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Ces familles bien enracinées

Close-up portrait of a cute boy holding globe Photo: Getty Images/Wavebreak Media

Montréal vibre de couleurs et de saveurs des quatre coins du monde. Mais que reste-t-il de la culture d’origine des enfants d’immigrés après quelques générations au Québec? Portraits de familles de deuxième et de troisième générations d’immigration.

Cherazad Kazi-Tani et sa famille
Cherazad Kazi-Tani, son mari Yacine Saker, son aîné Farouk et le petit dernier Élie /collaboration spéciale

Cherazad Kazi-Tani
Famille québécoise d’origine algérienne

S’intégrer à la culture québécoise, c’est parfois un jeu d’enfant! D’origine algérienne, Cherazad Kazi-Tani a grandi et a forgé son identité québécoise dans le quartier Rosemont, à Montréal. «J’ai passé mon enfance avec des Québécois de souche, il n’y avait pas vraiment d’immigrants dans mon coin!» se souvient-elle. «C’est au secondaire que je suis entrée en contact avec d’autres jeunes qui partageaient mes origines culturelles et que j’ai développé un peu plus mon côté arabe.»

Il faut dire que l’intégration de ses parents au Québec s’est faite tout en douceur, eux qui parlaient parfaitement la langue en arrivant. Aujourd’hui, Cherazad parle d’ailleurs le français à la maison avec ses deux garçons âgés de six et de deux ans ainsi qu’avec son conjoint, également d’origine algérienne. Pour elle, il est important d’enseigner à ses enfants qu’il faut préserver leur héritage culturel, tout en s’intégrant parfaitement dans la société québécoise. «Mon fils de six ans commence justement à me poser des questions sur le ramadan, et j’essaie de lui expliquer», dit Cherazad Kazi-Tani. «D’ailleurs chez nous, on fête le Eid (fête de fin du ramadan), mais également l’Halloween, Noël et Pâques», confie-t-elle.

Bref, pour Cherazad Kazi-Tani et sa petite famille, les différences culturelles ne sont que des richesses supplémentaires!

Stéphanie Fernandes et sa famille
Stephanie Fernandes, son conjoint Martin Lacoste et leur fille Naomi /collaboration spéciale

Stephanie Fernandes
Famille québécoise d’origine portugaise

Née au Québec d’une sa mère qui était arrivée du Portugal à l’âge de trois ans, Stephanie Fernandes est assurément québécoise. Elle n’a d’ailleurs jamais eu la chance de retourner dans le pays de ses parents, une situation à laquelle elle compte bien remédier un jour. «Plus jeune, mon frère et moi n’étions pas intéressés à visiter le Portugal. Mais maintenant, j’aimerais bien découvrir ce côté de mon héritage», explique la jeune entrepreneure.

Malgré sa parfaite intégration au Québec, cette Portugaise d’origine remarque quelques différences culturelles avec son conjoint d’origine québécoise. «Mes grands-parents sont arrivés au Québec dans un état d’extrême pauvreté et ont travaillé fort pour se bâtir une vie et épargner. Mes parents m’ont transmis ces valeurs-là, raconte-t-elle. Mais pour mon conjoint, l’argent a toujours été un peu plus accessible, notamment en recourant au crédit.»

Mais la valeur principale que Stephanie Fernandes retient de ses origines portugaises, c’est celle de la famille. «Chez nous, le concept de la maison de retraite n’existe pas. Ma mère s’est occupée de sa mère jusqu’à son décès, et mon grand-père habite encore avec elle», dit-elle pour illustrer.

Ces valeurs, elle compte bien les transmettre à sa fille, à défaut de lui avoir appris le portugais. «Je parlais français à la maison avec mes parents, et ce n’est qu’à l’âge adulte que j’ai en quelque sorte réappris le portugais avec mes grands-parents. Quant à ma fille, elle ne le parle pas du tout», dit Stephanie Fernandes. Quoi qu’il en soit, l’héritage culturel transcende les générations, et fait assurément partie de leur identité.

Theany Chan et sa famille
Theany Chan, son mari Gérard Leong, leur fille Miley, leur fils Eddy et Emmy, leur bébé de neuf mois / Yves Provencher\Métro

Theany Chan
Famille québécoise d’origine cambodgienne

Du plus loin qu’elle se souvienne, Theany Chan a dû servir de traductrice pour ses parents, qui ne connaissaient pas le français en arrivant au Québec. «Mon père parle pourtant cinq langues asiatiques. Ç’a été difficile pour lui de ne pas réussir à bien s’intégrer sur le plan linguistique», raconte cette mère de trois enfants.

Heureusement, Theany Chan n’a pas ce problème. Ayant grandi ici, elle s’exprime dans un français parfait et a fait des études de deuxième cycle universitaire en sciences infirmières, avant d’effectuer un changement de carrière et de devenir coach de vie, tout en fondant le Club des mamans entrepreneures du Québec. Un choix qui a fait sourciller son entourage. «Culturellement, il y a beaucoup de pression pour qu’on devienne médecin, ingénieur, comptable…» dit Theany Chan.

Or, cette dernière est habituée à remettre en question les acquis culturels. «J’ai vécu dans un environnement très strict, par exemple pour ce qui est des relations avec les garçons», explique-t-elle. «Petit à petit, j’ai trouvé ma voie en me posant les bonnes questions sur qui j’étais et qui je voulais être.» La jeune femme regrette une chose: ne pas avoir su préserver la langue de ses parents. «Au décès de ma mère, j’ai cessé de parler le cambodgien, et je sais que je vais le regretter un jour», se désole-t-elle. Pour garder sa culture d’origine vivante dans sa famille, elle songe d’ailleurs à inscrire à sa fille à des cours de danse traditionnelle cambodgienne.

«S’il y a un message que j’aimerais transmettre, c’est de ne pas se limiter à cause de notre culture», conclut la jeune femme.

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