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Transport en commun: «On prépare l’avenir», dit Aref Salem

Photo: Josie Desmarais / Métro

L’année 2015, qui a été celle des transports en commun, comme l’a clamé à maintes reprises le maire de Montréal, Denis Coderre, n’a pas permis d’offrir de nouveaux services aux Montréalais. Elle a toutefois permis de jeter les bases de nouvelles façons de faire, d’après le responsable des transports, Aref Salem. «C’est le début d’une ère nouvelle, a affirmé M. Salem en entrevue à Métro. Nous sommes en train de mettre les assises pour ne plus avoir les problématiques que nous avons vécues.»

Le dédoublement des responsabilités et les projets qui se réalisent dans des délais interminables seront bientôt chose du passé, selon M. Salem. Le projet de loi 76, déposé à l’automne, fera en sorte que l’Agence métropolitaine de transport sera remplacée par deux nouvelles entités. Ainsi, l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) sera responsable de la planification et de la tarification tandis que le Réseau des transports métropolitains (RTM) supervisera l’exploitation des trains de banlieue et des bus. Les rôles de chacun seront ainsi mieux définis et les élus seront davantage responsables de leurs décisions, croit le responsable montréalais des transports. «Il y a pour 23G$ de projets à la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), a-t-il souligné. Si on veut que ces projets arrivent à échéance, il faut commencer à les prioriser et trouver du financement. L’AMT va faire cette planification et va la soumettre à la CMM. La décision va revenir aux élus, qui sont responsables devant la population.»

Grâce à la présence majoritaire d’experts au conseil d’administration de l’ARTM, les décisions qui y sont prises ne sont pas de nature politique, croit M. Salem. «On essaie de sortir le transport du domaine politique, où chacun essaie de tirer de son côté», a-t-il dit.

«J’aimerais que tous les Montréalais roulent dans des véhicules électriques. Ça va prendre du temps. Ça ne sera pas seulement en 2016, mais il faut qu’il y ait un début, que les gens soient vraiment conscients que c’est dans les petits gestes qu’on est capable de changer les choses.»

L’entente conclue en janvier 2015 entre le gouvernement du Québec et la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) change aussi la donne en matière de financement des transports en commun. Le gestionnaire de régimes de retraite étudie la possibilité de construire deux systèmes légers sur rail (SLR) au coût de 5G$, l’un qui fera la navette entre Montréal et la Rive-Sud par le nouveau pont Champlain et l’autre qui desservira l’aéroport Montréal-Trudeau et l’ouest de la métropole.

«C’est la première fois qu’on ouvre la porte non pas à la privatisation mais à un exploitant privé prêt à investir dans les équipements de transports en commun à Montréal», a dit M. Salem. Il a précisé que les deux projets de SLR, s’ils sont réalisés par la CDPQ, seront intégrés à l’offre existante, tant pour ce qui est de l’aménagement et de la tarification que de l’intermodalité.

Le maire Coderre a d’ailleurs déjà proposé que la CDPQ prenne aussi en charge le dossier du prolongement de la ligne bleue du métro. Les études à propos de ce projet doivent être remises sous peu au gouvernement du Québec. «Tout sera mis sur la table, a dit M. Salem en évoquant la discussion publique sur les modes souterrain et de surface. Il y aura un débat et on sera là, [mais] le gouvernement a demandé une adhésion de tous les partenaires.»

Si ces changements apportés à la gestion des transports en commun dans la région de Montréal n’ont pas accru l’offre de services pour les usagers en 2015, ils entraîneront rapidement des résultats au cours des prochaines années, croit Aref Salem. «Ce qu’on est en train de semer aujourd’hui, c’est certain que la récolte va se faire sur une dizaine d’années, a-t-il fait savoir. Le transport se planifie sur quelques années. Il y aura certainement des ajustements à venir. On n’est pas dans le statique. On est dans la mobilité.»

Retour sur 2015, l’année des transports en commun

«Si c’était l’année des transports en commun cette année, c’était une année de bonnes décisions. Ça n’a pas été nécessairement une année de concrétisation parce que ça prend du temps avant que ces investissements se concrétisent. Il faut éviter un autre train de l’Est ou un autre SRB Pie-IX.»
– Michel Leblanc, président de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, qui souhaite maintenant que les projets touchant les transports en commun sont réalisés en continu et non plus par bourrées.

«En 2014, rien n’a été fait. Il y a même eu des coupes de services. L’horizon semble plus clair en 2015. Les morceaux ont commencé à se mettre en place pour qu’en 2016, et sûrement en 2017, on puisse avoir plus services.»
– François Pepin, président de Transport 2000, qui enjoint au maire Coderre d’obtenir plus de financement pour les transports collectifs.

«Est-ce qu’il y a eu du financement supplémentaire? Non. Est-ce qu’il y a eu des projets qui ont vu le jour? Non. Est-ce qu’il y a des projets concrets qui ont été annoncés? Oui, le SRB Pie-IX, mais il sera réalisé plus tard et dans un mode qui ne sera pas électrique. C’est une année où on a joué dans la gouvernance mais où il n’y a pas eu plus de services.»
– Félix Gravel, responsable des campagnes transports, GES et aménagement du territoire

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