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375e de Montréal: «L’idée, c’est d’attirer des touristes», dit Gilbert Rozon

Photo: Yves Provencher/Métro

Que ce soit à la tête de Juste pour rire, comme commissaire aux célébrations pour les fêtes du 375e anniversaire de Montréal ou comme ambassadeur des festivals de la métropole, Gilbert Rozon ne se contente pas d’un petit party. Pour l’homme d’affaires, le monde entier doit être invité à célébrer, et Québec doit faire des événements montréalais «la tour Eiffel de la ville».

Comment voyez-vous Montréal en ce moment?
Je trouve qu’on tourne la page. Le maire y est pour beaucoup, à mon avis. Chacun a le pouvoir de changer les choses. Denis Coderre est un catalyseur. C’est un gars de sport, alors il agit comme un coach. Il nous encourage à jouer dans l’équipe de Montréal, au-delà de toutes les formes de partisanerie.

Vous devez travailler avec M. Coderre. Comment est-il dans son bureau?
Il suit énormément ses dossiers. Je lui ai parlé de ma programmation potentielle de 2017 et il m’a écouté pendant une heure. Chaque fois que quelque chose le dérangeait, il me ramenait à l’ordre.

Assisterons-nous aux fêtes de Coderre en 2017?
C’est mon boss, après tout! Mais je ne sens pas de contrôle de sa part. J’arrive avec des idées assez crack pot et j’ai une bonne écoute. J’aime aussi qu’on me remette en question, qu’on me fasse part des doutes qu’on a. Ce sont ces doutes-là que je fouille.

Sur quoi doutez-vous présentement en vue des célébrations du 375e anniversaire de Montréal?
[Hésitation] Habituellement, quand je produis quelque chose, c’est à mes risques. Cette fois-ci, je dois créer un point de convergence pour tous les Montréalais. Le 375e, c’est une grosse excuse pour qu’on travaille tous ensemble à créer un tremplin vers l’avenir. Ma job, c’est d’être à la hauteur des attentes et de m’assurer que ça rapporte. L’idée, c’est d’attirer des touristes, de créer des projets qui pourront être exportés, de faire rayonner la ville.

Vous insistez sur le fait que le 375e doit rapporter de l’argent. Pourquoi? Ce n’est pas acquis?
Au Québec, 95% du budget est commis à la solidarité sociale. Il reste 5% pour faire du développement économique. Le 375e en fait partie. Le tourisme représente, au Québec, 13G$ et 180 000 emplois. C’est le troisième vecteur d’exportation. On ne peut pas couper là-dedans. J’aimerais que chaque dollar du gouvernement investi dans le 375e rapporte deux, trois ou quatre dollars en retour. Évidemment, ça me rend nerveux. J’ai le trac! Je suis comme un joueur de hockey. Je dois compter des buts.

Le 375e est dans deux ans. Ce n’est pas un peu serré pour livrer certains projets?
On n’a jamais assez de temps. Mais on n’a pas les deux mains dans les poches. C’est aussi pour ça que je suis nerveux, car on n’a pas une minute à perdre. J’espère qu’on sera capable de livrer. Normalement, on devrait.

Les gouvernements ont été flous en ce qui concerne la hauteur de leurs contributions financières. Avez-vous peur que le 150e du Canada dame le pion au 375e?
Pas du tout, car ça fait partie de nos attributions. Nous avons aussi le 150e à livrer – en plus du 50e d’Expo 67 à prendre en compte. Certains événements seront clairement dédiés au 150e et d’autres vont se superposer. C’est comme avoir deux anniversaires en même temps.

Ceux qui fêtent leur anniversaire à Noël n’apprécient pas le fait de n’avoir qu’un seul cadeau…
Ils auront deux cadeaux, deux gâteaux. Il y aura plus d’invités, plus de raisons de célébrer. On ne s’en privera pas! Ceux qui visiteront Montréal pour le gros concert de X ne sauront plus si c’est pour le 150e ou le 375e, mais, une chose est sûre, ils vont faire le party.

Le pont Jacques-Cartier illuminé, on oublie ça?
On n’a dit non à rien pour le moment. Est-ce que c’est faisable? On verra. On travaille aussi à l’illumination du pont Champlain, en 2018. Parmi les multiples soucis que j’ai à l’esprit, un qui revient souvent est l’après-2017. Je n’ai pas envie qu’on se réveille lendemain de veille après une année de party et qu’il ne reste plus rien. J’essaie de faire en sorte que certains événements durent dans le temps.

Au-delà des legs physiques, qu’est-ce que le 375e doit changer dans notre façon de faire les choses?
Montréal est une ville où deux grandes cultures, anglaise et française, cohabitent. Il faut le voir comme une fusion, un hybride. Je n’aime pas les milieux homogènes. J’aime quand c’est hétérogène, bâtard même. Ça fait des enfants forts. Je déteste quand j’entends: «Toronto est une ville plate.» Ça doit faire longtemps que ces gens-là n’y sont pas allés, parce que ça bouge en maudit. La meilleure chose qu’ils aient faite, c’est de miser sur l’immigration. Les regards différents contribuent à faire émerger de meilleures idées.

«En quelques années, Toronto s’est réveillé avec le plus grand festival de film, Luminato et Stratford, de grands musées et restaurants. Ils ne niaisent pas.» –Gilbert Rozon

Quelle ville vous inspire?
J’ai peur de citer une ville au profit d’une autre. Je ne perds jamais de vue que Montréal est une «Second City», une ville qui doit trouver sa place. Mais une ville où il fait drôlement bon vivre. Après avoir fait le tour du monde, après avoir eu une sorte de distance avec le Québec, j’y reviens avec un vrai plaisir. Mais je refuse le nombrilisme. J’ai toujours envie qu’on se compare, pour voir ce qu’on pourrait faire de mieux.

Vous croyez que Montréal peut augmenter son offre de festivals et proposer aux touristes un «centre d’achat» en la matière.
Les centres d’achat, c’est une concentration de magasins qui permet d’acheter tout d’un coup. C’est ce que je veux pour Montréal: une masse critique d’événements. Un touriste qui va voir Adam Cohen au Jazz, Les 7 doigts de la main à Complètement cirque et Seth Rogen à Juste pour rire: ce n’est pas de la compétition; c’est complémentaire. L’offre n’est jamais assez importante si tu ne la limites pas à ta clientèle locale. Notre clientèle locale a ses limites. C’est la clientèle hors Québec qu’il faut viser. Mais encore faut-il que l’État en fasse une priorité économique et qu’il dise que, notre tour Eiffel à nous, ce sont nos événements, nos musées, nos restaurants.

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