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Les taxes des Montréalais font un bond de 1,9%

Photo: Photcal.com

L’avis d’impo­sition des propriétaires résidentiels montréalais augmentera en moyenne de 1,9% en 2016, alors qu’une hausse limitée de 0,9% sera imposée aux commerces.

Le troisième budget de l’administration dirigée par le maire de Montréal Denis Coderre, qui a été dévoilé mercredi, s’élève à 5,06G$, en hausse de 2,4% par rapport à l’année précédente.

Il s’agit d’un exercice budgétaire «de la continuité», a indiqué M. Coderre, en évoquant les mesures qui ont été prises pour contrôler les dépenses, remettre à neuf les infrastructures âgées et réformer l’appareil administratif.

Les Montréalais qui sont propriétaires d’un immeuble résidentiel devront s’acquitter d’une hausse de taxes de 1,8% décidée par la Ville. À cela, il faut ajouter les taxes locales que les arrondissements prélèvent et qui s’élèvent à environ 0,1%.

«Mon administration s’était engagée à ne pas augmenter les charges fiscales au-delà du niveau de l’inflation, a dit le maire Coderre. Nous tenons notre engagement. Nous nous situons en deçà du taux d’inflation qui, selon le Conference Board du Canada, sera de 2,3% pour la région de Montréal en 2016.»

Ce taux d’inflation anticipé sera dépassé dans trois arrondissements, soit le Plateau-Mont-Royal (+ 3,7%), Outremont (+ 3,3%) et Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce (+ 2,5%). C’est que le rôle d’évaluation a aussi un impact sur le compte de taxes, a prévenu M. Coderre.

Quant aux immeubles non résidentiels, la Ville a décidé de restreindre leurs hausses de taxes. «Cette décision, qui nous prive d’un revenu de 18M$ à la Ville, a été prise pour donner un coup de pouce aux entreprises montréalaises», a dit le maire.

Réflexion
Un groupe de travail sera mis sur pied par le maire Coderre pour réfléchir à la fiscalité montréalaise.

  • Celui-ci devra notamment se pencher sur des mesures fiscales à adopter pour les commerces qui se trouvent sur des artères en chantier ou pour rendre les parcs industriels plus attrayants.
  • Le comité pourrait étudier la possibilité de moduler la fiscalité, par exemple pour les commerces de proximité ou certaines industries spécifiques.
  • Les solutions qu’il avancera et qui seront retenues par les autorités municipales seront incluses dans le budget 2017, a dit M. Coderre.

Le budget décortiqué

«La Ville de Montréal n’a jamais été en aussi bonne position sur le plan financier», s’est vanté mercredi le maire Denis Coderre lors de la présentation du troisième budget de son administration. Zoom sur quelques-unes de ces décisions financières.

Hausse de la rémunération, baisse de l’effectif
L’administration montréalaise prévoit consacrer 1,693G$ à la rémunération de ses employés, ce qui représente une augmentation de 55,6M$ par rapport à 2015. Cela s’explique par une hausse des salaires (40,7M$) et par la régularisation du statut d’employés (24,9M$) dont les salaires ne provenaient pas de la bonne enveloppe budgétaire.

En contrepartie, la Ville a réalisé des économies de 10M$ en réduisant ses effectifs. Depuis 2014, l’équivalent de 409,6 postes à temps plein ont été abolis, et pour l’année 2016, une diminution de 214,2 postes est anticipée.

Réduction des coûts des régimes de retraite
Lors du dévoilement de son premier budget, en 2014, le maire Coderre avait qualifié «d’énorme» la part des revenus montréalais qui était consacrée aux régimes de retraite des employés municipaux. Elle était alors évaluée à 597M$, soit 12% du budget. Deux ans plus tard, cette proportion a été ramenée à 7,7%. L’administration du maire Coderre espère réaliser des économies de 103,6M$ en raison des bons rendements financiers et de l’adoption de la Loi 15 sur la santé financière des régimes de retraite à prestations déterminées du secteur municipal. Celle-ci est contestée devant les tribunaux par plusieurs syndicats d’employés municipaux qui la trouvent injuste.

Les policiers devront faire plus avec moins
Le budget accordé au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) sera diminué de 1%, pour atteindre 680,4M$ en 2016. De ce montant, près de 620M$ iront à la rémunération des policiers ainsi que des employés et des cadres qui les épaulent. Les effectifs du SPVM diminueront dans la prochaine année de l’équivalent de 80 postes à temps plein, ce qui générera des économies de près de 5,4M$ à la Ville. Seulement pour le corps policier, environ une cinquantaine de postes seront abolis. La Ville a toutefois prévu une hausse des heures supplémentaires pour près de 6,1M$, notamment pour surveiller les chantiers de construction.

Payer comptant afin de ne pas alourdir la dette
Avec un montant total de 5061G$, le budget 2016 de la Ville de Montréal est en hausse de 120,2M$ (2,4%) par rapport au budget 2015. Cette augmentation est expliquée en partie par l’augmentation de 120M$ des paiements au comptant des immobilisations. Il s’agit de projets qui au départ devaient être payés à crédit et qui ont finalement été payés comptant, pour éviter d’alourdir la dette.

Ainsi, l’ensemble des paiements qui seront payés comptant totalisera 204,6M$ en 2016. Puis, le paiement comptant devrait augmenter de 80M$ chaque année, selon les plans de la Ville.

Une stratégie qui inquiète l’opposition

À la lumière du budget de la Ville présenté mercredi, l’opposition officielle s’inquiète de la stratégie de l’administration, qu’elle estime contraire aux recommandations du rapport de la commission Charbonneau présenté mardi.

Projet Montréal fait remarquer qu’alors qu’on continue de couper des postes d’employés, on augmente les dépenses. «Conséquences? On donne plus d’ouvrage à l’externe, et il s’agit la plupart du temps de fonctions stratégiques comme la conception et la surveillance des travaux», s’inquiète l’élu Guillaume Lavoie.

L’opposition déplore aussi le déséquilibre entre la ville-centre et les arrondissements dans l’exécution du programme de réduction de la main-d’œuvre. «La Ville n’est parvenue à couper que 40 postes dans les services centraux. Les arrondissements ont fait le gros des efforts, avec une coupe de 70 postes», déplore Émilie Thuillier.

L’élue tient également à nuancer l’enthousiasme de la Ville qui s’enorgueillit de payer comptant un total de 204M$ en immobilisation (des projets qui devaient être payés à crédit au départ). «Dans les pires années de Montréal», la Ville avait réussi à payer 137M$ (2012) et 126M$ (2013) comptant, remarque Mme Thuillier, alors qu’après l’arrivée de Denis Coderre à sa tête, la Ville n’a payé que 96 M$ et 100M$ comptant en 2014 et en 2015.

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