Des dizaines d’ingénieurs songent à quitter la Ville de Montréal
Un grand nombre de membres du syndicat qui représente les ingénieurs de la Ville de Montréal remettent en question leur avenir à l’emploi de la Ville, selon un récent sondage interne dont les résultats ont été dévoilés à Métro.
À la question «Envisagez-vous de quitter votre emploi auprès de la Ville de Montréal ?», 40% des répondants ont affirmé qu’ils avaient amorcé une réflexion en ce sens, 7% envisage fortement de quitter leur emploi et 4% ont déjà entrepris des démarches pour changer d’employeur.
Le Syndicat professionnel des scientifiques à pratique exclusive de Montréal a réalisé au mois d’avril ce sondage auprès de ses membres, constitués à 95% d’ingénieurs de la Ville. Sur les 406 membres du syndicat, qui comprend également des arpenteurs-géomètres, des chimistes et des médecins-vétérinaires, 306 ont répondu à ce sondage réalisé en ligne.
Le vice-président du syndicat, André Émond, estime que ce résultat est principalement attribuable à «un climat de travail pénible et déprimant» chez les ingénieurs de la Ville, un salaire en deçà de la moyenne du marché et à la convention collective échue depuis cinq ans.
«Les ingénieurs sont très peu consultés à la Ville, ce qui fait qu’ils ne se sentent pas impliqués dans les décisions, a expliqué le vice-président à Métro. Les gestionnaires prennent des décisions, mais les ingénieurs ne sont pas écoutés. Ça contribue à cette impression générale de grande noirceur présentement chez les ingénieurs», regrette-t-il, ajoutant qu’il n’est donc pas «stimulant» pour eux de rester à l’emploi de la Ville de Montréal.
«C’est frustrant pour des professionnels de haut niveau quand ce genre de situation se répète», renchérit-il.
En outre, les ingénieurs de la Ville de Montréal sont sans convention collective depuis cinq ans, et André Émond estime que cela accentue leur envie de quitter le navire. «La Ville réussit à embaucher des ingénieurs qui ont déjà un certain nombre d’années d’expérience au salaire en vigueur depuis 2010, mais on leur dit que ce sera réajusté sous peu [avec une nouvelle convention collective]. Après cinq ans, il n’y en a toujours pas. C’est un peu décourageant», constate le vice-président du syndicat.
La partie patronale a fait une offre en février dernier. Après consultation auprès de ses membres, le syndicat s’apprête à la refuser.
Dans cette situation, M. Émond précise que «ce n’est pas dans la mentalité de [ses] membres d’envisager la grève», même s’il estime qu’il n’y a «pas beaucoup d’autres alternatives». «Ça ne fait pas partie de leurs habitudes [de faire la grève], ils vont plutôt partir et aller travailler ailleurs», s’alarme le vice-président, qui a déjà constaté certains départs, notamment pour le ministère des Transports, dans les dernières années.
Il déplore l’écart qui s’accentue, sans la mise à jour de la convention collective, entre le salaire annuel des ingénieurs de la Ville – un maximum de 85 110$ pour un ingénieur standard – et celui d’un ingénieur de 25 ans d’expérience au privé – qui est de près de 110 000$.
Dans les discussions pour le renouvellement de la convention collective, le syndicat demande notamment une augmentation annuelle de 1,7% du salaire des ingénieurs de 15 ans d’expérience et plus, et ce, pendant 10 ans. Une croissance qui, dit le syndicat, représente une dépense supplémentaire de 250 000$ par année pendant 10 ans.