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Début des consultations sur l’interdiction des sacs de plastique

Ryan Remiorz / La Presse Canadienne Photo: Ryan Remiorz

MONTRÉAL – Montréal envisage d’interdire les sacs de plastique, ce qui en ferait la première grande ville canadienne à adopter une telle mesure.

Le maire Denis Coderre est en faveur de l’interdiction mais veut que les consultations publiques, qui viennent de débuter, lui permettent d’obtenir une meilleure compréhension de la situation.

«Nous devons penser globalement mais agir localement, et c’est un de ces enjeux qui exigent que l’on se penche sur l’impact sur la planète», a-t-il dit en entrevue.

L’utilisation des sacs de plastique a grandement diminué au Québec grâce à des campagnes de sensibilisation et la vente de sacs au coût de cinq cents chez certains détaillants. Les Québécois utilisent environ un milliard de sacs de plastique par année, ce qui représente moins de la moitié de ce qui était utilisé il y a dix ans. Cette statistique pèsera lourd dans la balance du maire au moment de prendre sa décision, a-t-il dit.

«Je suis ferme sur ma position dans ce débat, mais je suis prêt à écouter. Devrions-nous les interdire totalement ou est chercher une solution entre les deux?», a-t-il précisé en entrevue.

L’Association canadienne de l’industrie des plastiques (ACIP), entre autres, aura l’occasion de partager ses inquiétudes avec la mairie au cours des consultations publiques. Selon Pierre Dubois, un consultant en développement durable avec l’ACIP, l’interdiction est «probablement la pire manière de résoudre les problèmes environnementaux» et créerait d’autres problèmes.

Si le consommateur oublie son sac en tissu, par exemple, le magasin devra fournir un sac de papier ou de plastique à l’empreinte énergétique plus grande. Ceux qui utilisent des sacs à emplettes pour leurs déchets devront acheter plus de sacs réutilisables, a-t-il cité en exemple.

«Changer un type de matériau pour un autre n’est pas nécessairement la panacée», a fait valoir M. Dubois, qui se dit en faveur de l’éducation sur le recyclage et la réutilisation.

Selon lui, les statistiques laissent entendre que 59 pour cent des Québécois réutilisent leurs sacs de plastique au moins une fois ou deux, et que plus du tiers les recyclent. Environ sept personnes sur cent les jettent directement à la poubelle.

Les consultations à Montréal se font dans la foulée de débats similaires aux États-Unis. En octobre dernier, la Californie est devenue le premier État américain à adopter l’interdiction sur les sacs à usage unique après une longue bataille, qui est en partie responsable de l’intérêt de Montréal. Le règlement a toutefois été suspendu en février après qu’un groupe de commerce a rassemblé assez de signatures pour obtenir un référendum, en 2016.

Néanmoins, des règlements pour interdire les sacs à usage unique sont en vigueur dans des centaines de villes en Californie, notamment Los Angeles et San Francisco. Ailleurs aux États-Unis, Chicago, Seattle et Austin ont des politiques semblables.

Au Canada, Leaf Rapids, au Manitoba, est devenue la première ville, en 2007, à interdire les sacs de plastique. Toronto a fait une tentative en 2012 qui a ultimement échoué. Des plus petites villes ont réussi, dont les municipalités de Huntingdon et Deux-Montagnes au Québec.

L’une des objections des commerçants à un tel projet concerne les touristes.

«Pour l’instant, ce n’est peut-être pas la solution à privilégier compte tenu de l’objectif de la Ville de Montréal, qui est plutôt de réduire l’enfouissement, a plaidé Mathalie St-Pierre, vice-présidente du Conseil canadien du commerce de détail. Il faut comprendre que (les sacs de plastiques représentent) une infime partie de ce qui est enfoui.»

Le maire Coderre a affirmé que la Ville préparait aussi une nouvelle politique en matière de déchets. Il espère notamment la fin de l’enfouissement pour l’année 2020. Il croit que lorsque Montréal adoptera l’interdiction des sacs de plastique, les villes voisines et les banlieues suivront son exemple.

Les consultations continueront jusqu’en juin et des recommandations seront déposées plus tard dans l’année.

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