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Cuisiner pour s’intégrer

photo BisDans les cuisines du Buffet Insère Jeunes (Bis), les apprentis aide-cuisiniers doivent commencer à travailler à 7 h, dans un uniforme impeccable, et respecter les figures d’autorité. C’est déjà beaucoup pour certains de ces jeunes de 16 à 25 ans, dont 95% sont des décrocheurs, et qui travaillent fort pour s’intégrer à la vie professionnelle.

Kasandra a déjà été l’un d’entre eux. Il y a cinq ans, elle a quitté la Rive-Sud pour s’installer sans ses parents à Montréal. Sans diplôme d’école secondaire, elle avait de la difficulté à trouver un travail. Emploi-Québec l’a alors référée au Bis, une entreprise d’insertion sociale et professionnelle qui emploie et forme des jeunes sur une période de six mois.

«J’ai beaucoup aimé la formation que j’ai reçu, témoigne Kasandra. On apprend en faisant du vrai travail, en exécutant des vraies commandes.» Durant les premières semaines, les participants au Bis préparent de la nourriture de type «cafétéria», qui est ensuite livrée à des garderies, une école primaire et à la Chambre de la jeunesse. C’est le temps des premiers apprentissages techniques. «Ils apprennent par exemple à couper une grande quantité de légumes le plus rapidement possible, raconte Nicolas Faniel, intervenant psychosocial qui travaille au Bis depuis sept ans. Ils ont aussi une formation sur les mesures d’hygiène et de salubrité.» Le niveau de complexité des tâches augmente ensuite, puisqu’ils se lancent dans la cuisine de style traiteur puis dans la pâtisserie.

«Beaucoup de nos participants ont eu des vies parsemées d’embûches, remarque M. Faniel. De plus, 40% de notre clientèle n’est pas née au Canada. Beaucoup d’entre eux viennent tout juste d’immigrer et vivent encore un choc culturel.» Les participants n’apprennent donc pas uniquement à cuisiner. «Ils se préparent à vivre de façon autonome, à travailler en équipe et à assumer un contrat de travail», estime M. Faniel. Ils suivent aussi des ateliers de développement personnel et social portant entre autres sur la recherche d’emploi, la gestion des conflits, les relations de couple et la toxicomanie.

Après avoir complété ses six mois de formation, Kasandra a interrompu sa recherche d’emploi en raison d’une grossesse imprévue. Elle est ensuite revenue au Bis pour se spécialiser en cuisine de buffet. Aujourd’hui, elle est engagée par le Bis à la cafétéria de la Chambre de la jeunesse. «Je fais les commandes de nourriture, je gère ma caisse, j’ai des responsabilités qui m’ont fait constaté que j’ai un bon sens de la gestion», affirme la jeune femme, qui songe à se réorienter vers l’administration.

Kasandra fait partie des 74% de participants qui s’intègrent dans la vie active après avoir terminé leur formation. Certains trouvent des emplois, parfois dans le domaine de l’alimentation, alors que d’autres retournent à l’école, pour obtenir par exemple un diplôme d’études professionnelle (DEP) dans le domaine de la cuisine. «Il y a beaucoup de belles histoires, croit M. Faniel. Une de nos anciennes participantes est arrivée d’Haïti il y a huit mois. Aujourd’hui, elle a un poste dans les cuisines du restaurant français L’Express, sur Saint-Denis.»

49
Il existe 49 entreprises d’insertion au Québec, qui forment annuellement plus de 3000 personnes tout en générant une activité économique véritable. Chacune d’entre elles a sa spécialité : par exemple, certaines font de l’ébénisterie alors que d’autres réparent du matériel électronique, certaines emploient des personnes avec des déficiences intellectuelles alors que d’autres aident des femmes immigrantes.

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