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Anie Samson: «Montréal a besoin de sang neuf»

Photo: Yves Provencher/Métro

D’ici les élections de novembre 2013, la route sera pleine d’incertitudes pour les élus montréalais. Les partis existants seront-ils de la course? De nouveaux joueurs s’y lanceront-ils? La coalition de Michael Applebaum tiendra-t-elle le coup? Métro s’est entretenu avec la mairesse de Villeray–Saint–Michel–Parc-Extension, Anie Samson, qui siège depuis peu comme indépendante.

En décembre, se sentant incapable de jouer son rôle de leader de l’opposition depuis que son parti, Vision Mont­réal, avait joint la coalition de Michael Applebaum, Anie Samson a choisi de devenir indépendante. Un mois plus tard, nous l’avons rencontrée à la mairie de son arrondissement pour faire le point sur l’avenir de Montréal.

Vous ne regrettez pas votre décision de siéger comme indépendante?
D’aucune façon. Ça n’a pas été une décision facile. Ce parti-là, je l’ai créé avec Pierre Bourque et j’étais la seule qui était là depuis 18 ans. Mais je ne me retrouvais plus dans ce parti qui a changé au fil des ans. J’avais besoin de revoir mes façons de faire. La coalition a été le petit coup de pied dans le derrière dont j’avais besoin pour partir.

Quelle est l’ambiance chez les élus depuis le départ de Gérald Tremblay, depuis la formation de la coalition et depuis que certains ont pris la décision de siéger comme indépendants?
C’est du jamais vu. Il n’y a jamais eu plus d’indépendants que d’élus du parti au pouvoir. Malgré tout, les indépendants ne forment pas un groupe. Je veux vivre mon indépendance pleinement. Il ne faut pas oublier que ce qui s’est passé, c’est à cause d’Union Montréal. Ce n’est pas parce qu’on devient indépendant qu’on n’est plus responsable de ce qui s’est passé. De voir qu’on peut quitter un parti et oublier le passé, ça m’a dégoûtée. Quand Tremblay a quitté, il était dans la merde, et son parti aussi. Montréal était dans la merde. Là, les mêmes joueurs gèrent encore la Ville, et l’opposition en fait partie. Tout le monde est dans la merde. Moi, je refuse de jouer cette partie-là.

Est-ce qu’on vous a offert une place au comité exécutif?
On m’a offert des postes, mais mes convictions m’empêchaient de les accepter. Quand on m’a présenté les offres, on m’a dit que je gagnerais plus d’argent. Ce n’est pas de l’argent que je veux, ce sont des idées, des convictions et une façon de faire! Je n’ai pas aimé ce marchandage.

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La population semble apprécier le fait que les élus travaillent ensemble. N’y a-t-il pas là un message pour revoir les façons de faire et mettre de côté le modèle «pouvoir contre opposition»?
Je le souhaite. Mais tout est encore très nouveau. Doit-on garder les partis politiques à Montréal? Il faut se poser la question. Il y a une cinquantaine d’années, il n’y avait pas de parti. Il y a eu un gros scandale de collusion et de corruption, et on a choisi de mettre en place des partis politiques. Ç’a réglé le problème pendant 50 ans. C’est sûr qu’on est à la croisée des chemins. Il faut faire les choses différemment.

Est-ce que vous avez l’impression que Montréal est entre meilleures mains avec la coalition?
Je suis convaincue que des positions qui n’ont jamais été entendues à l’exécutif seront défendues. Il est encore tôt pour voir des résultats. Ce qui est clair, c’est que le rôle de l’opposition n’est plus le même. Quand les allégations sur Michael Applebaum sont sorties [NDLR : la Commission Charbonneau et l’UPAC enquêtent sur des transactions immobilières impliquant M. Applebaum], Vision a dit faire pleinement confiance à M. Applebaum et Projet a dit faire pleinement confiance aux enquêteurs. Ils ont un peu les mains attachées.

Vous dites vouloir profiter de votre indépendance. Y a-t-il tout de même eu des discussions entre les indépendants pour se regrouper?
On en parle. S’il y a des regroupements à faire, c’est pour avoir plus de pouvoir au conseil de ville, plus de droit de parole. Mais ça ne touche pas le plan idéologique. Ce n’est pas vrai que je vais m’unir avec les anciens d’Union Montréal. Ce n’est pas parce qu’on est indépendants qu’on est tous pareils.

Jamais vous ne vous regrouperiez avec d’anciens élus d’Union Montréal?
Dans le contexte actuel, non. Est-ce que dans quelques mois il y aura de nouveaux partis politiques? On ne sait jamais. Cette année, des choses vont changer. Les vieux partis seront-ils encore nécessaires? Il est trop tôt pour le dire. Vers le mois de mai, on pourra connaître davantage la nouvelle toile de fond.

Si on parle de nouveaux partis ou de nouveaux joueurs, on ne peut pas taire le nom de Denis Coderre. Êtes-vous prête à suivre votre bon ami?

Je regarde toutes les options pour l’instant. C’est sûr que Denis et moi, on se connaît et on se parle. C’est un ami personnel. On a échangé beaucoup sur Montréal. S’il est intéressé à venir ici, grand bien lui fasse. Montréal a besoin de sang neuf. On a prouvé qu’entre nous, on stagne un peu. Il faut que les nouveaux venus soient amoureux de Montréal et qu’ils lui redonnent ses lettres de noblesse.

Denis Coderre vous a-t-il demandé d’être sa numéro deux?
On discute. Il n’y a pas d’équipe en place encore, mais on parle beaucoup de Mont­réal. Et je sais qu’il m’écoute.

De quoi Montréal a-t-elle le plus besoin?
D’amour. De respect. On le voit dans le cynisme des citoyens. Quand il neige, si ça glisse, c’est la faute de Montréal…

Comment peut-on lui donner de l’amour?
Il faut avoir le goût de faire avancer les choses, émettre des critiques constructives. Il faut parler de Montréal en bien. Mais comme la Commission Charbonneau reprend, le cynisme va continuer. C’est malheureusement un passage obligé.

Les conseils de Mme Samson
Nous avons demandé à Anie Samson de donner un conseil à chacune des personnes suivantes :

  • Michael Applebaum. «Je lui souhaite bonne chance!»
  • Louise Harel. «Qu’elle continue à défendre les intérêts des Montréalais. C’est ce qu’elle fait habituellement.»
  • Richard Bergeron. «Qu’il mette un peu son ego de côté.»
  • Denis Coderre. «Qu’il réfléchisse beaucoup à l’avenir de Montréal.»

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