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Durcir les normes de stationnement à Montréal

Photo: Yves Provencher/Métro

Deux élus montréalais ont annoncé mardi qu’ils serreraient la vis pour rendre les stationnements plus verts dans leurs arrondissements respectifs. Ils s’agit de Rosemont La-Petite-Patrie et du Plateau-Mont-Royal. Mais la problématique du stationnement va au delà du simple verdissement. Aperçu en trois points.

1. Des chiffres saisissants
Sachant qu’il y a 1,8 million de véhicules dans la région et qu’on dénombre généralement de 3 à 5 places par auto, il y aurait de 5,4 à 9 millions de places de stationnement dans la grande région de Montréal. «Sachant qu’une place fait en moyenne 16 m2, la totalité des stationnements de la région métropolitaine couvrirait un quart de la superficie de l’île de Montréal», note Daniel Bouchard, spécialiste des transports au Conseil régional de l’environnement (CRE-MTL). Chaque place de stationnement coûte 550$ par an, selon ses calculs. Cela comprend le coût du terrain et de la construction (amorti sur 40 ans), ainsi que son entretien (déneigement, nettoyage, remorquage, signalisation). Si on multiplie ce chiffre par le nombre de places de stationnement le plus conservateur (5,4 millions), on obtient la somme de 3G$. Cela revient à dire que les coûts liés au stationnement représentent chaque année le montant nécessaire à la construction de trois lignes de tramway. Stationnement de Montréal ne peut pas commenter la véracité de ces calculs.

2. Une question d’environnement
Les stationnements (tout comme les toits) sont source d’îlots de chaleur urbains en captant la chaleur qui peut alors grimper jusqu’à 50 °C. L’asphalte empêche aussi l’eau de pluie de percoler dans le sol, contribuant à encombrer les égouts lors des fortes pluies. Les stationnements grugent aussi trop d’espace public, selon plusieurs élus. Pour y remédier, le Bureau de la normalisation du Québec a publié récemment un guide gratuit de 85 pages. Parmi les nouveaux éléments, signalons la nécessité de verdir 15 % de la superficie des stationnements de plus de 10 cases et l’utilisation de matériaux réfléchissants ou permettant la percolation. Deux arrondissements ont signifié qu’ils changeraient leur réglementation pour s’y conformer. «Il y a un seul élément du guide qu’on ne suit pas, celui des bassins de rétention d’eau. Mais on va l’inclure prochainement», a promis le maire de Rosemont François Croteau. Si Stationnement de Montréal indique être «sensible à l’environnement, il ne faut pas négliger la question de la rentabilité», indique son porte parole Pierre Lalumière.

3. Au delà de l’écologie
Suppression de places de stationnement aux intersections et dans les parcs. Ajout de vignettes et de places tarifées. Les élus du Plateau n’ont pas lésiné pour réduire le nombre d’autos dans leur arrondissement, au grand dam de certains. «Revoir la question du stationnement est un sujet délicat», convient Véronique Jampierre, DG du Fonds d’action québécois pour le développement durable (FAQDD). «Mais à force, les gens vont finir par en voir l’utilité», affirme t-elle. Parmi les autres mesures envisagées figure la tarification modulée, déjà appliquée dans certaines rues de San Francisco. Au-delà de 80 % d’utilisation des places de stationnement dans un secteur, le tarif augmente. Et il diminue dans les heures creuses. Ce genre de mesure favoriserait une meilleure rotation des places de stationnement et augmenterait l’utilisation du transport en commun au cours des journées achalandées. Un projet-pilote similaire pourrait débuter cet automne, indique Stationnement de Montréal.

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