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Une famille évite temporairement la déportation vers la Guinée

Photo: Yves Provencher/Métro

Une demandeuse d’asile montréalaise et ses cinq enfants ont évité de peu une déportation imminente en Guinée, où sévit le virus Ébola.

Safiatou Bah a reçu mercredi matin une lettre de l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) annonçant la suspension de son renvoi, prévu pour le 10 janvier, pour une période indéterminée étant donné la situation du virus dans son pays d’origine.

Il s’agit d’une demi-victoire, puisque la jeune mère pourrait encore être «renvoyée n’importe quand», selon la députée fédérale d’Ahuntsic Maria Mourani, qui a soutenu les démarches de cette dernière. «Une nouvelle date de départ sera établie au moment opportun», peut-on lire dans la lettre de l’ASFC.

Mme Mourani réclame que le Canada émette une directive claire pour empêcher toute déportation vers des pays aux prises avec l’Ébola. «Combien d’autres demandeurs d’asile provenant de Guinée, de Sierra Léone et du Libéria pourraient faire face à la déportation?» s’est interrogée la députée.

Depuis cet automne, le Canada empêche l’arrivée des Guinéens, Libériens et Sierra-léonais sur son territoire par la suspension de l’octroi de visa, en raison des dangers du virus. «On juge ces pays trop dangereux pour faire entrer les gens, mais on est prêt à les y renvoyer. C’est un non-sens», a pour sa part commenté Éric Taillefer, avocat dans le domaine de l’immigration. Un de ces clients, un autre Guinéen résidant à Montréal, doit aussi être déporté, bien qu’aucune date ne soit prévue pour l’instant.

Plusieurs pays occidentaux, les États-Unis, la Belgique, l’Allemagne et la Suisse, ont établi cet automne des politiques bloquant les renvois forcés dans les pays touchés jusqu’à ce que la crise se résorbe, signale le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR). L’UNHCR recommande pour sa part aux États de prendre en compte le développement de la situation virale lors de l’évaluation des cas individuels de déportation.

Mme Mourani croit que c’est la mobilisation politique et médiatique qui a fait bouger l’ASFC dans ce dossier. La députée avait notamment envoyé une lettre aux ministres de la Sécurité publique et de Citoyenneté et Immigration Canada.

Au Canada depuis un an et trois mois avec ces cinq enfants de 2 à 14 ans, Safiatou Bah parle français et travaille dans une garderie en milieu familial. Elle a vécu beaucoup de violence physique et psychologique en Guinée en raison de son homosexualité, a souligné son avocate, Me Isabelle Sauriol. «Je suis contente que mon renvoi soit suspendu, surtout pour mes enfants, a-t-elle indiqué à Métro. Je suis encore inquiète, parce que je vais craindre pour ma vie en Guinée même si l’Ébola est fini.»

Me Sauriol a souligné qu’elle continuerait les démarches juridiques afin que Mme Bah puisse rester au pays pour des motifs humanitaires.

Il n’a pas été possible d’obtenir de réaction du ministre de la Sécurité publique Steven Blaney ni de l’ASFC.

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