Des appartements transformés en dépotoirs
Un propriétaire de Laval a constaté avec effroi mercredi l’état dans lequel ses anciens locataires venaient de laisser son logement. Ce dernier avait été transformé en dépotoir.
Des os de poulet, de la crème glacée et d’autres aliments traînaient sur le sol, sur les comptoirs et dans les éviers. La crasse s’était installée un peu partout. Divers articles avaient été abandonnés sur place. Par dessus le marché, l’appartement devait être mise en état pour l’arrivée imminente des nouveaux locataires.
Plusieurs propriétaires vivent des situations semblables chaque année durant la période des déménagements, selon l’Association des propriétaires du Québec (APQ), qui a commencé à en faire la recension dans un concours. L’APQ et la Corporation des propriétaires immobiliers du Québec (CORPIQ) croient que le problème pourrait être réglé si les propriétaires étaient autorisés à demander un dépôt de garantie d’un mois de loyer, un montant qui ne serait remboursé que si l’appartement était remis en bon état.
«Comme il n’y a pas de sanction, les locataires se sentent libres de laisser ça comme ça. Le vrai responsable est le gouvernement, qui nous interdit de demander un dépôt. Il nous laisse dans une situation intolérable», estime Martin Messier, président de l’APQ.
De son côté, le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) s’oppose au dépôt de garantie. «C’est une façon d’exclure les locataires à faibles revenus. Quand tu consacres déjà 50% ou 80% de tes revenus à ton loyer, tu n’as pas la marge de manœuvre pour faire un dépôt de garantie», a affirmé François Saillant, coordonnateur du FRAPRU.
Le ministre des Affaires municipales et de l’Occupation du territoire, Pierre Moreau, étudie sérieusement cette option, selon son attachée de presse Catherine Poulin. «Il regarde comment ça pourrait être fait. Il y a toujours la question de l’équilibre entre la situation des propriétaires et des locataires qu’il faut assurer. On va s’en reparler au cours des prochains mois», a dit Mme Poulin.