3 familles… atypiques

Montréal vibre d’histoires d’êtres humains dont les chemins se croisent et se lient. Voici trois portraits de familles urbaines qui sortent de l’ordinaire.

Une grande famille au cœur de la métropole

Ce n’est pas un secret: les familles nombreuses (celles qui comptent plus de trois enfants) se font de plus en plus rares. Et ceux qui décident de se lancer dans l’aventure le font plus souvent en banlieue. Ce n’est pas le cas de France Marineau et de son conjoint Pierre Caron, qui ont décidé d’élever leurs sept enfants en plein cœur du Plateau Mont-Royal.

Oui, oui, sept! L’aîné, Simon-Pierre, est aujourd’hui âgé de 24 ans.

La cadette, Éléonore, gambade du haut de ses neuf ans. «Au début, on s’était dit qu’on aurait trois ou quatre enfants, mais finalement…», raconte la mère de famille, le sourire dans la voix.

Pour elle, la vie à Montréal a facilité leur choix. «Ça fait 20 ans que nous avons délaissé la voiture. Tout se fait à pied ou en transport en commun! C’est sûr qu’on a été un peu à l’étroit par moments, comme locataires dans notre six et demi, mais aucun membre de la famille ne voulait déménager!», explique-t-elle.

«Les gens m’arrêtaient sur la rue pour me demander si j’avais une garderie!» – France Marineau, mère de sept enfants à Montréal

Deux cultures, une famille

À 18 ans, la jeune Taiwanaise Chia-Yi Tung gagne une bourse d’études qui changera sa vie à tout jamais. La voilà qui s’envole pour Montréal, seule. Ici, elle bâtit sa vie et sa carrière, rencontre l’amour et devient mère. Son couple ne dure pas, mais son amour pour Montréal, oui.

Quelques années plus tard, l’amour frappe encore à sa porte, cette fois sous les traits de Christian Marcotte, originaire de Rouyn-Noranda. Lui-même est séparé et père de deux fillettes. «Très vite, on s’aperçoit que nous avons longtemps habité le même quartier, Villeray. Nous avions la même banque, la même boulangerie et nous fréquentions les mêmes épiceries!», raconte-t-elle, encore abasourdie. «En fait, nous nous étions sans doute croisés des centaines de fois.»

Aujourd’hui, Chia-Yi, Christian et leurs trois filles Laurie, Lauriane (une autre coïncidence!) et Anne-Sophie ont appris à concilier les deux familles et les deux cultures. «On y arrive une journée à la fois, avec beaucoup d’écoute et de respect», dit Chia-Yi. Leur prochain grand projet: visiter Taiwan toute la famille ensemble!

De militaire à papa à la maison

Sébastien Cherrier a toujours été attiré par la vie de militaire. Enrôlé dans l’armée dès sa sortie de l’école, il s’apprête en 2006 à être déployé en Afghanistan. Blessé lors d’un entraînement, il n’a pu partir comme prévu.

En attendant de pouvoir reprendre du service, le jeune homme cumule quelques emplois: gardien de sécurité, puis intervenant en maison de transition auprès de délinquants sexuels. C’est alors que le soldat devient papa, et que la grande transition s’amorce. Comme il était plus avantageux que ce soit sa conjointe qui retourne au travail, Sébastien reste un an à la maison pour s’occuper de sa fille. Comme Anciens combattants Canada a fini par lui accorder une indemnité à la suite de sa blessure, il n’a jamais réintégré les Forces armées canadiennes. «Au départ c’était génial. Après six mois, je commençais à tourner en rond», raconte-t-il. C’est pourquoi il prend des cours en Études est-asiatiques, par intérêt personnel.

«C’est sûr aussi que l’égo en prend un coup au départ, et j’ai même reçu des commentaires désapprobateurs. Disons que ce n’est pas toujours facile d’expliquer ce que je fais dans la vie», raconte le jeune papa, qui a aujourd’hui deux enfants. Pourtant, Sébastien adore préparer sa fille pour l’école, s’occuper de la maison et passer du temps de qualité avec ses enfants. «J’envisage de reprendre le travail un jour, mais la vie de papa à la maison va me manquer», dit-il.