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Québec solidaire fera-t-il des acquis à l’extérieur de Montréal?

Quebec Solidaire co-spokesperson Gabriel Nadeau-Dubois and Manon Masse wave to supporters as they arrive to launch their campaign in Montreal on Thursday, August 23, 2018. Quebecers will go to the poll Oct. 1. THE CANADIAN PRESS/Paul Chiasson Photo: Paul Chiasson/La Presse canadienne

La campagne électorale touche à sa fin. Les électeurs doivent maintenant faire leur choix à la suite des nombreux points de presse, les débats et les tournées à travers le Québec au cours desquelles les partis politiques ont présenté leurs engagements électoraux. Les stratégies de communication du Parti libéral (PLQ), de la Coalition Avenir Québec (CAQ), du Parti québécois (PQ) et de Québec solidaire (QS) ont-elles fonctionné? Ont-il réussi à faire passer leurs idées? Métro fait le point sur la campagne de la formation politique de Manon Massé.

Malgré de nombreux efforts, Québec solidaire (QS) n’est pas encore parvenu, en 12 ans d’existence, à faire élire des députés à l’extérieur de Montréal, son arsenal de campagne étant jusque-là «moins imposant». Le parti arrivera-t-il à changer la donne cette fois? En entrevue à Métro, Gabriel Nadeau-Dubois a indiqué percevoir un changement de paradigme qui pourrait causer la surprise en régions.

À Rimouski, puis dans plusieurs municipalités de la Gaspésie, l’ancien leader étudiant dit sentir un vent de fraîcheur pour la cause solidaire et «ses idées universelles». «La réception est très chaleureuse partout où on passe, avance-t-il. Les vieilles églises politiques traditionnelles sont en train de perdre des plumes.»

Selon lui, les habitudes de vote de certains citoyens – qu’elles soient libérales, péquistes ou caquistes – s’effritent avec le temps. «Les gens sont de plus en plus conscients ici que l’alternance de ces partis, ça a mené le Québec dans un cul-de-sac. C’est encore plus vrai chez les jeunes je dirais, qui n’ont pas le même attachement que leurs parents à ces formations.»

Malgré tout, le député de la circonscription de Gouin le reconnaît: c’est encore un défi, en 2018 pour son parti, de faire élire des candidats en région. «On en est très conscients et on met les bouchées doubles», a-t-il dit. 

Souhaitant «laisser le temps aux choses» de se produire, il distingue déjà deux réalités chez QS. «Nos élus sont à Montréal en ce moment, mais 60% de nos membres sont à l’extérieur de la métropole, ajoute-t-il. Le nouveau pour nous, ce n’est pas d’avoir une présence en région, c’est surtout d’avoir des possibilités de percées en région.»

Gabriel Nadeau-Dubois croit que pour y remédier, son parti doit rapprocher les réalités des régions à celles des grands centres urbains. «Nos propositions sur l’accès Internet, sur le transport interurbain public, sur l’assurance dentaire, ça parle à tout le monde. Au lieu de diviser les gens, on s’engage à les unir. Il n’y a rien de bon qui viendra d’une rivalité interrégionale au Québec.»

Un clivage?
La professeure en communication sociale et experte en communication politique de l’UQAM, Stéphanie Yates, abonde relativement dans le même sens, s’opposant à l’hypothèse populaire selon laquelle les opinions politiques en région, jugées plus traditionnelles, seraient difficiles à changer.

«Je pense qu’il y a toute une frange électorale en régions qui est encore intéressée à entendre les partis discuter d’environnement, de santé, d’éducation, bref à laisser la chance au coureur. Il n’y a pas vraiment de clivage entre les régions et les villes, mais plutôt entre les générations.» -Stéphanie Yates

Après «un coup dur» il y a quelques semaines, quand sa caravane s’est vidée de médias et de journalistes, Québec solidaire a su limiter les dégâts, estime celle qui est aussi membre du Groupe de recherche en communication politique (GRCP). «Ils ont bien réagi en interpellant les influenceurs, et surtout, ils ont été habiles pour concentrer leurs sorties en Estrie, capitalisant là où ils ont de vraies chances.»

Dans une «tension médiatique» qui lui est rarement favorable, le parti politique de gauche réussit, selon elle, à tirer son épingle du jeu, à certaines nuances près. «Évidemment, d’abord, c’est certain qu’on peut questionner le réalisme de certaines promesses, mais QS réussit à s’élever au-dessus de la mêlée par ses engagements de projets de société», a-t-elle affirmé.

Les partis plus marginalisés ont selon l’experte cet avantage d’attirer l’attention de la jeunesse sur les réseaux sociaux. «Le défi est grand, mais c’est une alternative intéressante, a-t-elle tranché. Encore faut-il pouvoir compter sur une masse critique de relayeurs pour que l’information circule, ce qui n’est pas toujours évident.»

À ce sujet, les percées dans la région de Québec constituent définitivement l’un des changements les plus spectaculaires de la campagne de Québec solidaire, selon Gabriel Nadeau-Dubois. «On croit beaucoup en Catherine Dorion [Taschereau] et Sol Zanetti [Jean-Lesage]. Ça serait tout une symbolique que d’avoir des élus dans une ville qui a été caricaturée pendant longtemps comme étant de droite.»

Le leader solidaire estime que ces victoires démontreraient que Québec est une région aux nombreuses allégeances, croyances et origines, comme partout ailleurs.

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