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L’achalandage des SIS a doublé en un an

Photo: Courtesy Vancouver Coastal Health

L’heure est au bilan pour les sites d’injection supervisée (SIS), un an après leur ouverture dans la métropole. Si l’affluence est en constante augmentation, plusieurs barrières restent à briser pour une plus grande accessibilité.

Le constat semble être unanimement partagé entre les quatre SIS (Cactus Montréal, Dopamine, Spectre de rue et l’Anonyme) : la fréquentation a augmenté au cours de cette première année, au point de doubler ces derniers mois par rapport aux premiers mois d’opération. Pas moins 2500 visites ont ainsi été enregistrées en mai, contre 1189 en juillet 2017. Au total, c’est 876 personnes différentes ont fréquenté les SIS montréalais depuis un an.

Pourtant, autant les organismes qui chapeautent les SIS que le Centre intégré de santé et de service sociaux (CIUSSS) du Centre-Sud admettent qu’il reste encore des efforts à faire pour accroitre l’accessibilité.

Alors que le CIUSS prévoyait 200 à 300 injections par jour, les SIS en ont enregistré 80 en moyenne par jour.

«On n’avait pas d’objectif de fréquentation, on avait des estimations établies pour nous assurer qu’on avait suffisamment d’aménagements», a expliqué Dre Carole Morissette, de la Direction régionale de santé publique de Montréal. Cette dernière a cependant pointé les règles et procédures des SIS, qui pourraient ne pas correspondre à tous les utilisateurs.

Plusieurs pratiques répandues chez les utilisateurs de drogue injectables (UDI) sont en effet incompatibles avec les règles des SIS, comme le partage des doses, ce qui découragerait plusieurs d’entre eux de fréquenter ces lieux. Cette pratique, pourtant courante pour les toxicomanes, est interdite à l’intérieur des SIS, car elle s’apparente à du trafic de drogue. Pour consommer dans un SIS, il faut apporter sa propre dose. Toutefois, pour accroître la fréquentation des SIS, un projet pilote sera mis en place dès cet été afin de permettre l’injection assistée par un tiers.

«L’injection assistée par un tiers, c’est une injection faite avec un consentement éclairé par une personne qui en accompagne une autre», a expliqué Dr Carole Morissette. Elle a ajouté que cette pratique, elle aussi répandue chez les UDI, constitue actuellement «une barrière importante à l’accessibilité des services».

Les SIS mettront aussi en place une nouvelle technique pour repérer le fentanyl dans les drogues, grâce à des bandelettes qui peuvent identifier la présence de cet opioïde 100 fois plus puissant que la morphine. Le fentanyl tue plus de 2000 personnes par année depuis 2016 au Canada.

Les horaires d’ouverture des SIS pourraient aussi faire baisser leur taux de fréquentation puisque, faute de budget, les organismes ne peuvent rester ouverts 24 heures sur 24.

«À partir de sept heures, il y a beaucoup de gens qui sortent des refuges notamment. Si on était là avec le mobile, on y répondrait ? Assurément», a répondu le directeur adjoint de l’organisme l’Anonyme, Julien Montreuil.

Les organismes ont aussi annoncée lundi que le Santé Canada a prolongé l’autorisation des SIS pour les trois prochaines années.

Et la criminalité?

À l’ouverture des SIS, de nombreux citoyens étaient inquiets qu’ils engendreraient une hausse de la criminalité dans leur secteur respectif. Cette crainte ne se retrouve pas dans les données du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), a déclaré le commandant du poste de quartier 22, Simon Durocher.

  • «Depuis l’ouverture des sites d’injection supervisée, il n’y a aucune tendance à la hausse de la criminalité. La plupart des indicateurs sont demeurés stables», a indiqué M. Durocher.
  • Les indicateurs établis par le SPVM concernent les vols, le trafic de drogue et les agressions sexuelles. Les «petites» variations enregistrées n’ont pas permis au SPVM de conclure à un lien entre criminalité et les SIS, a ajouté le commandant.

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