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Les enclaves ethniques moins pauvres qu’il n’y parait

Photo: Collaboration spéciale

Les enclaves ethnoculturelles ne sont généralement pas les endroits où l’on trouve les membres les moins bien nantis des communautés ethniques, selon une étude publiée mercredi qui s’intéresse aux cas de Montréal, Toronto et Vancouver. Entrevue avec Leslie Seidle, directeur de recherche à l’Institut de recherche en politiques publiques, qui a dirigé l’étude.

Quels mythes brisent l’étude?
Les enclaves sont des zones où les minorités visibles représentent plus de 70% de la population avec ou non un groupe ethnique majoritaire. Leur ampleur a été multipliée par 5 depuis 1996. Mais contrairement à ce qu’on pourrait croire, les enclaves sont rarement dominées par un groupe principal, ce sont plutôt des zones de grande diversité culturelle. Et ce sont rarement des zones de pauvreté. Daniel Hiebert, qui a réalisé l’étude, s’est rendu compte que le salaire des habitants des enclaves de Toronto et Vancouver n’était que de 6% à 18% inférieur au salaire moyen. D’ailleurs, ces enclaves se trouvent de plus en plus en banlieue, dans des zones éduquées. On est loin des ghettos américains.

Quelles particularités y a-t-il Montréal?
Les minorités visibles représentent 20,3% de la population, mais seulement 4% d’entre elles vivent dans des enclaves. Il y en a assez peu, contrairement à Toronto ou Vancouver où les minorités visibles sont deux fois plus représentées. À Montréal, les communautés vivent généralement de façon dispersée sur le territoire. Ces enclaves ont aussi tendance à être plus pauvres que la moyenne, ce qui est moins évident à Vancouver et à Toronto. À Montréal, le salaire moyen dans les enclaves ethniques est 46% moins élevé que la moyenne de la région métropolitaine.

Quelles sont les conclusions de l’étude?
On a longtemps eu tendance à y voir une forme de repli communautaire qui nuisait à l’intégration. L’étude démontre au contraire que ces zones sont plutôt des lieux de grande diversité ethnoculturelle. Les deux tiers des 4,64 millions d’immigrants arrivés au Canada entre 1996 et 2011 se sont installés dans ces trois métropoles et ont contribué à refaçonner ces villes. L’auteur recommande notamment aux gouvernements fédéral et provinciaux d’impliquer de façon plus formelle les municipalités lorsqu’il est question d’immigration et d’intégration

Les enclaves montréalaises (données issues du recensement de 2011)

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