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[CurioCité] Quels lieux ont le plus grand potentiel pour la baignade à Montréal?

Cette question a été posée sur le site CurioCité où les citoyens de Montréal peuvent s’adresser directement aux journalistes de Métro et poser leurs questions.

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Dans les années 1960, Montréal comptait une cinquantaine de plages qui ont graduellement disparu.

Il ne reste actuellement que trois plages où on peut se baigner à Montréal, mais elles sont plutôt éloignées du centre-ville. Deux se trouvent dans l’Ouest (au cap Saint-Jacques et à l’île-Bizard) et la dernière est celle du parc Jean-Drapeau. Deux autres sont en préparation. Une à Verdun, derrière l’Auditorium et l’autre à Pointe-aux-Trembles (dans le parc du bout de l’île, au niveau de la 94e avenue). Sans oublier le projet de bain portuaire.

Pour en revenir à la question, on peut aborder la réponse sous différents angles.

Bouton-vert_01La qualité de l’eau. Si l’on se fie au programme QUALO (PDF) qui mesure la qualité de l’eau en berge à l’aide de mesures d’échantillonnage, il y avait en 2014 à Montréal 59 points «baignables» sur les 96 lieux échantillonnés.

Qalo

Fait intéressant, si l’on se fie à l’indice QALO de 2014, la future plage de Verdun aura une qualité de l’eau «parfois mauvaise». Quant à la future plage de Pointe-aux-Trembles, le rapport annuel indique elle a obtenu sa certification QALO «malgré de fréquents, mais légers dépassements du critère 200 COLI» qui mesure la présence de coliformes fécaux et donc la probabilité d’attraper une gastro en se baignant.

Parmi les 59 points baignables, les trois-quarts sont situés dans l’ouest de l’île qui est déjà bien pourvu en plages. Il faut donc chercher ailleurs et c’est là qu’on arrive aux deuxième critère qui devrait guider notre choix du lieu au plus grand potentiel de baignade: celui de la densité de population vivant à proximité.

«En effet, c’est bien beau d’avoir une belle plage, mais si elle est à 40mn de route de chez soi comme celle du Cap-Saint-Jacques, ça perd de son charme», affirme l’élu de Projet Montréal et membre de la commission de l’eau, Sylvain Ouellet.

Bouton-vert_02La densité de population

On est retourné à nos cartes avec en tête un lieu qui respecterait ces deux critères (qualité de l’eau et densité de population). On s’est rendu compte que le canal de Lachine offrait semble-t-il une bonne qualité de l’eau (sauf à l’embouchure).

Grâce au document qui indique la position exacte des 96 lieux d’échantillonnage et à notre ami Google Street View, on est allé voir à quoi ressemblait le secteur délimité par les rues Saint-Patrick et Argenson et on a trouvé la perle rare que voici :

plage idéale
La rive n’est pas escarpée, donc ajouter du sable de plage ne sera pas problématique. La qualité de l’eau est bonne, on est le long d’une piste cyclable, à trois minutes de la station de métro Charlevoix, à 5 minutes du marché Atwater et avec une bonne densité de population. Ce serait l’endroit idéal pour avoir une plage, non?

D’ailleurs, les instigateurs du projet de réaménagement du pôle Atwater imaginé par l’organisme MTL en mouvement, m’a souligné un collègue qui a écrit sur le sujet récemment.

Par contre, le maire de l’arrondissement du Sud-Ouest, Benoît Dorais, est venu doucher mon optimisme. «C’est une proposition intéressante, mais la baignade serait très problématique tant que le bassin de rétention Rockfield ne sera pas construit», dit-il.

Ce bassin doit permettre à terme d’éviter que les égouts ne se déversent dans le canal en cas de forte pluie. «Quand ça arrive [environ 4-5 fois par année], la navigation et les activités de plaisance sont interdites pendant 72 heures», ajoute-t-il. Le hic, c’est que ce bassin de 26M$, qui doit être construit avec des fonds fédéraux (le canal de Lachine est de compétence fédérale et donc sous la supervision de Parcs Canada), est promis depuis 2010 et sa construction est depuis sans cesse repoussée.

Et même quand il sera construit, il faudra décontaminer le fond du canal pour envisager la baignade, car le secteur a très longtemps été l’un des principaux pôles industriels du Canada avec tous les déversements que cela suppose.

Il faut donc chercher ailleurs pour envisager une plage baignable. Selon M. Ouellet, qui a déjà sauté trois années consécutives dans l’eau du Vieux-Port pour réclamer un meilleur accès à l’eau, il faut arriver à penser en dehors de la boite. «Pourquoi ne pas imaginer une plage au parc LaFontaine ou au parc Jarry? Bien sûr, il faudrait installer un système de filtration, comme au parc Jean-Drapeau, mais ce serait tout à fait faisable», dit-il.

La partie sud du parc LaFontaine, proche de la rue Sherbrooke, est davantage délaissée et, en plus, la pente plus faible permettrait sans problème l’ajout de sable. Puis, c’est proche du métro, d’une ligne d’autobus et il y a un grand stationnement et une population qui n’a pas accès à l’eau.

Face à cette idée, le maire du Plateau–Mont-Royal, Luc Ferrandez, a répondu ceci: «Ça n’a jamais été un endroit de baignade. Pour que ça le devienne, il faudrait des investissements de 15 ou 20M$. Il faut refaire le bassin (fonds et côtés) et mettre en place un très puissant système de filtration de l’eau. Il faudrait aussi relever le seuil de l’étang nord pour ne pas qu’il se verse dans l’étang sud», a-t-il indiqué par courriel.

«Un plan directeur est en cours et la baignade n’est pas considérée dans les propositions de la Ville. Par contre, un citoyen peut toujours venir faire une proposition», a-t-il ajouté. Bon, quand est-ce qu’on se lance une page Facebook ainsi qu’une pétition?

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Plage 101 – Les précisons réglementaires

La Ville de Montréal précise que chaque arrondissement a les compétences urbanistiques pour créer une plage sur son territoire. Toutefois la baignade est soumise au contrôle provincial, notamment en ce qui concerne la qualité de l’eau, à travers la Loi sur la qualité de l’environnement.

Quant aux normes de sécurité, elles sont précisées dans Le règlement sur la sécurité dans les bains publics: un document hyper précis qui va jusqu’à indiquer la hauteur de la chaise du sauveteur (2,4m) et même le nombre de pansements adhésifs que doit contenir la trousse de sauvetage (24).

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