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Exposition: La «montréalisation» de Norman Bethune

Norman Bethune a vécu près d’une décennie à Montréal avant d’aller soigner les soldats de Mao Tsé-toung dans une Chine envahie par son voisin japonais. C’est au cours de ces années que le célèbre médecin a scellé son destin. «Ç’a été une époque charnière dans sa vie, explique le directeur du Centre d’histoire de Montréal, Jean-François Leclerc. Il est passé d’un médecin bon vivant, bohème et qui ne donnait pas de direction très claire à sa vie […] à un homme engagé et communiste.»

Dès demain, une exposition sur Norman Bethune s’ouvrira au Centre d’histoire de Montréal. Elle retracera la vie frénétique de ce médecin ontarien qui a vécu à Mont­réal de 1928 à 1936, avec des images inspirées de la bande dessinée et du pop art. Ce de­sign a été choisi pour mieux démontrer le parcours dé­lirant et rempli de con­trastes du Montréalais d’a­doption.

Nouvelle médecine
Norman Bethune est arrivé à Montréal en 1928. Après avoir été atteint de la tuberculose, il s’est intéressé à la chirurgie thoracique, qui était enseignée par une sommité en la matière, le Dr Edward Archibald, de l’Hôpital Royal-Victoria. Au cours de son apprentissage, il a redessiné des instruments chirurgicaux – certaines de ses versions améliorées sont encore utilisées aujourd’hui -, en plus de publier des articles sur ses découvertes. Le médecin s’est aussi laissé imprégner par la ville qui, en proie à une profonde crise économique, bouillonnait pourtant d’idées nouvelles.

À force de côtoyer des intellectuels, des artistes et des adeptes de la gauche, Bethune a découvert la médecine sociale. «Il a pris conscience des causes sociales de la maladie, raconte M. Leclerc. La maladie, ce n’est pas juste une affaire de virus ou de bactérie. Elle est aussi liée à la condition sociale.» Il a ainsi commencé à rêver d’un système de santé universel. Pendant ses journées de congé, il offrait ses services, au YMCA, aux personnes qui n’avaient pas les moyens de se payer une consultation médicale. «Il a aussi créé une sorte de comité de médecins et d’infirmières progressistes pour défendre l’idée d’une médecine sociale, rapporte Jean-François Leclerc. C’est un peu l’ancêtre de notre assurance maladie. Pour lui, ce n’était pas normal que la médecine soit une affaire privée, qu’on puisse la marchander.»

Le communisme
Pendant son séjour à Mont­réal, Norman Bethune a ad­héré au Parti communiste. Son engagement l’a poussé à s’enrôler dans les troupes républicaines pendant la Guerre civile espagnole (1936-1939) pour soigner les militaires. Il a continué à pratiquer sur les champs de bataille en Chine, où les soldats maoïstes combattaient une invasion de l’armée impériale du Japon. C’est au cours de ce dernier conflit qu’il a péri, le 12 novembre 1939. Lors d’une opération à mains nues, il s’est coupé la main et a contracté une infection qui a dégénéré. À la mémoire de Norman Bethune, Mao Tsé-toung a écrit un poème qui est appris par tous les petits Chinois. «C’est ce qui a lancé la carrière chinoise de Bethune», précise Jean-François Leclerc.

Exposition Les aventures de l’imprévisible Dr Bethune
Jusqu’au 29 août 2010
Au Centre d’histoire de Montréal
335, place D’Youville.

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