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Travail payé à la journée pour un café autochtone: une façon de sortir de la rue

Photo: Josie Desmarais / Métro

Pour les aider à sortir de la rue, un café propose à des autochtones en situation d’itinérance de travailler quelques heures et de les payer au terme de leur quart de travail, une méthode qui a fait ses preuves au Canada et à l’étranger.

Attablée au Café de la Maison ronde, située au square Cabot à deux pas du métro Atwater, la coordinatrice du café, Mélodie Grenier, évoque ce nouveau projet inspiré par l’organisme Spectre de rue, qui utilise le travail alternatif payé à la journée (TAPAJ), une méthode répandue à travers le monde.

«Ça va être un deux, trois heures avec une personne qui n’a probablement jamais travaillé de sa vie, ou alors pas depuis des années et qui n’a plus aucune confiance en elle. Ça demande un encadrement très spécifique», précise Mme Grenier.

Des organismes spécialisés dans l’accueil et l’accompagnement d’autochtones en situation d’itinérance vont être chargés de s’occuper du recrutement et une intervenante sera sur place pour encadrer l’employé temporaire, qui changera tous les jours. Le projet sera chapeauté par le Groupe communautaire L’Itinéraire, qui publie aussi le magazine du même nom.

«Ça répond aux besoins des femmes qui vivent dans une situation de précarité ou d’itinérance. Ça pourrait leur donner le goût de travailler davantage par la suite, ça promeut aussi une main d’œuvre autochtone, ça leur donne de la fierté», se réjouit la directrice générale du refuge pour femmes Chez Doris, Marina Boulos-Winton.

L’organisme, situé à proximité du square Cabot, accueille des femmes en situation d’itinérance. 20% des femmes qui fréquentent le refuge sont autochtones.

Construire des ponts entre les communautés et déconstruire les clichés sont les autres priorités du café, sur l’itinérance d’abord, mais aussi sur les autochtones.

«Il y a une [idée] préconçue de ce que c’est l’itinérance. Souvent le discours qu’on entend, c’est qu’ils ne veulent pas s’aider eux-mêmes, qu’ils sont alcooliques parce qu’ils sont comme ça. Il n’y a personne qui se lève et qui se dit: moi, dans la vie, mon rêve c’est d’être en situation d’itinérance. C’est aussi ça l’objectif du café: déconstruire l’image qu’ont les gens non itinérants sur l’itinérance», la coordonnatrice du café, Mélodie Grenier.

Jeudi, la journée nationale des peuples autochtones a été entachée par les propos du ministre de la Santé et de Services sociaux, Gaëtan Barrette, prononcés plus tôt au mois de juin et dévoilés mercredi par CBC et Le Devoir. Dans cet enregistrement, le ministre dit que d’ici six mois, au moins une personne ne sera pas admise à bord de l’avion-ambulance du Nunavik parce que quiconque se présentant sous les effets de la drogue ou l’alcool n’est pas autorisé à monter.

Pour Mélodie Grenier, ces propos sont l’illustration des stéréotypes qui collent à la peau des autochtones. «Pour déstigmatiser et défolkloriser la communauté autochtone, il faut encore de gros changements», croit-elle. Elle souhaiterait, par exemple, que la reconnaissance des nations autochtones soit suivie par des actions, «qu’on [leur] donne un pouvoir décisionnel dans l’État, propose-t-elle, sinon ça va rester très fragile».

Pourquoi n’y a-t-il pas plus de restaurants autochtones pour y découvrir cette cuisine méconnue qui vient pourtant d’ici? «Difficile de répondre, lâche la coordonnatrice. Peut-être parce que les gens ont peur de se lancer là-dedans, avec la crainte que les clients ne viennent pas, finit-elle par admettre. Le racisme est dominant pour la communauté autochtone, ça doit être des aspects importants».

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