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Aménagement urbain: Montréal sous la loupe des Français

Photo: Yves Provencher/Métro

La France s’est dotée d’un Code de la rue en 2008, ce qui a permis aux villes de réaménager avec audace leur espace public. Le docteur en économie des transports de Lyon, Benoît Hiron, a participé à son élaboration et a observé ses impacts. Il a hâte de voir comment Montréal s’y prendra pour, notamment, donner un nouveau visage à la rue Sainte-Catherine.

«Soyez créatifs, a-t-il lancé lundi, lors d’une visite à la Maison des cyclistes, à l’invitation de Vélo Québec. On attend que vous nous inventiez des choses qui soient adaptées à la situation de Montréal.»

Des choix devront être faits en ce qui concerne l’espace dédié au stationnement ainsi qu’à la circulation automobile, cycliste et piétonne, a toutefois souligné le Dr Hiron.

«Il y a différentes façons d’y arriver, a-t-il dit. Soit c’est la loi du plus fort – c’est l’automobile qui occupe tout –, soit il doit y avoir une redistribution de l’espace public.»

Le Code de la rue, qui a été instauré dans l’Hexagone il y a six ans, a ouvert la porte aux Villes qui souhaitaient réviser le partage de l’espace public. Il prévoit qu’une cohabitation respectueuse doit prévaloir. En ce sens, les automobilistes et les cyclistes ont notamment l’obligation «d’adopter une comportement prudent et respectueux» envers les piétons. Ils doivent aussi leur céder le passage lorsqu’ils sont engagés pour traverser la rue.

«À Nantes, vous vous présentez pour traverser et le trafic s’arrête automatiquement, a rapporté Benoît Hiron. C’est magique. Quand on vient d’ailleurs, on le teste plein de fois. Mais ça ne marche pas à Lyon, à Paris, à Marseille et à Nice.»

Les Villes n’ont pas l’obligation d’appliquer le Code de la rue. Celui-ci se veut plutôt «un signal fort» que l’État a envoyé aux Villes, qui sont enjointes d’adapter le Code selon leur réalité. Des Villes se sont lancées dans une importante réflexion, alors que d’autres, dont le M. Hiron a préféré taire les noms, ont plutôt poursuivi leur développement routier.

L’instauration du Code de la rue en France a entraîné l’apparition des double-sens cyclables, la création de zones de rencontre accessibles tant pour les cyclistes, les piétons que les automobilistes, le prolongement des zones de 30km/h et la diminution de la vitesse sur de grands axes routiers.

«Il y a une trentaine d’agglomérations qui annoncent que d’ici 2020, le 30km/h sera une mesure générale», a ajouté Benoit Hiron.

Le Plan national des mobilités actives, qui a été lancé plus tôt cette année, élargit encore plus les possibilités, notamment en ce qui a trait au marquage au sol, aux contraventions aux automobilistes et à la position des cyclistes.

Pour que Montréal puisse suivre l’exemple des villes françaises, des solutions doivent être trouvées pour les déplacements en hiver, d’après Benoît Hiron. Il a proposé que des aménagements mobiles pourraient être installés pendant une partie de l’année et être retirés pendant les mois où il neige. «Sachez qu’il neige à Copenhague et quand il y a de la neige, la ville fonctionne, a-t-il fait savoir. Avant, ils déneigeaient les voitures en premier. Maintenant, ils déneigent d’abord les pistes cyclables et après les voitures parce que les automobilistes arrivent mieux à se débrouiller dans la neige que les cyclistes.»

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