Capsule historique: La Main, carrefour complexe et fascinant

Chaque lundi, Métro, en collaboration avec Pointe-à-Callière, propose une capsule historique sur Montréal.

Le boulevard Saint-Laurent, l’une des plus importantes artères de Montréal, est d’abord un chemin rural tra­cé au début du XVIIIe siècle. Partant des fortifications, il sert les zones agricoles au nord de la ville et rejoint la paroisse de Saint-Laurent, d’où son nom. Dès le milieu du XVIIIe siècle, un important faubourg peuplé d’artisans se développe des deux côtés de cette voie. Au siècle suivant, les établissements commerciaux se multiplient le long de la rue surnommée «Main Street», qui devient la ligne de démarcation symbolique entre l’est de la ville – surtout francophone – et l’ouest, majoritairement an­glophone. Vers 1890, on effectue de nombreuses démolitions pour élargir le côté ouest de la rue Saint-Laurent, qui devient un boulevard en 1905. À cette époque, l’artère est déjà un des hauts lieux de la vie nocturne montréalaise.

Au début du XXe siècle, de nouvelles communautés immigrantes s’y installent. Les juifs d’Europe de l’Est, qui occupent d’abord la voie en remontant graduellement vers le nord, y installent des boutiques et des ateliers de confection. Au nord, ce sont les immigrants italiens qui s’installent sur le boulevard et y créent un milieu de vie dynamique. Plus tard, d’autres groupes d’immigrants succéderont à ces précurseurs. Le boulevard Saint-Laurent est aujourd’hui un lieu de rencontre, de travail et de plaisir – un carrefour complexe, fascinant et chaotique que les Montréalais surnomment avec tendresse la Main. En constante évolution, il rassemble une multitude de courants, en plus d’avoir inspiré plusieurs écrivains et poètes, de Leonard Cohen à Michel Tremblay, en passant par Mordecai Richler.

Tiré de Signé Montréal, édité par Pointe-à-Callière