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La mort de Mathilde Blais aurait pu être évitée

Un vélo blanc a été installé sous le viaduc Saint-Denis en mémoire de la cycliste décédée Mathilde Blais Photo: Josie Desmarais/Métro

La mort de la cycliste Mathilde Blais, sous le viaduc des Carrières à Montréal en avril, aurait pu être évitée, conclut le coroner Paul G. Dionne dans son rapport rendu public mardi.

M. Dionne précise notamment que si le camion-remorque avait laissé le passage à la cycliste ou empiété sur la voie de gauche, l’accident n’aurait pas eu lieu. Si une jupe latérale avait été installée sur la remorque, la cycliste ne se serait pas retrouvée la tête sous la roue interne, ajoute le rapport.

Dans la chronologie détaillée des événements dans son rapport, M. Dionne indique qu’après que Mathilde Blais se soit engagée dans le tunnel un matin d’avril, au volant de son BIXI, «le camion-remorque [qui la suivait] s’éloigne de madame et revient légèrement dans sa voie afin de maintenir ouverte la voie de gauche et bien s’enligner sur la hauteur sécuritaire du viaduc». Le coroner ne peut dire si Mme Blais a été heurtée «ou a tout simplement repris plus d’espace au passage du camion (le plus probable) ne s’apercevant pas qu’il y avait aussi une remorque», ajoute le rapport.

La cycliste a été happée mortellement à la tête par les roues avant droites de la remorque du camion.

Dans sa liste de recommandations, M. Dionne demande au ministre des Transports et à la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) «d’enchâsser dans un règlement les distances minimales entre un véhicule moteur et un vélo» quand aura lieu la révision du Code de la sécurité routière. Vélo Québec souhaite qu’une distance d’un mètre soit inscrite au Code. Le coroner recommande également à Transport Canada de préciser ses plans pour l’emploi de jupes latérales.

Le NPD a également rappelé mardi, à la suite de ce rapport, «la pertinence de son projet de loi visant à rendre obligatoire l’installation de jupes latérales sur les véhicules lourds».

À la suite des événements d’avril, la Ville de Montréal est intervenue sur 31 viaducs, où elle a autorisé temporairement le partage du trottoir entre les vélos et les piétons par du marquage et une nouvelle signalisation.

La réalisation des mesures permanentes, soit un aménagement réservé aux cyclistes sur la voie, est en cours a rappelé mardi le responsables des transports à la Ville, Aref Salem, notamment sous le viaduc Saint-Laurent où les travaux ont débuté en juin et devraient se terminer l’an prochain. Un budget de 6M$ sera consacré dans le prochain PTI de la Ville pour la poursuite des travaux sur les autres viaducs.

Le maire de Rosemont–La Petite-Patrie, François Croteau, a toutefois exigé mardi que la sécurisation permanente des viaducs pour les vélos soit réalisée d’ici le printemps prochain. «On ne doit pas prendre le risque que les mesures temporaires deviennent des mesures permanentes. Il faut assurer la sécurité des piétons [qui partagent le trottoir]», a exprimé M. Croteau en conférence de presse à la suite de la publication du rapport du coroner.

D’ici 5 ans, 1000 camions lourds de la Ville de Montréal seront également équipés de barres de protection sur les côtés pour protéger les piétons et les cyclistes en cas de collision latérale, dont 70 camions en 2014. L’administration souhaiterait également que cette mesure s’applique à l’ensemble des véhicules lourds qui circulent sur son territoire, dont les camions commerciaux. Le maire de Montréal, Denis Coderre, a d’ailleurs envoyé cet été une lettre à la ministre des Transports du Canada, Lisa Raitt, pour demander de revoir la règlementation.

Selon Projet Montréal, la Ville devrait se questionner sur la présence d’aussi gros camions, comme dans le cas de la mort de Mme Blais, dans les secteurs densément peuplés de la Ville.

Mme Samson a rappelé que, selon la loi, les camions lourds sont interdits de passage dans certaines rues locales. Elle a toutefois indiqué qu’elle évalue la possibilité d’élargir cette mesure sur un plus grand périmètre, surtout dans les quartiers centraux. «On se questionne régulièrement, mais comment le faire concrètement? Ce sera aussi avec l’Association du camionnage du Québec qu’il faudra faire le travail», a-t-elle déclaré en point de presse.

M. Salem a ajouté que Montréal transmettra en janvier son mémoire au ministère des Transports, qui en est à revoir le Code de la sécurité routière, et «étudie» actuellement la possibilité d’y suggérer une distance fixe à respecter entre les voitures et les cyclistes.

Craig Sauvé de Projet Montréal s’est inquiété de la promesse de l’administration Coderre quant à la réalisation de près de 50km de voies cyclables pour 2014. «Il nous faut un plan d’action précis pour savoir combien de personnels et de ressources ils ont pour permettre la réalisation de cette promesse», a affirmé M.Craig.

À ceci, M. Salem a répondu que le bilan serait bientôt publié et qu’il ferait part à ce moment d’où en est rendue la construction.

Changement de signalisation

Au moment de l’installation des mesures temporaires de sécurisation des viaducs pour les cyclistes, la Ville a placé un panneau de signalisation à l’entrée des trottoirs pour prévoir le partage de ceux-ci entre piétons et cyclistes.

Photo 1 signalisation viaducs

Certains policiers auraient toutefois mal interprété cette signalisation, indique la Ville, croyant que les cyclistes devaient circuler à côté de leur vélo, ce qui a mené à la distribution de certains constats d’infractions aux cyclistes.

La Ville a planché cet été sur la création d’un nouveau panneau qui a été homologué par le ministère des Transports récemment et devrait remplacer le panneau controversé bientôt.

Photo 2 panneau viaduc

Aref Salem a expliqué que ce nouveau panneau désigne une voie réservée pour piétons et cyclistes en partage de la route.

Viaduc de l’avenue du Parc

François Croteau a déploré mardi que le seul viaduc n’ayant pas encore été sécurisé est le viaduc de l’avenue du Parc, dans l’arrondissement de Villeray. Il a lancé une flèche à l’endroit de la mairesse de l’arrondissement, Anie Samson, en la pressant de permettre le passage des cyclistes sur le trottoir.

Mme Samson a précisé que ses fonctionnaires sont en lien avec la ville centre depuis le tragique événement ayant mené à la mort de Mme Blais et connaissaient le problème d’interprétation du panneau de signalisation. Pour éviter la confusion, elle a préféré attendre ce nouveau panneau qui vient d’être approuvé par le ministère des Transports avant de mettre sur pied les mesures temporaires.

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