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Une meilleure représentation des parents trans réclamée

Photo: Pablo Ortiz/Métro

Dans le cadre de la cinquième marche pour les droits des personnes trans, qui avait lieu dimanche au centre-ville de Montréal, l’organisme Euphorie dans le genre a exigé une meilleure représentation des parents trans sur les certificats de naissance de leurs enfants.

Quelques centaines de personnes se sont rassemblées au parc de la Paix en début d’après-midi. Affublés de drapeaux trans (bleu, rose et blancs) et LGBTQ (aux couleurs de l’arc-en-ciel), les manifestants ont profité de la marche pour passer des messages au gouvernement du Québec.

Après avoir marché pour les droits des migrants trans en 2017, les organisateurs ont cette fois-ci adopté le thème de la famille. La loi actuelle ne permet pas aux parents trans de modifier la «mention de filiation» à leur enfant, soit la qualification de «mère» et de «père» apposée au certificat de naissance. Un homme trans lié à ses enfants par la mention de «mère» ne pourra donc pas changer le document.

«C’est décevant [de subir ça], a lancé Harley Vescio, parent et co-porte-parole de l’événement. On se bat pour s’accepter soi-même et, une fois que c’est fait, on doit se justifier à la société au quotidien. Quand la justification ne se fait pas de manière légale, c’est décevant.»

«On forme des familles aussi», a affirmé cette personne, qui s’identifie comme non-binaire et trans féminine.

Tania Romero, une mère trans de deux enfants rencontrée à la marche, a elle aussi voulu faire état de sa situation, tenant fermement un immense drapeau trans. «Moi, ça fait quatre ans que j’ai changé mon nom, a-t-elle lancé. Mais c’est mon ancien nom sur l’acte de naissance. Ce n’est pas une question légale si je me suis décidé.»

La situation peut souvent atteindre les cours d’école, selon Harley Vescio. «À chaque début d’année, mes enfants doivent expliquer à leurs confrères le fait que je suis trans au lieu que ce soit fait automatiquement et normalement. Ils vont à l’école pour apprendre, pas pour enseigner aux autres!»

Appel au gouvernement
Les membres de la communauté trans peuvent modifier leur identité de genre légale depuis trois ans. Euphorie dans le genre communique entre autres avec la ministre de la Justice, Stéphanie Vallée, et le ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barette, depuis quelques années. L’organisme pense toutefois que le gouvernement provincial aurait pu être plus actif durant son mandat de quatre ans.

«Ils ont fait des changements, mais souvent sans nous consulter, a lancé Harley Vescio. On se ramasse avec des mentions de filiation qui ne sont pas en cohérence avec qui nous sommes. S’il y avait eu des consultations, on aurait pu éviter ça.»

«En fin de compte, on ne nous écoute pas vraiment, on remet au plus tard, a de son côté observé la co-porte-parole de l’événement, Raphaële Sévigny. Alors, il y a des changements qui doivent se produire, des changements qui sont minimes, mais qui ont un impact sur les vies des personnes trans.»

Appelée à réagir, l’attachée de presse de la ministre Vallée, Isabelle-Marie St-Onge, a assuré que les demandes des parents trans étaient écoutées. «La ministre a lancé un comité de travail il y a déjà quelques mois pour analyser tous les formulaires gouvernementaux pour l’utilisation du genre. Présentement, le travail du comité suit son cours et on va pouvoir diffuser les conclusions au moment venu.»

Mme St-Onge a confirmé que le certificat naissance faisait partie des documents étudiés, mais elle n’a pas pu donner de date de conclusion possible.

Fait à noter, le Centre de lutte contre l’oppression des genres poursuit depuis 2015 le gouvernement du Québec pour atteinte aux droits humains, arguant que le Code civil du Québec ne prend pas en compte certains droits trans. Le procès doit avoir lieu en janvier 2019.

Les organisateurs de la marche continuent à croire au pouvoir de changement de leur initiative, surtout avec les élections provinciales à l’horizon. «C’est une façon de montrer que nous ne sommes pas un glitch dans le système, nous sommes une partie intégrante du système», a réagi Harley Vescio.

Au-delà de la représentation des parents trans, la marche a pour objectif de demander «la préservation sécuritaire des gamètes [ovules et sperme] chez les personnes trans» par la Régie de l’assurance maladie du Québec. La loi actuelle «exclut les parents trans» selon Euphorie dans le genre.

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