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Montréal se mobilise pour dresser le portrait de l’itinérance

Photo: Yves Provencher/Métro

Ce qui était une volonté du maire Coderre depuis plus d’un an s’apprête maintenant à devenir réalité. Plus de 170 équipes de bénévoles procèderont mardi soir au premier dénombrement des personnes en situations d’itinérance à Montréal en 20 ans.

«Est-ce que vous avez votre propre domicile fixe où vous pouvez passer la nuit si vous voulez?» Tout ceux qui circuleront dans les rues des quartiers centraux de Montréal mardi soir risquent de se faire poser cette question par des individus portant une cocarde «Je compte Mtl 2015».

En quadrillant la ville en équipe de 3 à 13 bénévoles de 19h à 1h, de Verdun à Hochelaga-Maisonneuve, de Ville-Marie jusqu’à Ahuntsic, dans les rues, les stations de métro, les refuges, les maisons de transition et en obtenant des données de urgences des hôpitaux et des prisons ce soir-là, les organisateurs du dénombrement espèrent rejoindre le plus de personnes en situations d’itinérance possible.

Les équipes compteront les personnes qui dorment ou qui refusent de répondre à leur questionnaire «s’ils ont l’air de traîner leur vie avec eux». Pour s’assurer de ne pas compter deux fois une personne, les bénévoles demanderont dès le départ aux répondants s’ils ont déjà répondu à quelqu’un portant la même cocarde qu’eux.

Le lendemain et le surlendemain, des équipes complèteront le travail dans les centres de jour et les soupes populaires.

«Ça sera impossible d’avoir un chiffre précis, mais c’est comme une photo Polaroïd d’une soirée en itinérance à Montréal», a affirmé James McGregor, co-gestionnaire du projet, admettant que la réalité sera sans doute sous-estimée.

Il ne s’agit toutefois pas que de compter les itinérants. Ceux qui répondront par la négative se feront poser jusqu’ à 15 questions au sujet de leur identité, de leur situation personnelle et de la façon dont ils utilisent les services disponibles. Sont-ils autochtones, anciens combattants, citoyens canadiens, réfugiés? Pourquoi se sont-ils retrouvés à la rue?

La méthodologie a été élaborée par l’Institut de recherche en santé mentale Douglas, qui compte sur plusieurs partenaires comme les YMCA du Québec, la Maison du Père et l’Accueil Bonneau pour ce projet financé par la Ville de Montréal.

Le portrait de l’itinérance à Montréal qui sera ainsi tracé servira à mieux planifier les services offerts en fonction des besoins, croit M. McGregor. «On veut définir des actions qui ne sont pas prises et éventuellement mesurer l’efficacité des actions en refaisant cet exercice tous les deux ou trois ans», a-t-il indiqué.

De tels exercices ont déjà lieu régulièrement dans d’autres villes canadiennes comme Vancouver, Toronto et Calgary durant la même période de l’année. Mais les chercheurs de Montréal veulent aller plus loin. Ils ont la prétention de pouvoir faire le portrait de l’itinérance cachée, soit les personnes qui ne dorment pas dans la rue, mais qui vivotent sur le divan d’un ami, dans une maison de chambre ou dans d’autres logements précaires.

Pas l’unanimité
Plusieurs organismes communautaires œuvrant auprès des personnes itinérantes gardent une réserve quant à l’utilité d’un tel dénombrement.

«Même si c’est fait avec beaucoup de volonté, des gens échapperont à l’écran radar, ceux qui utilisent des stratégies pour ne pas aller dans les ressources d’aide, a déclaré Pierre Gaudreau, coordonnateur du Réseaux d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM). Le danger, si on aligne les ressources en fonction des chiffres obtenus, c’est de sous-estimer les investissements nécessaires auprès de certaines populations.»

Lisez également: Dénombrement: bénévoles motivés par leur expérience personnelle

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