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Les Expos toujours vivants

Gary Carter, Andre Dawson, Steve Rogers, Tim Raines et Al Oliver, membres de l’équipe des Expos de 1982 Photo: Archives PC

Le baseball de la Ligue majeure reviendra à Montréal pour la première fois en 10 ans lorsque les Blue Jays de Toronto affronteront les Mets de New York au Stade olympique les 28 et 29 mars, mais les fans des Expos, eux, n’ont toujours pas oublié leur équipe fétiche. Officiellement, les Expos ont cessé d’exister en 2004, quand l’équipe a déménagé à Washington et est devenue les Nationals. Par contre, en tant qu’entreprise, les Expos existent toujours, et les fans n’ont pas décroché.

Une entreprise nommée Baseball Expos LP gère tous les droits liés à l’identité visuelle des Expos. La Ligue majeure de baseball (LMB) est propriétaire de l’entreprise et empoche tous ses profits.

Une chose est sûre, la marque des Expos est toujours très populaire, selon Matt Bourne, porte-parole de la LMB joint à New York. La marque de commerce des Expos est «très compétitive» dans le marché des équipes disparues, d’après lui.

Les Expos seraient toutefois moins populaires que certaines équipes déchues légendaires, dont les Dodgers de Brooklyn ou les Giants de New York, deux équipes qui ont quitté la Grande Pomme en 1957.

«Les Dodgers, en particulier, avaient une longue histoire d’amour avec les fans, affirme M. Bourne. Ils étaient là au tournant du XXe siècle! C’est clair que leurs fans leur sont fidèles. Les Montréalais ont eu moins de temps pour s’attacher à leur équipe. En plus, New York, c’est immense. Il y a un plus gros bassin de gens susceptibles de rester intéressés aux Dodgers. Les Expos, dans le contexte de la ligue au complet, ça reste un beau niche market [marché restreint], même s’ils sont très populaires dans votre ville.»

Survie sur le web
Patrick Desnoyers est webmestre du site ExposNation, un site non autorisé par la LMB, qui vise promouvoir le retour des Expos à Montréal. Le webmestre fait partie d’un comité de huit passionnés qui se sont donné pour but de voir le retour de «Nos Amours».

Le site est mis à jour régulièrement et a son pendant sur Twitter et Facebook. Ce dernier est particulièrement populaire, avec près de 169 000 «j’aime». «Tous les jours, à peu près 30 personnes nous ajoutent sur Facebook», estime M. Desnoyers.

Même son de cloche du côté du groupe Facebook privé «Ramenez les Expos à Mont­réal», qui compte un peu moins de 3300 membres. Son fondateur, Martin Douville, y milite depuis au moins trois ans.

«À un certain moment, notre page avait même plus de “j’aime” que celle des Nationals de Washington!» dit Patrick Desnoyers, à propos de la page Facebook du site.

Et cette effervescence sur le web faciliterait la vie des fans. «Avant Facebook et YouTube, ce n’était pas facile de voir d’anciens matchs des Expos. Maintenant, avec tout ça, on n’a plus besoin d’aller chercher de vieilles cassettes VHS dans le sous-sol!» lance Étienne Hallé, un amateur de 29 ans habitant Victoriaville.

Plusieurs matchs des Expos sont d’ailleurs offerts dans leur intégralité sur YouTube. Un enregistrement en particulier, celui des Phillies de Philadelphie contre les Expos à Montréal le 4 octobre 1980, a près de 5000 visionnements et 40 commentaires à son actif. Pas mal pour une vidéo de près de quatre heures!

L’amertume

Bien des amateurs ont mal digéré le départ de leur équipe fétiche. Le premier à pouvoir en témoigner est Rodger Brulotte, le commentateur radio et télévision et créateur du célèbre «Bonsoir, elle est partie!» qui accompagnait chaque coup de circuit des Expos. M. Brulotte a commencé sa carrière en 1969 auprès de l’équipe. «On va être clair, ce ne sont pas les fans qui ont perdu les Expos, ce sont les gens d’affaires qui leur ont enlevé l’équipe», laisse-t-il tomber au bout du fil.

Mais y avait-il un réel engouement pour l’équipe?

Interrogé sur le vieil adage qui dit que «les Montréalais ne soutiennent que les équipes gagnantes» – or, les Expos n’ont jamais remporté de championnat… –, M. Brulotte récite un chapelet d’exploits et de dates que Métro ne parvient pas à prendre en note… «Les Expos ont été au moins 15 fois dans la course au championnat à partir de 1979 et, quelques fois, ils se sont retrouvés dans la dernière semaine de la compétition. Ce n’est pas vrai que les Expos n’étaient pas une équipe gagnante», rétorque-t-il.

«Il est faux de dire que [la défection des] fans a causé le départ de l’équipe, renchérit Patrick Desnoyers. Les problèmes avec le Stade olympique étaient aussi en cause. Et les propriétaires ont refusé d’investir dans l’équipe.»

«Les gens l’oublient souvent, mais au début des années 1980, les Expos étaient aussi, sinon plus populaires que le Canadien de Montréal», croit quant à lui Martin Douville.

Une affaire de nostalgie… et de famille!
Jean-Philippe a 18 ans, ce qui veut dire qu’il avait à peine 8 ans quand les Expos ont quitté Mont­réal. Ça ne l’empêche pas d’être un farouche partisan de cette équipe qu’il a à peine connue.

«Pour moi, l’amour du baseball, ça vient de mon père, confie-t-il. J’ai joué au baseball quand j’étais petit. J’ai passé plusieurs après-midi au Stade olympique, avec mon père, à regarder les Expos jouer. Il y a un proverbe qui dit quelque chose comme: “Des fois, tu ne sais pas ce que t’as perdu avant de l’avoir perdu.” Je crois que c’est ça qui est arrivé avec les Expos. Quand les gens ont réalisé ce qu’ils perdaient, il était trop tard.»

Presque tous les fans qui ont parlé à Métro font part d’une nostalgie similaire. «On a ça encore dans le cœur; il y a certainement un aspect de nostalgie», illustre M. Desnoyers.

Pour bien des fans – surtout les plus jeunes –, il y a aussi un côté familial à leur amour des Expos, ce qui ne surprend pas Rodger Brulotte. «Le baseball, c’est un sport familial, ça fait partie d’une tradition, constate-t-il. Quand on écoute le baseball, on ne doit pas forcément faire attention à tout ce qui se passe, comme au hockey, par exemple. On peut regarder un match en jasant, en passant du temps en famille. T’as le temps de discuter, t’es assis pendant trois heures.»

Le fils de Martin Douville semble s’inscrire dans cette lignée. «Mon gars, à 12 ans, est un maniaque des Expos. Il me dit qu’il se souvient d’avoir vu les Expos, mais je ne le crois pas!» lance-t-il en ricanant. Pourtant, M. Douville est enseignant au secondaire, et il affirme que la majorité de ses élèves connaissent très bien les Expos.

«Mon grand-père priait pour que les Expos gagnent plus souvent, vous vous imaginez?» renchérit Étienne Hallé.

***
Des fans qui viennent de loin
Métro a déniché des fans des Expos qui habitent à l’étranger.

  • Michigan
    «J’ai commencé à écouter les Expos juste avant qu’ils s’éteignent. Je me suis ensuite informé sur l’histoire de l’équipe. C’était la première équipe de baseball professionnel à l’extérieur des États-Unis, vous savez? C’est énorme! J’utilise mon compte Twitter professionnel pour parler d’eux à chaque occasion que j’ai!» – Joe Judd, 20 ans, journaliste sportif au Central Michigan Life, Mount-Pleasant, Michigan, États-Unis
  • Berlin
    «J’allais à pratiquement tous les matchs. J’ai des amis [à Berlin] qui aiment aussi les Expos. Vous savez, les gens qui aiment les Expos les aiment vraiment.» – Sylvain Coutandin, 43 ans, Berlin, en Allemagne. M. Coutandin est tombé amoureux des Expos lors d’un séjour à Montréal de 1993 à 1994, alors qu’il se trouvait dans la métropole pour y étudier.

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