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Montréal dévoile son plan d'action pour le taxi

MONTRÉAL – La Ville de Montréal et le Bureau du taxi de la métropole ont dévoilé jeudi un ambitieux plan visant à dépoussiérer l’industrie du taxi.

Bien que ce plan prévoie intensifier la lutte au transport illégal — notamment celui offert par Uber et UberX — l’objectif premier est d’uniformiser l’industrie et d’en rehausser à la fois l’image, le service et la sécurité.

«On est à la croisée des chemins», a déclaré le maire Denis Coderre en présentant le plan.

Celui-ci impose une modernisation technologique par l’accès aux mêmes types d’applications que celles utilisées par les services illégaux, l’installation d’équipements de géolocalisation, de paiement électronique et de taximètres fiscalisés.

La sécurité s’appuiera aussi sur la technologie puisque tous les taxis devront être équipés de boutons de détresse et de caméras de sécurité, dont les enregistrements seront toutefois protégés contre les atteintes à la vie privée. Le maire Coderre a d’ailleurs annoncé du même coup le lancement d’un appel d’intérêt international pour ces caméras, n’en déplaise à certains chauffeurs qui ont déjà fait part de leur réticence face à cette surveillance.

«La question n’est pas de dire: ça me tente, ou ça me tente pas. Tous les taxis vont avoir une caméra de sécurité», a tranché le maire, ajoutant que celles-ci avaient déjà fait leurs preuves. «Il y a eu des projets-pilotes ici: cela a baissé le taux de criminalité de 100 pour cent», a-t-il dit.

En ce qui a trait au service et à l’image, on prévoit l’installation de modules de publicité et d’information à l’usage du client, l’instauration d’une couleur uniforme pour toutes les voitures-taxi et l’imposition d’un code vestimentaire, bien qu’on n’ait pas encore déterminé s’il sera question d’un uniforme ou simplement de lignes directrices.

«Nous apposerons une signature visuelle forte et distinctive aux taxis montréalais», a affirmé le maire.

Parallèlement, l’École Polytechnique s’est vu confier un mandat d’analyse des données de l’industrie afin de voir si l’offre correspond à la demande. Il y a présentement 4430 permis de taxi dans la métropole et plus de 11 600 détenteurs de permis de chauffeur. Plusieurs intervenants ont fait part d’un possible surplus de taxis pour le marché, mais le maire Coderre a refusé de s’avancer sur une stratégie si l’étude devait démontrer que le nombre de permis est excessif.

Réaction au phénomène Uber

Le maire a cherché à s’éloigner du discours de confrontation et a évité de mentionner le nom d’Uber, ce service qui offre du transport à coût moindre qu’un taxi par le biais d’une application informatique. Il est clair, toutefois, que tout ce déploiement est directement imputable à l’arrivée de ce nouveau joueur.

«Oui, il y a d’autres acteurs qui arrivent et qui forcent la main, a déclaré M. Coderre. J’ai toujours dit: on est pour la technologie, on est pour le marché. Mais qu’on s’entende une fois pour toutes: (…) on a besoin d’un encadrement où tout le monde travaille sur le même pied», a-t-il dit.

Les citoyens ordinaires qui deviennent chauffeur pour Uber ne sont soumis à aucune réglementation, n’ont pas de permis de chauffeur de taxi ou de permis de taxi — qui se vendent autour de 200 000 $ — n’ont besoin d’aucun équipement (taximètre, radio, etc.) et ne paient pas de primes d’assurances.

Le maire a l’intention de maintenir la ligne dure envers cette entreprise et toute autre semblable «afin de faire échec à une concurrence déloyale qui fait fi des lois et obligations qui s’appliquent à tous».

Plusieurs représentants de l’industrie étaient sur place pour le dévoilement du plan et l’ont généralement bien accueilli.

«Le maire, il a vraiment parlé avec son coeur. Il fait tout ce qu’il peut pour arriver à une situation qui peut satisfaire l’industrie du taxi», a déclaré le directeur général de Taxi Coop de l’Ouest, Charles Artin.

Toutefois, pour tous les gens de taxi, la modernisation et le rehaussement des standards ne réglera pas le vrai problème qui, selon eux, est la présence persistante d’Uber.

M. Artin estime qu’il faut être plus sévère à l’endroit des illégaux. «(Il faut) enlever leur permis pour six mois la première fois et, la deuxième fois, qu’il soit révoqué pour de bon», a-t-il dit.

Il a fait valoir que les amendes, qui varient de 350 $ à 1000 $, ne sont guère utiles.

«Il y a des gens 24 heures sur 24 qui travaillent pour Uber, des avocats, ils paient pour tout le monde», a-t-il dit.

L’entreprise Uber a réagi dans un courriel expédié à La Presse Canadienne, répétant qu’«Uber n’est pas une entreprise de taxi traditionnel», mais bien un genre de facilitateur de transport entre parties consentantes.

«Nous offrons une plate-forme technologique pratique et efficace reliant des utilisateurs à des courses sécuritaires, fiables et abordables», a-t-on indiqué.

Sans surprise, Uber a salué l’ouverture récemment exprimée par le premier ministre Philippe Couillard et invité le maire Coderre à s’en inspirer.

«Soixante-quinze pour cent des Montréalais appuient le covoiturage urbain; le maire de Montréal, qui se fait le promoteur d’une ‘ville intelligente’, se doit d’écouter ses concitoyens», conclut le bref communiqué.

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