Soutenez

Eaux usées dans le fleuve: prise de bec entre Ottawa et Coderre

Sewer drains Photo: Getty Images/iStockphoto

Le projet de la Ville de Montréal de déverser ses eaux usées dans le fleuve Saint-Laurent vient de prendre une dimension politique en pleine campagne électorale fédérale. «Le gouvernement canadien, qui est vraiment très crédible en matière de science, qui pense que les Pierrafeu c’est une documentaire, qui essaie de nous faire la leçon, et qui veut gagner des petits points politiques parce qu’ils sont à la croisée des chemins, et bien moi je n’embarque pas là-dedans», a déclaré mardi le maire Denis Coderre.

Il réagissait aux demandes de la ministre canadienne de l’Environnement qui a demandé à la Ville mardi de suspendre son projet de rejet des eaux usées dans le fleuve Saint-Laurent, le temps qu’Environnement Canada étudie le plan de la Ville et que des solutions de rechange soient éventuellement trouvées.

Rappelons que la Ville veut déverser environ 8 milliards de litres d’eaux usées directement dans le fleuve Saint-Laurent dans le cadre des travaux sur l’autoroute Bonaventure qui nécessitent de fermer une partie du réseau d’égout pendant une semaine à partir de la mi-octobre. C’est l’équivalent de 2600 piscines olympiques d’eau non traitée. Si la Ville de Montréal avait obtenu l’autorisation du ministère de l’Environnement du Québec, il lui faut aussi l’autorisation fédérale.

Or, selon Denis Lebel, le ministre conservateur responsable de Montréal, ce déversement irait à l’encontre de l’article 36.3 de la Loi sur les pêches qui précise «qu’il est interdit d’immerger ou de rejeter une substance nocive — ou d’en permettre l’immersion ou le rejet — dans des eaux où vivent des poissons, ou en quelque autre lieu si le risque existe que la substance ou toute autre substance nocive provenant de son immersion ou rejet pénètre dans ces eaux».

«J’ai demandé à Environnement Canada d’explorer différentes options qui permettraient de prévenir ce déversement pendant que nous recueillons plus d’information sur les conséquences environnementales des plans élaborés par la Ville de Montréal. Je demande au maire Coderre d’interrompre l’exécution de ses plans pendant la tenue d’une évaluation en bonne et due forme», a ajouté la ministre fédérale de l’Environnement Leona Aglukkaq.

Le maire Coderre avait déjà annoncé un moratoire sur cette opération la semaine dernière avant de conclure que l’option de la Ville était la seule envisageable et qu’une telle décision avait déjà été prise à deux reprises par le passé en 2003 et 2007.

Un peu plus tôt mardi, la Coalition avenir Québec (CAQ) avait réclamé la démission du ministre de l’Environnement du Québec, David Heurtel, en raison de sa gestion du dossier. Le député caquiste Mathieu Lemay a déclaré que M. Heurtel a manqué à ses responsabilités en n’avançant aucune mesure d’atténuation pour l’opération, qui se déroulera du 18 au 25 octobre alors qu’il est au courant de cette possibilité depuis 18 mois.

«Nous avons fait nos devoirs pendant plusieurs mois avec l’administration Coderre. Il n’y a aucune autre option possible», a déclaré M. Heurtel qui a averti que la période procurant le moins d’impact s’étale entre la mi-octobre et la mi-novembre. La suspension fédérale pourrait donc retarder le projet.

Le parti Projet Montréal a dénoncé dans un communiqué de presse «le manque de transparence de l’administration Coderre, qui a sans doute privé Montréal d’une réelle solution à un problème identifié depuis longtemps». Selon l’élu Sylvain Ouellet, «si le maire Coderre n’avait pas caché à la population et aux villes en aval les conséquences des travaux menés dans le secteur Bonaventure aussi longtemps, nous aurions pu travailler à trouver une solution viable qui aurait pu être utilisée au cours des prochains travaux sur les intercepteurs de la ville».

Pour voir la carte des lieux possibles de déversement c’est ici

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.