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Une loi pour imposer un péage au pont

OTTAWA – C’est maintenant noir sur blanc et on ne peut plus officiel: Ottawa imposera un péage sur le pont qui remplacera le pont Champlain.

Le ministre fédéral des Finances a glissé une «Loi visant le nouveau pont pour le Saint-Laurent» dans son projet de loi de mise en oeuvre du budget. Ce projet de loi, comme les précédents, couvre beaucoup plus que le budget et compte plus de 350 pages. On peut donc, encore une fois, parler de loi-mammouth.

Dans la nouvelle loi sur ce pont qui lie Montréal à la rive sud du Saint-Laurent, Ottawa se donne le droit de fixer, par un règlement, le montant du péage. Le gouvernement fédéral exempte aussi ce pont de la Loi sur les ponts.

Ceci permettra à Ottawa de faire avancer le projet de construction en partenariat public-privé (PPP) et de se passer de permis si c’est jugé dans l’intérêt public, explique-t-on au bureau du ministre fédéral Denis Lebel, responsable du dossier.

«Nous avons toujours dit qu’il y aura un péage sur le nouveau pont», a rappelé, dans un courriel, la porte-parole du ministre Lebel.

Depuis le début de cette aventure, à Québec, à Montréal et dans sa banlieue, les élus ont signifié à répétition au ministre Lebel qu’ils ne veulent pas d’un pont à péage. Ils s’inquiètent de l’impact de cette décision sur les autres ponts qui relient la banlieue sud à Montréal.

L’opposition à Ottawa a donc repris ses dénonciations de l’entêtement du gouvernement Harper.

«Nous avons dit depuis longtemps qu’il faut avoir un plan d’affaires pour cela. Et il semble que le gouvernement n’a pas de plan d’affaires», a reproché le libéral John McCallum.

«Malgré toutes les contestations, ils vont de l’avant», s’est désolée, pour sa part, la néo-démocrate Sadia Groguhé.

D’après le bloquiste Louis Plamondon, le péage «étouffera» le développement économique de Montréal. «Cet axe routier est pourtant la pierre angulaire du commerce québécois et la porte d’accès au marché américain», a-t-il dit dans un communiqué.

Le maire de Montréal, Denis Coderre, a pour sa part qualifié d’inacceptable le projet de loi imposant un péage sur le futur pont Champlain et a déploré la méthode utilisée pour imposer cette décision.

«Toujours la petite passe du vendredi, par en arrière, from nowhere», a laissé tomber le maire Coderre lors d’une conférence de presse à l’hôtel de ville à la suite d’une rencontre avec le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault.

Reprochant au gouvernement Harper de s’immiscer dans la présente campagne électorale provinciale avec ce geste, le maire a répété que cette décision risque de se traduire à terme par des péages sur les autres ponts. Cela créerait ce qu’il a appelé un effet trou de beigne qui isolerait Montréal et provoquerait un exode de commerces, d’entreprises et de résidants.

Il a averti qu’il n’avait pas l’intention d’en rester là.

«Ça se défait des lois. Il va y avoir des élections (fédérales) en 2015. On va y réfléchir sérieusement. En attendant, il faut continuer à garder le cap», a dit le maire Coderre.

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