Soutenez

Les contributions populaires aux partis municipaux en baisse de 47%

Photo: Yves Provencher/Métro

Les contributions populaires accordées aux partis politiques ont chuté de 47% de 2008 à 2012.

D’après une analyse du Directeur général des élections du Québec (DGEQ), publiée mardi, les partis municipaux ont récolté moins d’argent et ils ont enregistré moins de surplus en 2012. Ce qui fait qu’à la veille du déclenchement d’une campagne électorale, leur bas de laine est moins fourni qu’il ne l’était en 2009.

La professeure associée du Département d’études urbaines et touristiques de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), Danielle Pilette, attribue cette baisse des contributions politiques, qui a débuté en 2010, au déclenchement des nombreuses enquêtes policières portant sur le milieu municipal ainsi qu’aux révélations faites devant la Commission Charbonneau.

«Les firmes de génie-conseil ne voulaient plus contribuer et elles ne voulaient pas que leur nom apparaisse dans la liste des contributeurs aux partis municipaux et qu’un lien se fasse avec les contrats attribués, explique Mme Pilette. Après cela, ou bien on avait des prête-noms, ou bien on ne contribuait plus.»

La Loi sur l’éthique et la déontologie en matière municipale, adoptée sous le gouvernement de Jean Charest, a également refroidi les ardeurs des donateurs politiques. Elle obligeait toutes les municipalités à se doter d’un code d’éthique et de déontologie pour les élus. «Les élus ne pouvaient plus solliciter autant de collaborations pour le financement de leur parti parce qu’ils s’exposaient à des enquêtes», rapporte la professeure de l’UQAM.

En plus des contributions populaires, les partis municipaux ont obtenu, en 2012, près de 2,7 M$ de la part des municipalités. Celles-ci leur ont remboursé des dépenses électorales ainsi que des frais de vérification et elles leur ont accordé des budgets de recherche et de secrétariat.

«Pour le parti, la baisse des contributions populaires a une certaine importance, mais ce qui a beaucoup d’importance, c’est la contribution de la municipalité, fait remarquer Danielle Pilette. L’adhésion d’élus au parti permet d’aller chercher des budgets municipaux qui sont deux fois plus importants.»

Puisque les partis politiques ont peiné, en 2012, à remplir leur bas de laine, ils ont moins de surplus pour faire campagne. Danielle Pilette prévoit que les partis feront campagne de façon plus modeste. «Avant, il y avait beaucoup de surplus qui s’accumulaient et on avait tendance à rendre ces surplus liquides pour payer des faux bénévoles, a dit la professeure de l’UQAM. Là, avec moins de surplus, on va s’en tenir à des dépenses légales.»

Contributions politiques en 2012

En 2012, les trois partis politiques montréalais alors en activité à Montréal ont réussi à amasser près de 100 000$ en contributions politiques.

  • Projet Montréal: 118 772$
  • Vision Montréal: 111 110$
  • Union Montréal: 96 245$

Sommaire des revenus des partis politiques municipaux au Québec

  • 66,2%  (2 694 610$): Participation des municipalités
  • 28,7% (1 168 223$): Contributions populaires
  • 3,7%  (206 210$): Autres
  • 1,4% (57 169$): Adhésion

Réactions

Vision Montréal n’a pas été en mesure de dire si ses contributions populaires ont diminué depuis 4 ans. Sa chef, Louise Harel, a toutefois pu affirmé que son parti a recueilli de 115 000 à 120 000$ à chaque année depuis trois ans. Mme Harel croit par ailleurs que l’analyse du DGEQ concerne aussi Montréal.

Pour la prochaine campagne électorale, Vision Montréal prévoit dépenser 400 000$. Le parti, qui traine une lourde dette – elle atteignait 575 00$ en mai dernier -, présente des candidats seulement dans certains arrondissements de Montréal, les autres étant représentés par des candidats de la Coalition Montréal.

Puisque Québec a resserré les règles entourant le financement des partis politiques municipaux, Louise Harel s’attend à ce qu’il y ait moins de pancartes électorales et plus de médias sociaux pendant la prochaine campagne électorale.

De son côté, Projet Montréal ne se reconnaît pas dans l’analyse du DGEQ.

«Notre financement va très bien. Nos actifs suivent une belle évolution», a mentionné la porte-parole du parti, Catherine Maurice.

Depuis le début de l’année, le parti de Richard Bergeron a réussi à amasser 212 000$ en dons.

«Le pari que nous avons fait en 2004, lors de la fondation de Projet Montréal, de ne pas dépendre des réseaux d’argent, de faire du financement populaire, d’avoir des règles d’intégrité extrêmement, paye maintenant, a ajouté Mme Maurice. Nous sommes plus connus. C’est plus facile de solliciter des dons, mais [cette réputation] s’est bâtie au cours des neufs dernières années.»

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.