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Un organisme montréalais en toxicomanie s’inquiète de la légalisation du cannabis

SQDC
Une boutique de la Société québécoise du cannabis (SQDC). Photo: AFP

Un organisme montréalais œuvrant en réadaptation et en soutien à la toxicomanie s’inquiète de la situation et de l’engouement entourant le cannabis au Québec, quelques heures à peine après sa légalisation partout au pays mercredi.

«La drogue de prédilection de pas moins de 88 % des jeunes qui entrent chez Portage chaque année est le cannabis», avance la directrice des communications du groupe, Seychelle Harding, en entrevue avec Métro. Elle dit avoir plusieurs réserves au sujet de la loi fédérale dans son état actuel.

«C’est très grand, et ça fait peur. Il y a des gens pour qui ça ne changera rien, mais chez les adolescents et les jeunes, ça m’inquiète beaucoup. Ça banalise la consommation, ça lance un message comme quoi c’est peu dangereux, ce qui n’est pas le cas.» -Seychelle Harding, directrice des communications de Portage

En avril dernier, Portage recommandait, dans un rapport, que la consommation ne soit pas autorisée aux jeunes âgés de moins de 21 ans, que l’État investisse simultanément dans les centres de réadaptation et qu’il limite le niveau de THC dans le cannabis qu’il met en circulation. Des recommandations qui ont été entendues, mais partiellement mises en place, croit Seychelle Harding. «On a choisi l’âge de 18 ans comme seuil minimal. On nous dit qu’il y aura des sommes pour la réadaptation et la prévention, mais ça reste à voir», lance-t-elle.

Ce mercredi, l’engouement autour de la consommation et de l’ouverture des succursales de vente apporte aussi son lot de questions, ajoute Mme. Harding. «On voit que le focus était sur les lignes d’attente, les magasins, les lignes d’attente», illustre-t-elle.

Au-delà de l’effet de normalisation que cet exercice peut avoir, la porte-parole s’oppose à cette décision «qui ne prend pas en compte les plus vulnérables de notre société». «Il ne faut pas les oublier pour autant», tranche-t-elle.

«Quand on a su que le gouvernement allait de l’avant, nos jeunes en centre aussi étaient préoccupés. Ils ont peur d’être en contact avec la drogue à leur sortie, de sentir la fumée à l’extérieur, bref, de devoir composer avec cette nouvelle réalité et de vivre avec.» -Seychelle Harding, directrice des communications de Portage

Portage espère que le gouvernement caquiste respectera ses promesses sur ce sujet, lui qui avait promis d’imposer l’âge minimal de consommation à 21 ans et qui voulait interdire l’usage du cannabis dans des lieux publics. «Le parti sympathisait avec nous à l’époque quand on avait présenté nos recommandations», avoue la responsable. Elle croit qu’il pourrait s’agir d’une ouverture pour son organisme.

Depuis 1973, année de sa fondation, Portage dit avoir aidé «des dizaines de milliers» de toxicomanes à vaincre leur dépendance.

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