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Péage sur le pont Champlain: «Je sens une ouverture d’Ottawa», dit Robert Poëti

Fraîchement nommé à la tête du ministère des Transports du Québec (MTQ), Robert Poëti estime que son gouvernement fédéraliste saura faire reculer Ottawa quant à l’instauration d’un péage sur le futur pont Champlain. Métro s’est entretenu avec le député, qui a aussi été nommé responsable de la région de Montréal.

Même en vacances, le maire de la métropole, Denis Coderre, n’a pas manqué l’occasion de souligner sa joie de voir un Montréalais prendre les commandes du MTQ. Qu’en pensez-vous?

Je suis d’accord avec lui. C’est un atout que je vienne de Montréal. Je suis au fait des enjeux liés aux infrastructures et au transport. En plus, ça fait déjà plusieurs années que je connais M. Coderre, notre relation personnelle va certainement aider nos rapports professionnels.

M. Coderre s’est allié avec les maires de la grande région de Montréal pour s’opposer au péage que le gouvernement Harper veut imposer sur le futur pont Champlain. Vous croyez pouvoir les aider?

Je l’espère. Dans des discussions de partenariats de cette ampleur, tout le monde doit faire un pas en direction de l’autre. Sans méchanceté, je crois qu’avec l’ancien gouvernement péquiste, qui a comme numéro un au programme la séparation [du Québec], c’était moins évident pour Ottawa de faire un pas en avant.

Vous êtes donc certain de réussir à faire reculer Ottawa?

Non, mais ce dont je suis certain, c’est que nous entrons dans une nouvelle ère politique, l’heure est à la collaboration. Les maires nous ont prouvé qu’ils peuvent travailler et parler d’une même voix. Philippe Couillard a émis le souhait de travailler avec tous les partis. On vit un moment politique unique, ce que je vois devant moi me rassure et je sens une ouverture d’Ottawa.

Parlant de collaboration, le chef de l’opposition à Montréal, Richard Bergeron, a uni sa voix à celle de M. Coderre pour demander à Québec de financer le recouvrement de l’autoroute Ville-Marie. Le ferez-vous?

Oui, je vais d’ailleurs rencontrer M. Coderre à très court terme et nous pourrons discuter du budget. Il reste à s’entendre sur les coûts, évidemment, mais Philippe Couillard a identifié ce projet comme une de ses priorités durant la campagne électorale.

M. Couillard s’est aussi engagé durant la campagne à adopter la Loi sur l’inspecteur général. Quand cela sera-t-il fait?
Ce n’est pas moi qui décidera de l’agenda parlementaire, mais je crois bien que ce sera fait avant l’été. Je ne suis pas en mesure de savoir dans quel ordre seront traités les projets de loi prioritaires, comme celui-ci, mais aussi celui sur les soins de fin de vie. De toute façon, je crois que M. Couillard et moi-même avons clairement montré notre appui à M. Coderre, on va lui donner. En plus, ça n’empêche pas son inspecteur général de commencer son travail, ce qu’il est déjà en train de faire.

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Que pensez-vous des demandes reliées au statut particulier de Montréal? Le maire souhaite diversifier ses sources de financement, mais aussi obtenir davantage de pouvoirs en matière d’immigration, de sécurité et de transport. Je crois, comme le premier ministre, qu’il faut donner aux villes les pouvoirs dont elles ont besoin pour accomplir leurs mandats. De là à tout donner les pouvoirs de Québec, la réponse est non. Nous avons aussi un rôle à jouer comme gouvernement provincial. Mais nous serons prêts à faire les compromis qu’il faut avec nos élus municipaux.

À travers les témoignages de la Commission Charbonneau, on constate qu’il y a eu une culture de collusion et de corruption. Ferez-vous le «ménage» nécessaire?

Je crois que le ménage est bien commencé. Je ne peux pas changer le passé, mais je vais certainement agir sur le présent et le futur. Les gens qui ont procédé à de la collusion n’ont pas leur place dans des postes de gestion au Québec. Je ne ferais pas de compromis en matière de transparence et des têtes tomberont, s’il le faut.

Mais dans ce cas, la nomination de Jean d’Amour comme ministre délégué aux Transports, qui a plaidé coupable pour lobbying illégal, ne vous met-elle pas mal à l’aise?
Il a fait une erreur, certes, mais il a plaidé coupable et a eu sa sentence. J’estime qu’il a payé sa dette à la société. Surtout, il a passé le «tri sécuritaire» de M. Couillard et a obtenu sa confiance. Je lui fais donc confiance.

En tant qu’ancien officier de la Sécurité du Québec, vous avez souvent pris la parole durant la crise étudiante, vous portant à la défense des policiers. Avez-vous peur que cette image vous nuise?

Je ne crois pas que ça va me nuire. Ceux qui m’en veulent n’ont peut-être pas saisi mes propos. Je crois que durant cette crise de société, il y a eu un bris de démocratie, certains groupes ont abusé. Mais je ne crois pas que mes relations avec les étudiants soient mauvaises, si c’est le cas je vais corriger le tir.

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