SPVM et à redresser la situation aux affaires internes. «Aucune action concernant le climat n’avait été mise en œuvre», donne-t-on en exemple.

La destitution de M. Pichet, qui est toujours à l’emploi de la Ville de Montréal comme cadre responsable des agents de sécurité, doit être approuvée par le conseil municipal et la commission de la sécurité publique de la Ville de Montréal. Le chef de police suspendu doit d’ailleurs comparaître devant cette commission «dans les prochains jours» «afin de faire valoir son point de vue», a indiqué lundi la mairesse Plante, dans une note écrite adressée aux médias.

«Au terme de ce processus, un avis sera formulé par les instances de la Ville de Montréal, a expliqué Mme Plante, qui est participe présentement à une mission économique au Japon. Cet avis alimentera la réflexion du ministre concernant la possibilité de recommander au gouvernement du Québec la destitution de Philippe Pichet. Notre objectif est et demeurera de nous assurer que les Montréalais et les Montréalaises aient une pleine confiance envers leur service de police.»

Philippe Pichet a saisi la Cour du Québec la semaine dernière pour forcer le gouvernement du Québec et la Ville de Montréal de lui redonner son poste de chef de police. Son mandat, qui est renouvelable, doit prendre fin en 2020. Il a indiqué dans les documents présentés à la cour que sa suspension « équivaut à une destitution par congédiement déguisé ».

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, avait alors indiqué avoir fait «ce qu’il fallait» en retirant le chef de police de ses fonctions.

Philippe Pichet a été suspendu le 7 décembre dernier de ses fonctions de chef de police à la suite du dépôt d’un rapport accablant sur les pratiques internes du SPVM. Il était notamment question «d’un laisser-aller, «d’enquêtes qui ont été bâclées», «d’informations importantes […] délibérément soustraites du rapport d’enquête afin d’éviter à certains policiers d’être poursuivis devant les tribunaux», de «traitements préférentiels» ou encore «d’allégations criminelles qui auraient dû être enquêtées, qui ne l’ont pas été et qui n’ont pas été signalées au ministère de la Sécurité publique».

Depuis, le ministère de la Sécurité publique a nommé Martin Prud’homme, de la Sûreté du Québec, comme chef intérimaire du SPVM. Dans la présentation de son plan de redressement, en mars, M. Prud’homme avait dit avoir pu confirmer plusieurs affirmations du rapport déposé en décembre.

Ces constatations ont été confirmées dans le rapport préliminaire publié lundi. Des témoignages de policiers recueillis au moyen d’une boîte courriel par l’équipe de M. Prud’homme font état de «clans» et de «copinage». «Des cadres ont été promus grâce à des liens politiques qu’ils entretenaient avec l’ancienne direction», mentionne un policier.

Ceux-ci ont d’ailleurs été réticents à participer à la consultation de l’équipe de transition à cause d’un ancien climat qualifié de malsain. Plusieurs membres ont souligné «leurs craintes» de recourir à la boîte courriel «par peur de représailles». Un cadre a fait état que donner une opinion contraire à celle de la direction était l’équivalent d’un «suicide de carrière».

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