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Nouvelle politique contre les agressions sexuelles à l’UdeM: les étudiants ne crient pas victoire

L’Université de Montréal (UdeM) a dévoilé lundi sa politique de lutte contre les agressions sexuelles sur son campus. Si elle était attendue par la communauté étudiante, ce plan ne répond pourtant toujours pas aux problèmes qu’elle a soulevés le mois dernier.

«On a une politique satisfaisante, mais qui réfère à un processus disciplinaire injuste, opaque et inéquitable», a déploré lundi le secrétaire général de la Fédération des associations étudiantes du campus de l’Université de Montréal (FAECUM), Matis Allali.

L’organisation étudiante réclame depuis quelques semaines un changement dans la composition du comité disciplinaire qui doit sanctionner les auteurs de violences sexuelles après qu’une plainte eut été déposée. Elle avait lancé une campagne «des chums qui jugent des chums», qui pointait du doigt la partialité de ce comité. Celui-ci est composé de professeurs et il est amené à sanctionner d’autres professeurs soupçonnés d’agressions sexuelles.

La composition de ce comité dépend du règlement disciplinaire de l’université, qui peut être modifié seulement si le Syndicat général des professeurs et des professeures de l’UdeM (SGPUM) accepte de modifier leur convention collective. Or, celui-ci s’y oppose.

La FAECUM continuera donc sa campagne, jusqu’à ce que le syndicat cède. Pour le regroupement étudiant, tant que la composition du comité n’aura pas été modifiée, la nouvelle politique de lutte aux violences sexuelles ne sera pas efficace. Il estime que c’est la direction de l’UdeM qui devrait sanctionner les coupables d’agressions sexuelles et non les professeurs.

«Quand quelqu’un vient me voir et me demande comment on porte plainte contre un prof, quand j’explique le processus, ça accroche sur le fait que la plainte sera jugée par de professeurs. C’est pour ça que les gens décident de ne pas porter plainte», a rapporté M. Allali.

S’il n’existe aucun chiffre formel sur les cas d’abandons de plaintes, le secrétaire général de la FAECUM évoque des dizaines de cas, signalés par de nombreuses associations au sein de la FAECUM, qui représente près de 40 000 étudiants.

L’Université, qui appuie les étudiants dans leur revendication, s’est cependant dite confiante d’arriver à une entente avec le syndicat des professeurs d’ici l’entrée en vigueur du règlement, prévue le 1er août prochain.

«On a jusqu’au 1er août pour tout mettre en place pour que la politique se réalise, alors c’est toujours notre souhait de s’entendre avec les professeurs», a précisé la porte-parole de l’Université de Montréal, Geneviève O’Meara.

Le syndicat des chargées et chargés de cours de l’UdeM (SCCCUM) s’est d’ailleurs dissocié de celui des professeurs la semaine dernière, se rangeant du côté des étudiants et de l’université sur la question des comités de discipline. Le syndicat a aussi salué la nouvelle politique, avançant toutefois certains points qui auraient mérité plus de précisions, comme les notions de confidentialité et de présomption d’innocence qui pourraient être renforcées. Ils ont aussi plaidé pour la création d’une ligne téléphonique ouverte tous les jours et à toute heure, où il serait possible de formuler une plainte en dehors des heures d’ouverture de l’administration.

Le Bureau d’intervention en matière de harcèlement de l’UdeM (BIMH) sera désormais le «guichet unique» pour les étudiants qui souhaitent déposer une plainte contre un professeur, un chargé de cours, un employé ou un autre étudiant de l’université. L’UdeM s’est aussi dotée d’un code de conduite qui interdit les relations intimes entre étudiants et professeurs.

«Il y a aussi un accent mis sur les mesures d’accommodement. Comment on peut accompagner une victime et respecter son choix dans son cheminement? C’est important parce que les victimes ne veulent pas toujours porter une plainte formelle, mais elles veulent se sentir écoutées. Elles veulent sentir qu’on peut les aider», a expliqué Geneviève O’Meara.

L’UdeM, comme tous les établissements d’enseignement postsecondaire du Québec, avait jusqu’au 1er janvier 2019 pour mettre en place un plan lutte contre les agressions sexuelles, tel que prévu par la loi 151 du gouvernement du Québec.

Au moment de mettre en ligne, personne au SGPUM n’avait rappelé Métro, malgré plusieurs demandes d’entrevue.

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