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51% des travailleurs montréalais préfèrent la voiture

Auto congestion trafic
Une route congestionnée Photo: Getty Images/iStockphoto

Malgré la congestion sur le réseau artériel, plus d’un Montréalais sur deux utilise sa voiture pour se rendre au travail. Plus on s’éloigne du centre, plus l’auto est le moyen de transport de choix.

C’est ce que révèlent les données recueillies par Statistique Canada lors de l’enquête nationale des ménages de 2011 et publiées sur le site Internet de la Ville de Montréal.

Sans surprise, ce sont les Montréalais qui habitent loin des quartiers centraux, où se trouvent les plus grands pôles d’emploi, et dans les endroits les moins densément peuplés qui ont tendance à se fier à leur voiture.

Parmi les arrondissements, c’est à L’Île-Bizard (81 %) qu’on trouve la plus forte proportion d’automobilistes. Pierrefonds (75 %), Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles (72,5 %), Lachine (68 %) et Saint-Léonard (64,5 %) complètent le top 5.

Dans les villes liées de l’île, ce sont les travailleurs de Kirkland (78,3 %), Senneville (77,9 %), Beaconsfield (74,9 %) et Hampstead (74,9 %) qui comptent le plus sur la voiture pour se rendre au bureau.

«Les gens se déplacent pourquoi? Pour travailler et pour étudier, principalement, constate Florence Junca-Adenot, professeure associée à l’école de gestion de l’UQAM. Dans les endroits où il y a une proximité entre où ils habitent et où ils travaillent et étudient, il va y avoir moins de congestion générée parce que les gens vont prendre le transport collectif ou actif.»

D’ailleurs, dans le Plateau-Mont-Royal, près de trois travailleurs sur quatre utilisent d’autres moyens de transport que la voiture pour se rendre au travail. C’est la proportion la plus forte à Montréal.

Selon une étude publiée à l’été 2014 par Tomtom, une firme spécialisée dans le recueillement de données sur la circulation, Montréal se retrouvait en quatrième place des villes canadiennes les plus congestionnées en 2013. L’automobiliste montréalais a perdu en moyenne 78 heures dans la circulation. Une perte de temps qui peut nuire à la productivité des entreprises.

«On ne peut pas dire que la congestion est uniquement sur les ponts, indique Mme Junca-Adenot. Vous en avez sur l’île de Montréal qui est générée par les gens qui viennent de l’extérieur de l’île, mais aussi de l’île elle-même. Par exemple, le trafic qui émane de Pointe-aux-Trembles va ressembler étrangement à celui de Terrebonne.»

Dans l’agglomération de Montréal, la quantité de voitures en circulation a augmenté beaucoup plus rapidement que la population. Entre 2006 et 2011, la population s’est accrue de 1,73%. La quantité de voitures, 6,35%.

Un peu plus du tiers des Montréalais utilisent le transport collectif pour se rendre au travail. C’est bien, mais selon Mme Junca-Adenot, cette proportion doit s’accroître pour s’attaquer au problème de la congestion. Mais les campagnes de sensibilisation ne suffiront pas.

«Il faut déployer l’offre de service de transport collectif sur l’ensemble du territoire de la façon la moins coûteuse, affirme-t-elle. C’est-à-dire, des voies réservées aux autobus. Il faut offrir du service là où il n’y en a pas.»

Selon l’ex-patronne de l’Agence métropolitaine de transport (AMT), les travailleurs ne veulent pas zigzaguer en autobus dans leur quartier pour cueillir les autres usagers; ils veulent se rendre directement du point A au point B. Il faudrait donc aménager plus de points d’entrée au réseau de transports collectifs où les utilisateurs peuvent se regrouper. Par exemple, des stationnements incitatifs en bordure des grandes artères.

Mais la précarité financière de la Ville et de la Société de transport de Montréal (STM) rend difficile la bonification de l’offre de services.

«On n’est pas dans l’ère de décupler l’offre, mais dans l’ère de la mise à niveau des infrastructures existantes», fait valoir Mme Junca-Adenot.

Cette dernière ajoute que la diversification des moyens de transport collectif n’est qu’une pièce du casse-tête.

«Les prochains développements doivent essayer de créer des quartiers multifonctionnels, mentionne-t-elle. Il faut choisir de construire autour de pôles de transport collectif, si possible, là où il y a déjà des emplois. Il faut mêler commerces, services, employeurs et résidences. En faisant cela, vous venez de travailler sur la congestion.»

Mais les quartiers ne vivent pas en autarcie; il faut une conception régionale du développement, plaide la professeure. Le Plan métropolitain d’aménagement et de développement (PMAD), qui comporte un volet sur la mobilité, pourrait jouer ce rôle.

Mais encore faut-il que «les mesures se mettent en place et que tout le monde marche dans le même sens. Pour l’instant, il n’y a pas de chef d’orchestre unique», conclut Florence Junca-Adenot.

Population selon le mode de transport utilisé dans les déplacements domicile – lieu de travail

tableau trafic

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