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Des appuis pour la Cinémathèque contre l'austérité

MONTRÉAL – Les employés de la Cinémathèque québécoise craignent qu’elle soit fusionnée à Bibliothèque et Archives nationales du Québec dans le cadre des mesures d’austérité budgétaire préconisées par le gouvernement Couillard. Et à leurs yeux, cela menacerait carrément sa mission.

Si cette fusion, qui est pour le moment une simple rumeur, se réalise, cela signifierait une dizaine d’emplois perdus dans cette institution qui compte environ 50 employés, dont 40 permanents, a précisé au cours d’une rencontre avec la presse, mercredi, Lorraine LeBlanc, présidente par intérim du Syndicat des employés de la Cinémathèque.

Une brochette de personnalités du cinéma québécois sont d’ailleurs venues appuyer la cause, dont les cinéastes Léa Pool et Charles Binamé ainsi que le comédien Yves Jacques. La comédienne Suzanne Clément, absente, a fait lire une lettre d’appui. D’autres artisans du cinéma avaient déjà fait de même il y a quelques jours, parmi lesquels Denys Arcand, Micheline Lanctôt et Rock Demers.

«La mémoire, elle est ici», a lancé Yves Jacques, présent dans les locaux de la Cinémathèque.

Charles Binamé a raconté que lorsqu’il a fait la série Blanche, par exemple, il a eu recours à la Cinémathèque pour obtenir des images de l’Abitibi des années 1930. Lui aussi croit que la Cinémathèque répond à «un devoir de mémoire» que le Québec a comme société.

«Je ne peux pas croire qu’à chaque année, cette institution est menacée», s’est exclamée Léa Pool.

«Nous voulons absolument défendre l’intégrité de la Cinémathèque, car elle joue un rôle qui est absolument unique en termes de conservation du patrimoine cinématographique et télévisuel québécois, mondial, mais aussi en cinéma d’animation. Cette possibilité de fusion entre tout à fait dans l’obsession du gouvernement actuel d’essayer de tout fusionner pour essayer de faire des économies de bout de chandelle», a déploré Pascale St-Onge, secrétaire générale de la Fédération nationale des communications, affiliée à la CSN.

Les défenseurs de la Cinémathèque ont souligné que l’institution est en crise budgétaire quasi perpétuelle depuis des années. Ses employés ont déjà accepté des gels de salaire, une réduction temporaire de salaire et ont eu recours à un tas d’autres moyens pour sauvegarder l’institution. Ils revendiquent aujourd’hui de préserver son indépendance et son intégrité.

D’ailleurs, ils revendiquent non seulement de reconduire le budget actuel de la Cinémathèque, mais aussi de l’accroître de 800 000 $ par année pour amortir le manque à gagner, «pouvoir fonctionner normalement» et indexer les salaires qui sont gelés depuis des années.

Différents scénarios circulent quant à l’avenir de la Cinémathèque québécoise, dont cette fusion avec BAnQ ou un rapatriement de la médiathèque et du dépôt légal.

À Québec, la ministre de la Culture et des Communications, Hélène David, a confirmé que plusieurs scénarios étaient à l’étude pour «optimiser et pérenniser» la Cinémathèque.

Elle a dit croire en l’importance de ses missions, à savoir la diffusion, la protection et la conservation des oeuvres. Et selon elle, les différents scénarios soupesés visent justement à tenter de sauvegarder ces missions dans un contexte budgétaire difficile.

La Cinémathèque «a des difficultés financières et regarde toutes les avenues possibles pour essayer de sortir de ses soucis financiers», a indiqué la ministre.

Elle rapporte que les discussions sur les différentes avenues explorées ont commencé l’automne dernier et qu’il y a eu pas moins de 40 rencontres à ce sujet. Elle confirme aussi que parmi les scénarios envisagés, il y a «l’hypothèse de regarder ce qui pourrait être mis en commun avec BAnQ».

Mais la ministre David a tenu à se faire rassurante: «on n’est pas en train de dire qu’on ferme la Cinémathèque».

La députée péquiste Véronique Hivon, porte-parole pour ces dossiers, s’est aussi portée à la défense de la Cinémathèque. «La Cinémathèque québécoise est la seule au Canada, une des plus importantes dans le monde. Sa mission est essentielle pour préserver, diffuser, promouvoir notre patrimoine audiovisuel et cinématographique. Ce qu’on souhaite, ce n’est pas une fusion, c’est un meilleur soutien de notre institution québécoise du cinéma», a-t-elle plaidé.

La Cinémathèque conserve 40 000 films et vidéos et 30 000 émissions de télévision. Elle existe depuis 51 ans.

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