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Vivre sans internet: les réfractaires

Jacques Saint-Denis et Roberte Pierrestiger se sont initiés à la recherche sur Google sous la supervision de Métro. Photo: Naël Shiab/Métro

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Vivre sans internet: les exclus

Environ 13,5% des Québécois n’utilisent jamais l’internet, selon un vaste sondage du Centre facilitant la recherche et l’innovation dans les organisations (CEFRIO). Qui sont ces gens? Si certains disent subir de l’exclusion, d’autres sont très heureux sans le web et manifestent peu d’intérêt à se brancher. C’est le cas de Jacques Saint-Denis et Roberte Pierrestiger, un couple d’Ahuntsic. Portrait.

«Vous entrez à Brontosaures City!» C’est sur cette phrase que Roberte et Jacques ont accueilli Métro chez eux. Le ton était donné: le couple assume le fait d’être complètement dépassé par les technologies. Ni l’un ni l’autre ne possède d’adresse courriel. Ils n’ont jamais effectué une recherche Google.

«Ça ne me manque pas, personnellement, a déclaré Roberte, présentement à la retraite. Je ne me sens pas coupée du monde. Je satisfais ma curiosité autrement et je ne me sens pas lésée.»

S’ils n’ont pas l’internet, c’est tout d’abord parce qu’ils jugent ne pas en avoir besoin. «Ça ne m’intéresse pas du tout, a affirmé Jacques. Ça fait 20 ans que j’ai ma business, JSD Rénovation, et j’ai monté toute ma publicité par bouche à oreille. Un de mes fils voulait me faire un site internet, mais j’ai dit non.»

L’absence d’internet ne les empêche pas de vaquer à diverses occupations. Comment font-ils pour trouver un commerce ou planifier un voyage? «Pour le moment, il y a encore les journaux, qui donnent des informations, et le téléphone. On va rencontrer des agents de voyage. Comme ils ont l’internet, ils peuvent regarder tout ça pour nous!» a expliqué Roberte.

Jusqu’à maintenant, les deux non-internautes ont résisté aux appels de leurs proches pour se doter d’internet. Roberte a même déjà reçu un ordinateur en cadeau mais ne l’a jamais ouvert. «Tout le monde me dit que c’est facile, que ça ne coûte pas cher. Ce n’est pas ça, la question, c’est juste que ça ne m’attire pas», affirme-t-elle.

Il semble toutefois y avoir une part de crainte dans leur résistance. «Si j’avais un site web, je me ramasserais avec un paquet de problèmes», croit Jacques. Roberte, pour sa part, voit négativement l’état de dépendance des utilisateurs d’outils technologiques.

Un peu à reculons, le couple accepte de s’initier à la recherche Google sous la supervision de Métro. Y a-t-il une question qui leur vient en tête? «Il y a une question que je me pose depuis des années et à laquelle je n’ai toujours pas de réponse: Dieu existe-t-il?», répond Roberte.

C’est donc laborieusement que Jacques tape «Dieu existe-t-il?» dans la barre de recherche Google. «Tu as vu tout ça!» s’exclame Roberte en riant devant les résultats qui s’affichent.

«Cinq raisons qui font que Dieu existe, lit Jacques. Si Dieu n’existe pas, alors aucune valeur morale et objective n’existe non plus. Ayoye!» En fin de compte, il a été difficile d’éloigner Jacques de l’écran de l’ordinateur, absorbé qu’il était par le puits sans fond de sites documentant l’existence ou non d’une puissance supérieure.

«C’est intéressant parce qu’il y a beaucoup d’information sur le sujet, mais ça peut prendre plusieurs mois pour avancer une théorie», a commenté Jacques. Métro les a-t-il convaincus de se brancher à l’internet? «En partie, mais rien ne presse, a répondu Roberte. À un moment donné, il se peut qu’on soit obligés. On découvrira alors peut-être qu’on aime ça!»

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Les anti-internet: «C’est de la paresse»

Si Roberte et Jacques s’intéressent peu à l’internet, d’autres sont carrément contre. C’est le cas de Claude Lambert. «C’est de la paresse, l’internet. Pas besoin de faire une recherche parce que tu as tout rapidement sur Google. C’est superficiel et stressant. Il y a de la violence dans les médias sociaux, c’est une nuisance publique», a vilipendé Claude au téléphone avec Métro.

L’homme de 62 ans, qui travaille à temps partiel pour des courtiers immobiliers, dit observer la dépendance de beaucoup de gens par rapport à leurs téléphones intelligents. «Ils n’échangent plus avec leurs voisins, a-t-il argué. J’aime mieux faire de grandes promenades dans la nature, danser, lire, voir des films.»

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