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Ce que révèlent les Métro Flirts

Photo: Getty Images

Pendant un an, trois chercheurs de l’Université du Québec à Montréal ont analysé 954 Métro Flirts, ces messages de lecteurs de Métro destinés à des personnes qui ont attiré leur regard dans les transports en commun.

Métro Wagon STMUn espace d’une grande richesse
«C’est un corpus d’une grande richesse ethnographique, déclare Mouloud Boukala, professeur à l’École des médias de l’UQAM. Ça nous renseigne sur la façon dont les gens se rencontrent dans les transports en commun, sur ce qui retient leur attention, sur la façon dont ils se définissent et présentent l’autre.» La particularité du métro est que c’est un espace quotidien et obligatoire, un espace commun à forte densité et à forte sociabilité, où se côtoient des groupes ethniques et sociaux différents. C’est un endroit marqué par des rencontres éphémères. «La plupart des gens sont dans un état où ils regardent sans regarder, disponibles à ce qui pourrait se passer et à cette offre abondante de partenaires potentiels», décrit M. Boukala.

Métro flirtQui, quand, où?
D’après les données compilées par M. Boukala et ses collègues, les hommes sont beaucoup plus nombreux à écrire des Métro Flirts, dans une proportion de 65%. Par ailleurs, c’est au mois de mars que les romantiques sont les plus inspirés. Autre statistique, 70% des rencontres décrites dans les messages ont eu lieu dans le métro, 25% dans un autobus et 2% dans un train de banlieue. C’est la ligne orange et la station Berri-UQAM qui sont les plus populaires. Les rencontres se font principalement dans les wagons, mais parfois aussi sur le quai, dans un escalier ou dans un dépanneur de la station. C’est le vendredi qu’elles ont le plus souvent lieu,
et surtout au cours des heures de pointe.

Regard femme -2Les yeux, éléments de séduction par excellence
Quelles sont les caractéristiques qui attirent l’attention d’un partenaire potentiel? Il semblerait que ce soit principalement les yeux, puisque c’est un élément physique mentionné dans près de la moitié des messages. Ce sont ensuite les cheveux, les mains, la bouche et les lèvres. L’origine ethnique est parfois citée, mais aucune n’est plus fréquente qu’une autre. Par ailleurs, une grande partie des personnes décrites s’adonnent à la lecture ou écoutent de la musique. Les vêtements et les objets portés sont parfois remarqués, et c’est Adidas qui remporte la palme de la marque la plus citée.

Rose lettreLe grand amour
«Plusieurs messages sont des versions modernes des lettres d’amour», remarque M. Boukala. En effet, environ le tiers de ceux-ci utilisent des termes amoureux. En voici un exemple: «Je suis en manque de toi. Depuis décembre j’espère te revoir et je fais des scénarios pour notre rencontre. J’aimerais savoir ton nom, au moins, pour savoir à qui je rêve, car je ne suis plus que l’ombre de moi-même depuis décembre.» Plusieurs expriment une certaine tristesse causée par le départ de l’autre, et 135 messages manifestent un espoir de réponse. Finalement, si beaucoup expriment le désir de communiquer avec l’être convoité, bien peu rapportent que des gestes et des paroles ont réellement été échangés. Les usagers du métro sont-ils timides?

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