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Quand la rue rencontre le grand public

Du 16 au 25 novembre, la Place Émilie-Gamelin, en plus de souffler ses vingt bougies, accueillera les sans-abri et toute la population montréalaise pour l’événement Fin novembre. Au menu : vêtements chauds, nourriture, spectacles et prises de parole en plein air.

L’Action terroriste socialement acceptable (ATSA) a organisé pendant 12 ans l’État d’urgence à la Place Émilie-Gamelin. Pendant une dizaine de jours, les sans-abri avaient accès à trois repas par jour, à des vêtements chauds, à un refuge sous des gros chapiteaux, à des prises de paroles, à des spectacles et, surtout, au contact humain. Il y a deux ans, les deux artistes qui ont fondé l’ATSA en 1997, Annie Roy et Pierre Allard, ont perdu le financement principal pour leur événement, qui leur venait de Patrimoine canadien. Ils ont voulu continuer à organiser le même genre d’événement, mais à plus petite envergure. C’est à ce moment que Fin novembre est né. À moins de deux semaines du coup d’envoi de l’événement, Métro s’est entretenu avec Annie Roy.

Qu’est-ce que c’est, Fin novembre?
C’est un événement dans la lignée de l’État d’urgence. On avait envie de continuer l’événement, mais sans que ce soit aussi gros. Alors on a recentré l’événement sur une création de l’ATSA, tout en continuant d’être un événement convivial, en lien avec la rue, avec une solidarité et une entraide. C’est un lieu de rencontre, qui essaie de faire le pont dans la convivialité entre toutes les réalités de tout le monde.

La mission première de l’événement, c’est faire le pont entre le grand public et les sans-abri?
Oui, et on le fait d’une manière simple : en reconnaissant leur citoyenneté à part entière. Ce n’est pas un événement qui va dire : «regardez, ils sont là!» C’est plus : on est ensemble. On ne se renie pas, on n’essaie pas de se cacher, on n’a pas honte, c’est la réalité.

Donc il va y avoir des services pour les sans-abri sur place?
Oui, on va servir de la soupe. La première fin de semaine, on sert des repas aux sans-abri et puis on fournit beaucoup de vêtements chauds, et, surtout, un accueil, une écoute… C’est intangible, ça ne se chiffre pas, mais c’est très précieux pour le monde dans la rue, de voir qu’il y a un événement qui n’est pas créé par le milieu communautaire, mais par des artistes qui sont sensibles à cette cause-là. C’est pour tout le monde, parce que les sans-abri, ça fait partie de nous, de notre ville, c’est une réalité qui peut nous arriver n’importe quand.

Qu’avez-vous prévu pour souligner les 20 ans de la Place Émilie-Gamelin?
Nous avons fait une grosse recherche d’archives, du 17e siècle à nos jours, sur ce territoire, ce quadrilatère bien précis qu’est maintenant la Place Émilie-Gamelin. Le public va pouvoir y venir et, à travers cinq installations majeures, en apprendre sur l’histoire de cette place et découvrir son identité, son ADN. Il y aura aussi des contes qui font référence à Émilie Gamelin, au printemps érable… On va passer du conte plus traditionnel à des contes plus trash. Il y aura également du théâtre de rue avec les Toxiques Trottoirs, et deux shows magnifiques avec Manu Militari et Moran.

Qu’est-ce que c’est la soirée rouge?
C’est comme un événement dans l’événement, le 22 novembre. Le 22, c’est devenu un chiffre mythique, avec les manifestations du printemps dernier. Plusieurs personnalités publiques et spécialistes viendront faire un discours de trois à cinq minutes sur la notion de place publique. On demande aussi aux gens d’apporter leurs casseroles. Et on servira de la soupe à tout le monde.

Constatez-vous des changements depuis le début de l’État d’urgence, dans la réception du public?
C’est certain qu’on lance Fin novembre et les plages de bénévolat se remplissent. On voit bien que c’est un événement qui amène du bonheur et qui amène le fait que les gens sont avides de moments pour se commettre comme citoyen et être généreux de leur personne. C’est magnifique. Et je pense qu’on en parlait peu en 1997, d’un sujet comme celui-là. L’ATSA a réussit à le rendre plus visible, par le fait que l’art est comme une mise en lumière extraordinaire.

Plus d’infos
Fin novembre se tiendra du 16 au 25 novembre à la Place Émilie-Gamelin.

  • Le 16 novembre : Spectacle de Manu Militari
  • Le 17 novembre : Spectacle de Moran
  • Le 22 novembre : La soirée rouge, avec des prises de parole de Dominic Champagne, Olivier Choinière, Geneviève Rochette, Pierre Gaudreault, Jean Barbe et Sébastien Ricard, notamment.

Pour toute la programmation ou pour faire un don : www.atsa.qc.ca

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